Le balèt est une danse du couple accompagnée par une musique instrumentale (duo d’accordéon chromatique et clarinette) désignée par le même nom.

Le balèt est une danse du couple accompagnée par une musique instrumentale (duo d’accordéon chromatique et clarinette) désignée par le même nom. Le balèt est alterné avec la courente dans les bals mais est considéré comme plus difficile et fatigant tant pour les danseurs que pour les musiciens. Moins attrayant aussi pour sa relative staticité par rapport à la courente, le balèt est moins pratiqué que la courente dans une proportion de 1 pour 10 ou 15. En fait, cette danse ne comporte pas de phase de "progression". Le couple demeure toujours au même endroit dans la piste. Le balèt alterne deux phases correspondant aux figures de « face-à-face » et de "rotation". À chaque figure correspond un motif musical précis1.

Le "face-à-face" : "se tenant par les mains, bras tendus mais bas, ils exécutent simultanément un pas qui est une succession rapide et alternée
d'appuis sur la jambe gauche puis droite"2. La description de D’Hulster fait référence à la val Vermegnana, à Tende les danseurs ne se tiennent pas par les mains mais tiennent parfois les bras croisés derrière le dos3.

La "rotation" : "La phase précédemment décrite se termine sur une prise d'élan qui va lancer le couple dans un mouvement de rotation. Les partenaires se situent côte à côte tout en regardant dans une direction opposée. Chacun pose une main sur la hanche de son partenaire tandis que l'autre main maintient le coude du bras de son complice pareillement occupé.
La rotation du couple se fait autour d'un axe vertical virtuel séparant l'homme et la femme. Un pas d'élan est pris sur le dernier temps de la carrure musicale
précédente avec la jambe extérieure au sens de la rotation. Celle-ci s'effectue sur l'appui de la jambe intérieure des deux danseurs, dont les pieds, en sens opposés, sont joints au plus près. Durant la rotation à proprement parler (le pied d'appui sur lequel on tourne est soit posé à plat, soit sur la pointe, soit encore sur le talon selon les danseurs et la vitesse à laquelle ils entendent virer) l'autre jambe est fléchie de manière à lever le talon vers l'arrière. On observe également une très légère flexion de la jambe d'appui. Lorsqu'une rotation a été effectuée sur un temps musical (noire pointée) la jambe extérieure prend à son tour appui pour permettre au pied intérieur de tourner sur lui-même et recommencer le mouvement alterné. Quoi qu'il en soit, le pied intérieur est toujours posé sur le temps fort."4

1 D'HULSTER Frédéric, 1992. Le Curent’e Balet du Val Vermenagna, mémoire de maîtrise de musicologie. Sous la direction de Michel Derlange, université de Nice - faculté des lettres et sciences humaines.

2 D'HULSTER, 1992 : 96

3 ISNART Cyril, communication personnelle

4 D'HULSTER, 1992 : 97

Plusieurs générations de jeunes de Tende ont appris à danser avec le groupe folklorique du comité des fêtes du Vieux-Tende qui existe depuis 1966. Le comité des fêtes du Vieux-Tende a comme but de pratiquer et transmettre les danses traditionnelles. Alors qu’en Italie plusieurs groupes folkloriques sont centrés sur la pratique des courente et balèt, le groupe de Tende est le seul voué à ces danses en France. Les anciens membres du groupe apprennent aux plus jeunes. Les enfants sont encouragés à danser courente et balèt par les familles et ils peuvent apprendre les pas de ces danses dès l’école maternelle ou primaire. Les institutrices habillent les enfants avec les costumes traditionnels et leur apprennent les bases de ces danses. Les membres des groupes folkloriques sont également sollicités pour intervenir
dans des formations dans les écoles. Même s’il n’y a pas de contextes spécifiques pour l’apprentissage, les membres plus anciens du groupe s’investissent dans l’enseignement aux plus jeunes dans plusieurs occasions, à la fois les fêtes du village et dans la vallée ou lors des cours organisés dans les salles de la mairie.

Milieu d'apprentissage : Familier et villageois.

Description de la transmission :
La transmission se fait par la pratique à l’occasion des fêtes organisées par plusieurs associations (comité des fêtes, comité du Vieux-Tende, confréries de pénitents ou de métier, groupe folklorique). Les typologies de ces rencontres sont très variées : spectacles, fêtes confrériques, de classe d’âge, corporatives, etc. Les danseurs plus chevronnés (entre 65 et 75 ans) sont renommés et considérés comme les porteurs d’un style particulier opposé au style plus improvisé des danseurs plus jeunes5. La transmission de ces pratiques est encouragée par le comité des fêtes du Vieux-Tende qui a pour but de pratiquer et transmettre les danses traditionnelles. Alors qu’en Italie plusieurs groupes folkloriques sont centrés sur la pratique des courente et balèt, le groupe de Tende est le seul voué à ces danses en France.


Lieu de transmission :
Espaces publics.

5 ISNART Cyril, 2009. Le chant des origines. Musique et frontière dans les Alpes, Ethnologie française, 3 : 483-493.

Le terme balèt est associé à l’italien "baletto" qui désigne un genre musical très précis, défini à la fin du XVIe et qui s’est diffusé très vite en Italie d'abord puis en Europe. Éxécuté par des voix sous formes strophiques ou par des instruments, comme dans le cas du balèt, le balletto était une chanson à danser, avec une mesure binaire et une structure en deux parties répétées, AA BB6.

6 D'HULSTER Frédéric, 1992. Le Curent’e Balet du Val Vermenagna, mémoire de maîtrise de musicologie. Sous la direction de Michel Derlange, université de Nice - faculté des lettres et sciences humaines.

Si courente e balèt sont aujourd’hui considérées comme les danses typiques des fêtes de Tende, elles ont en effet été intégrées récemment (depuis une trentaine d’années) dans les pratiques festives tendasques. Comme les chants, elles proviennent de l’autre côté du col de Tende. Selon les enquêtes plus récentes, ces pratiques chorégraphiques auraient été importées dans l’apparat festif tendasque par la migration de proximité des premières générations de Piémontais de Vernante ou de Limone à Tende7.
Comme c’est le cas pour d’autres expressions culturelles de cette région, les danses incarnent l’expression d’une culture transfrontalière.

7 ISNART, Cyril, 2009. Le chant des origines. Musique et frontière dans les Alpes, Ethnologie française, 3 : 483-493.

La participation des Piémontais aux fêtes de Tende et des Tendasques aux fêtes des villages voisins en Italie est un élément important de l’actualisation de cette pratique. Les danses et les chants piémontais (de Vernante ou de Limone) sont valorisés comme un modèle car ils sont considérés comme
étant mieux conservés. Le discours savant présente d’ailleurs le Piémont comme un réservoir d’authenticité: "dans quelques vallées du Piémont, pauvres, isolées et peu pénétrées où l’on parle le provençal alpin, s’est conservé dans les fêtes patronales un véritable trésor d’antiques rituels de fertilité."8.

Courente et balèt s’actualisent alors comme pratiques transfrontalières, produit des échanges et des réseaux généalogiques transfrontaliers issus des micro-mouvements migratoires du début du XXe siècle9.

MOURGUES, Marcelle, 1985. La danse provençale. Ses origines ses symboles, Éditions Marcel Petit CPM, Raphèle-Lès-Arles : 157

9 ISNART, Cyril, 2009. Le chant des origines. Musique et frontière dans les Alpes, Ethnologie française, 3 : 483-493.

- D'HULSTER Frédéric, 1992. Le Curent’e Balet du Val Vermenagna, mémoire de maîtrise de musicologie. Sous la direction de Michel Derlange, université de Nice - faculté des lettres et sciences humaines.

- ISNART Cyril, 2009. Le chant des origines. Musique et frontière dans les Alpes, Ethnologie française, 3 : 483-493.

- ISNART Cyril. Chanter malgré la frontière. Apprentissage, affect et localité dans les pratiques vocales du col de Tende, Contribution pour le bilan de l’enquête collective "Histoire orale de la Roya et histoire orale de la frontière" (Maison des sciences de l’homme de Nice, 2006-2008), non publié à ce jour.

- MOURGUES Marcelle, 1985. La danse provençale. Ses origines ses symboles, Éditions Marcel Petit CPM, Raphèle-Lès-Arles.

- PERON Sylvio 2007, Courente e balèt. Il semitoun in val Vermenagna, Ecomuseo della segale, SIAE CD 014-1 et 014-2.

- Vievola. Choeurs et danses du col de Tende, 16 mm, noir et blanc, 31 mn. Réalisé par J. D Lajoux et B. Lortat-Jacob, CNRS Audiovisuel, 1974.

Personne(s) rencontrée(s)

Umberto Landra
Paul Lanteri
Marie et Jean-Pierre Operto

Localisation (région, département, municipalité)

Provence-Alpes-Côte d'Azur, Alpes-Maritimes, Tende.

Indexation : 1485 (danse), 1462 (danse traditionnelle) 1475 (type de danse sociale et populaire)

Dates et lieu(x) de l’enquête : 4, 5 et 6 juillet 2009
Date de la fiche d’inventaire : 30 juillet 2009
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Cyril Isnart et Chiara Bortolotto
Nom du rédacteur de la fiche : Chiara Bortolotto


Supports audio
Entretien Mme et M. Operto 1' 13''
Entretien avec Paul Lanteri, Stefano Bertaina et Sergio Vallauri 2' 7''

Supports vidéo
Balèt 2' 11''

Commentaires
La fiche a été soumise à Paul Lanteri. La première version de la fiche a été commentée et corrigée par téléphone.

N° d'inventaire Ministère Culture : 2009_67717_INV_PCI_FRANCE_00047
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2w5

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Balet

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