On parle de fourrure lorsque l’ouvrage est terminé et sort des mains de l’ouvrier fourreur.

Georges Boutis est fourreur. On parle de fourrure lorsque l’ouvrage est terminé et sort des mains de l’ouvrier fourreur. Mais on parle de pelleteries en ce qui concerne les peaux brutes ou apprêtées et non travaillées. Celles-ci sont achetées par des pelletiers ou des entreprises de confection. Elles sont ensuite confiées à l’apprêteur qui prépare ces peaux à l’usage. Une fois ces peaux apprêtées, le fourreur fabrique, transforme ou répare les pièces en fourrure le plus souvent uniques. Les techniques n’ont pas évolué. Chaque peaux se travaille différemment et nécessite plusieurs opérations :

- le dressage
La peau est mouillée puis tendue afin d’évaluer ce qu’elle va donner au maximum de sa surface. Il est dès lors possible de savoir combien de peaux seront nécessaires pour la constitution du vêtement. La peau est ensuite laissée à sécher.

- la réparation (si cela est nécessaire) consiste à faire disparaître les parties abîmées du côté du poil.

- l’assortiment
Le fourreur classe les peaux à travailler afin de les positionner selon le modèle souhaité pour assurer l’homogénéité du produit (les belles peaux seront placées de sortes à se voir contrairement aux moins belles peaux placées sous les bras par exemple).

- le clouage
La peau est mouillée afin de l’assouplir. Puis elle est tendue davantage que lors du dressage avec l’aide de clous ou d’agrafes plantés sur ses contours. Une fois séchée elle est légèrement rigide. Ainsi le fourreur lui donne une forme en fonction du modèle souhaité.

- la coupe et la couture
Elles modifient les formes de la peau de sorte à ce que les dimensions correspondent au modèle souhaité. Il s’agit de rendre le moins visibles sur le poil les jonctions des peaux ou des morceaux. Deux opérations sont alors nécessaires :

1) le travail en pleine peau : les peaux sont cousues bord à bord et bout à bout pour former la surface du vêtement. Les coutures sont droites ou différentes formes (ce qui nécessite de découper les bords à joindre en reproduisant un gabarit).

2) l’allonge (la fourrure de vison par exemple est travaillée dans la plupart des cas en allonge). Il s’agit d’une part de couper la peau en lamelles de 5 mm à 1 cm de largeur en forme de V dont la pointe est au milieu de la peau. Puis l’ensemble des V sont décalés les uns par rapport aux autres d'une distance qui peut varier. Ensuite l'intérieur de la pointe du V est recousue sur elle-même ce qui a pour effet de faire glisser chaque V le long des branches du V suivant permettant ainsi de transformer la forme de la peau en bandes.

Georges Boutis exerce son métier depuis plus de 30 années. Il maîtrise l’ensemble de ces opérations. Selon lui les techniques ont peu évolué avec le temps. C’est dans la coupe des peaux que réside son art. Une coupe ne doit pas être inutile afin qu’elle ne soit pas visible lors de la couture. Il raisonne continuellement dans son travail pour savoir à quel moment couper la peau afin d’atteindre le résultat souhaité.

La fourrure est une matière première animale constituée de cuirs et de poils. C’est "la dépouille d’un animal préparée au moyen d’un apprêt ou de tout autre procédé destiné à en assurer la conservation tout en préservant les poils y attenant1".

- Le cuir de la peau est formé de fibres blanches collagéniques entrelacées de fibres jaunes et élastiques, composé de l’épiderme et du derme (il reste souple à l’état apprêté).

- Le poil est formé de la racine et de la tige. Il est caractérisé par sa taille, son diamètre et la répartition de la pigmentation. On trouve deux catégories de poils dans le pelage avec d’une part les poils solides de garde (dites jarres) qui combattent l’humidité et d’autre part les poils fins (ou duvets) qui protègent l’animal du froid.

La France et les professions de la fourrure ont signé et ont participé financièrement à l’application de la Convention de Washington qui règlemente le commerce des espèces animales menacées. Ce sont les États-Unis, les pays scandinaves, l’Europe, la Chine et la France qui sont les pays producteurs des peaux d’élevage. Actuellement 80% environ des fourrures utilisées dans le monde proviennent de fermes d’élevages souvent réunies en coopératives ; le reste des peaux provient surtout de la trappe. Georges Boutis utilise des d’extinction. Plus d’une vingtaine de peaux sont parfois nécessaires pour fabriquer un modèle. Elles sont élevées pour la fourrure, la cosmétique et la nutrition animale. Il peut s’agir de lapins, visons, renards, castors, veaux, moutons, etc. Ces cuirs proviennent des élevages de la Scandinavie, de la Russie et des États-Unis. Il travaille également avec des éleveurs français (label OPERA).

1 Extrait de l’article 1 du décret n°61-45-1961

Un fourreur n’a pas besoin de beaucoup de gros matériels pour exercer son métier. Georges Boutis possède les outils de couture qui appartenaient à son père et qui datent du début du siècle. Il raconte que ce métier était à l’origine exercé par des personnes persécutées qui devaient du jour au lendemain quittait au plus vite le village en prenant dans leur poche le matériel adéquat. Ils partaient ainsi avec un petit matériel tel que les couteaux à fourrure, les ciseaux, les pinces et les aiguilles.

Il garde précieusement en souvenir la surjeteuse qui est une machine à coudre qui appartenait à son père et qui date du début du siècle. Il en a racheté une deuxième depuis quelques années.

Les produits fabriqués par le fourreur peuvent être divers. Ils concernent principalement deux secteurs2 :

- l’habillement: depuis la petite garniture jusqu’au long et ample manteau de cérémonie en passant par les gants, semelles, intérieurs de vêtements, pelisses réversibles.

- l’ameublement: depuis la petite pièce décorative jusqu’au grand tapis ou tenture murale en passant par les coussins, couvertures, jetés, descentes de lit.

Georges Boutis intervient dans l’habillement. Il conçoit des pièces uniques qui peuvent durer toute une vie. Il est à la fois modéliste et fabricant. Les fourrures sont transformées en manteaux, manchettes, cols, chapeaux et mitaines, qui offrent la seule protection contre des températures glaciales. Son activité est saisonnière (fermeture au mois de juillet/août) ce qui lui laisse le temps de renouveler sa collection. Par ailleurs il complète son activité de créateur par des retouches et des transformations : ce sont les travaux d’entretiens (gardes, réparations, nettoyages, etc.). Que faire d’un vieux manteau de fourrure apporté par une cliente qui souhaite le transformer en cape, en sac à main ou en blouson ? Elle choisit le modèle souhaité. Il prend les mesures nécessaires en fonction de la morphologie du corps. Il défait le manteau pour le mettre en pièce par démontage des peaux. C’est ainsi qu’il réalise de nouveaux modèles de peaux montés ensuite par assemblage et couture. Lorsqu’il répare les trous par exemple, il fouille dans son stock pour retrouver la peau originelle du manteau. Ou alors il prélève un morceau de la peau du vieux manteau par greffage des trous tout comme en chirurgie pour la transposer ailleurs.
La fourrure est un article de mode qui fait aujourd’hui appel à des techniques novatrices telles que le tricot, le tissage, les fioritures et le rainurage. Suite aux attaques de la politique anti-fourrure Georges Boutis élargit son activité aux cuirs, aux tissus et à la broderie afin de se maintenir sur le marché. Beaucoup de clients réparent leurs vestes en cuirs. Ils sont ensuite attirés par les articles en fourrure mis en avant dans la boutique. Alors ils regardent, touchent et écoutent les explications de Georges Boutis sur le métier. Aujourd’hui il étend son activité dans la fabrication de la petite fourrure afin d’attirer les jeunes (sacs à main, pochettes, écharpes, etc.). Selon lui les plus belles fourrures ne sont pas forcément les plus chères, mais leur prix demeure la meilleure indication. Son épouse s’est également formée à la broderie Lunéville (notamment chez les établissements Lesage) et va se former prochainement dans le travail des tissus pour les associer à la fourrure.

2 Fiche SEMA "Fourreur", janvier 2006, Centre de ressources SEMA, ISNN 1763-6392

L’atelier Boutis existe depuis 1905 à Périgueux. Georges Boutis possède d’ailleurs une photographie de cet ancien atelier appartenant à ses grands-parents et dont la façade a aujourd’hui changé. Cette photographie lui a été transmise un jour par hasard par un périgourdin intrigué par cet endroit.

Le métier de fourreur est devenu rare parce qu’il n’existe pas de formations appropriées. Il est difficile de trouver des apprentis qui y soient intéressés. La transmission ne peut se faire que de père en fils, souvent sans l’avantage d’un document écrit. Dans le temps Georges Boutis raconte que le métier de la fourrure était scindé en plusieurs professions indépendantes qui nécessitaient de nombreuses années avant de les maîtriser. Une ou plusieurs personnes spécialisées dans des opérations donnant lieu à des emplois qualifiés, peuvent participer à la réalisation d’un objet neuf, transformé ou réparé3 :

- le créateur : conception intellectuelle du projet, modifications éventuelles des peaux par rasage, teinture, impression, forme à leur donner, innovations techniques ;

- le modéliste, essayeur, patronnier ;

- le coupeur : réparation, dressage, assortiment, mise en forme des peaux par coupes à l’aide du "couteau" pour l’«allonge» ou pour le «travail à plat» ;

- le mécanicien : couture des peaux à la machine surjeteuse;

- le cloueur : mouillage du cuir, agrafage à la forme du patron reproduite sur une planche des différents morceaux composant la future pièce (dos, devants, manches), déclouage après séchage, égalisage (suppression des petites parties dépassant du contour du patron) ;

- le finisseur : fixation de divers matériaux indéformables sur le côté cuir. Assemblage des différentes pièces de l’objet ;

- le doubleur ;

- le sous-traitant gardien et nettoyeur : conserve en été les fourrures confiées par les fourreurs et assure leur nettoyage toute l’année.

Il constate que les formations disponibles ne sont pas appropriées parce qu’elles sont courtes et théoriques. On y apprend tous les emplois qualifiés confondus ce qui est impossible en quelques années. Le fourreur doit acquérir le sens de l’esthétique et le goût de la finition. Il doit connaître toutes les peaux, leurs caractéristiques et les différentes techniques qui permettent de les travailler. Dix années de pratique sont nécessaires pour maîtriser les gestes de ce métier qui se perfectionnent de jour en jour par la pratique et l’échange des astuces. Par ailleurs le caractère saisonnier de ce métier ne facilite pas l’embauche d’un salarié. Il évoque aussi le problème de la dévalorisation des métiers manuels par la société actuelle. Pourtant ces métiers permettent de vivre passionnément. Ils sont perçus comme élitistes et devraient selon lui s’ouvrir au plus grand nombre.

3 Fiche SEMA "Fourreur", janvier 2006, Centre de ressources SEMA, ISNN 1763-6392

D'après "Informations sur la fourrure", Fédération Française des Métiers de la Fourrure (dossier mai 2001).

Pour survivre, l’homme des cavernes doit se nourrir et se vêtir. C’est grâce aux animaux à fourrure que les premiers hommes ont réussi à vivre en les chassant pour assouvir leurs besoins.

"L'Éternel fit à Adam et à Eve des habits de peau, et il les en revêtit." Genèse 3 verset 21.

Dans presque toutes les civilisations, depuis les temps les plus reculés, la fourrure avait une valeur en tant qu’ornement et décoration. Des peintures rupestres de l’époque néolithique et de l’âge de bronze nous montrent des danseuses vêtues de jupes en fourrure. Les chinois lui attribuaient déjà beaucoup de prix, il y a trois mille cinq cents ans de cela. Adoptée par l’Antiquité, la fourrure est connue des Égyptiens, puis des Grecs. Au Moyen-âge la fourrure reste une nécessité mais est aussi un luxe et comme tel interdite par l’église aux moines et aux ecclésiastiques, sauf pour ceux du plus haut rang. En ce qui concerne les laïcs, son usage fut soigneusement réglementé par de fréquentes et sévères lois somptuaires qui ne furent pas toujours efficaces. Seules les personnes de sang royal sont autorisées à en porter certaines. La fourrure devient le symbole du rang social de celui qui la porte, comme par exemple l’hermine pour le juge. Dès cette époque le commerce de la fourrure est règlementé, il appartient aux grandes corporations, il est l’objet d’un important commerce qui entraîne parfois les marchands dans de bien périlleux voyages. Comme il existait une route de la soie, plusieurs routes de la fourrure ont pu être recensées dépendants des habitats des espèces commercialisés. Ainsi les pelleteries pouvaient provenir des points les plus reculés d’Asie. C’est avec la découverte du Nouveau Monde que commence réellement l’époque moderne du commerce de la fourrure. Il faut aller de plus en plus loin à la découverte de nouvelles sources de fourrures. Elle motive l’exploration et le développement de régions jusqu’alors peuplées seulement d’indiens. La Compagnie de la Baie d’Hudson fait son apparition à la seconde moitié du XVIIe siècle et le marché de la fourrure ne cesse d’augmenter au XVIII et au XIXe siècle. La Révolution industrielle va faire le reste et crée à son tour de nouveaux désirs en créant de nouvelles richesses, la fourrure qui n’était auparavant qu’un luxe redevient véritablement un objet de mode comme elle l’avait été précédemment.
La fourrure qui, jusqu’ici était autant portée par les hommes et les femmes, devient spécifique à la garde robe féminine. De nouvelles techniques de travail se développent et avec elles, les techniques de modélisme et de coupe. Le vêtement de fourrure n’est plus seulement le résultat de la couture de peaux les unes avec les autres, il devient un objet de goût et de mode.

Georges Boutis est issu d’une famille grecque dont les arrières grands-parents paternels et maternels étaient eux-mêmes fourreurs et passionnés par le métier. Son grand-père maternel était le fourreur officiel de la Cour Royale de Grèce ; il avait des boutiques partout en Europe. La transmission se faisait de père en fils. Georges Boutis est en quelque sorte né dans la fourrure puisqu’il a repris l’activité que ses parents avaient eux-mêmes repris à l’époque. Il aime préparer le vêtement, toucher et choisir les peaux qui conviennent le mieux. Aujourd’hui il travaille avec son épouse. Leur fils ne souhaite pas continuer le métier malgré un BEP Fourrure et un apprentissage en atelier.

- Site internet

- Boutique

- Réseau de professionnels

- Défilés de mode

Georges Boutis a participé à un grand nombre de défilés de mode à Périgueux lors des manifestations artisanales réalisées notamment par le Syndicat des Métiers de la Fourrure. Ces défilés de mode étaient l’occasion de montrer son savoir-faire et sa technicité. C’est un exercice de style. Il a par exemple réalisé une "veste-livre" en collaboration avec l’atelier de reliure-dorure Legrand à Périgueux. Il fallait travailler sur une thématique qui consistait à rendre complémentaire des métiers différents.

Défense et promotion de la fourrure
La Chambre syndicale de la fourrure (CSF) fait partie de la Fédération nationale de la fourrure (FNF) qui assure la défense et la promotion de la fourrure.

- Chambre syndicale de la fourrure (CSF)
76, avenue Raymond Poincaré, 75116 Paris.
Tél. : 01 55 73 17 73. Fax : 01 47 27 65 66

- Fédération nationale de la fourrure (FNF)
30, rue Bergère, 75009 Paris.
Tél. : 01 47 70 90 43. Fax : 01 47 70 90 44
FNF2@wanadoo.fr

- Le Syndicat des métiers de la fourrure (SMF)
Il assure la défense et la promotion de la fourrure.
10, rue du Paradis, 75010 Paris.
Tél. : 01 42 46 95 29

- La Fédération française des métiers de la fourrure (FFMF) joue un rôle actif, depuis 1989, dans la protection des animaux et la conservation des espèces. Elle est membre du comité CICCMA (Comité interministériel de concertation CITES métiers d’art), au MATE (Ministère de l’aménagement du territoire). Suite aux travaux de la fédération, une résolution a été adoptée en 2000 sur l’étude du financement de la conservation des espèces menacées. Elle est située au 10, rue de Paradis, 75010 Paris. Tél. : 01 47 70 40 22. Fax : 01 42 46 95 29. info@ffmfourrure.org. Site internet

Georges Boutis est Maître-Artisan fourreur depuis plusieurs années. Il est inscrit sur l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel du Ministère de la Culture.

- Centre de ressources de l’Institut National des Métiers d’Art (INMA)
23, avenue Daumesnil – 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85. info@eurosema.com

Ouvrages

- FEYTE Paul ; BASUVAU Paulette ; SAVARY Jacqueline. Technique de la Fourrure, édité par la Fédération Nationale de la Fourrure.

Articles

"La fourrure, une douceur polémique", Magazine Métiers d’Art, n°214, mars-avril 2004.

Dossiers

- "Informations sur la fourrure", Fédération Française des Métiers de la Fourrure (dossier mai 2001).

Presse

"La Voix de la fourrure", Bimestriel, 10, rue de Paradis, 75010 Paris.
Tél. : 01 47 70 40 22. Fax : 01 42 46 95 29.
info@ffmfourrure.org 
Ce bulletin est édité par la Fédération française des métiers de la fourrure. Il favorise la communication de l’information et la diffusion de l’actualité du métier auprès des professionnels et acteurs du secteur. Rubriques: salons et manifestations, formations, entreprises, petites annonces, actualités internationales, actions des institutionnels.

Sites internet

- Site de la Fédération française des métiers de la fourrure. Rubriques : écologie, fourrure et enseignement, élevage et pièges.

Site de l’Institut de la fourrure du Canada (IFC). Rubriques : actualité du secteur, recherche et développement des pièges, ressources électroniques, communiqués de presse, liens.

Site de la Coopérative des éleveurs d’orylag (CEO). Bien au-delà de la fourrure, l’orylag ouvre tous les horizons. Du vêtement à l’accessoire, cette fourrure se conjugue avec les matières les plus nobles : soie, cachemire.

- Site des Fourrures du Vieux-Port. Rubriques : lexique sur la terminologie, présentation des différents types de fourrures, liens.

Dans le domaine de la fourrure5, les entreprises sont, le plus souvent, de petites structures composées de deux ou trois personnes. Elles sont peu nombreuses et présentent un caractère artisanal. Environ la moitié des effectifs est regroupée en Ile-de-France. En 1998, il ne subsiste que 428 entreprises artisanales dans le domaine de la fourrure, soit un quart seulement des entreprises dénombrées au début des années 1970. Actuellement, ce chiffre diminue de façon régulière de 7 % par an. En 2001, seulement 337 entreprises sont inscrites au répertoire des métiers, dans le domaine des industries des fourrures. Selon l’INSEE, la fourrure représente en 2001 : 322 entreprises et 704 salariés. Ces statistiques ne prennent en compte que les entreprises référencées dans la catégorie fourrure de l’INSEE. De nombreux créateurs, diffuseurs de grandes marques ou de prêt-à-porter textile travaillent la fourrure sans pour autant être référencés dans cette catégorie. En 1998, le chiffre d’affaires de la filière était de 1,2 milliard de francs. Le vison, grâce aux élevages, représentait 60 à 70 % du chiffre d’affaires global.

Le métier de fourreur est en déclin aujourd’hui en France. La fourrure divise toujours les pour et les contre. Georges Boutis est l’un des derniers fourreurs en Lot et Garonne, en Dordogne et dans les Landes. Ce déclin est lié à plusieurs facteurs préjudiciables. La société a évolué progressivement à partir des années soixante-dix qui étaient considérées encore comme des années glorieuses pour ce secteur. Les hivers sont devenus moins froids et moins propices au port des vêtements de fourrure. On assiste également à une émergence des associations de lutte anti-fourrure qui sensibilise le grand public à la protection des animaux. La stratégie mondiale de la fourrure est alors entravée dans son développement par les actions de la Human Society (H.S United States), par les producteurs de fourrures synthétiques et les campagnes de presse. Face à cette montée en puissance, les fourreurs ont commencé à se mobiliser pour dénoncer une médiatisation qu’ils ont jugée fausse. Les animaux n’étaient pas décimés et les fourreurs ne contribuaient pas à la disparition des espèces protégées. Georges Boutis est conscient qu’il peut exister des groupes invisibles qui tirent de grands profits des ressources d’animaux à fourrures sauvages. Il est contre la torture et la maltraitance des animaux. Le commerce de la fourrure est un bon moyen pour les gens de zone rurales de gagner leur vie dans un monde où l’homme mange de la viande et où il
s’habille de vêtements et accessoires en cuir. Il est parfois la cible d’injures et certains détracteurs ont d’ailleurs tenté de mettre le feu à sa boutique. Il considère que la plupart de ces détracteurs sont financés par des entreprises spécialisées dans la fabrication d’imitation fourrure faisaient du même coup la promotion de leurs sponsors. Il ne comprend pas pourquoi le travail du cuir ne fait pas autant débat que celui de la fourrure. Selon lui les médias sont plus sensibles aux sujets concernant les animaux qu’à la misère humaine là où elle existe. Les films pris sur la maltraitance des animaux avec des caméras cachés le laissent sceptique sur le fait que cela aurait été commandité (pour de l’argent certains individus seraient prêts à n’importe quoi). Il estime que son travail répond à une déontologie nécessaire dans l’exercice de son métier :

- les élevages
Les animaux proviennent de fermes d’élevages: 80% des peaux en sont issues et les 20% restant proviennent d’espèces sauvages, dites abondantes, dont la capture est autorisée6. La filière de la fourrure est la seule à financer les recherches pour un piégeage sans cruauté au bénéfice de tous les animaux capturés. La Fédération internationale de la fourrure soutient la recherche scientifique et finance les actions relatives à la protection et la consommation de la faune (amélioration des procédés de captures). Le travail d’élevage nécessite un dévouement total. L’éleveur est tenu de respecter son élevage ; dans le cas contraire, il ne pourra plus vendre ses peaux. Il faut prendre soin des animaux, les nourrir et leur donner à boire tous les jours afin de réunir toutes les conditions optimales. Un régime soigneusement équilibré est procuré afin d'assurer leur bonne santé et leur croissance. Les éleveurs se conforment à un code de pratique rigoureux pour prendre soin de leurs animaux. Ils le suivent de la naissance jusqu’à l’abattage. Le vison, le renard et le chinchilla nécessitent un traitement des plus soignés pour bien se développer. Si les conditions ne sont pas adéquates, la qualité de la fourrure sera la première à en souffrir et les éleveurs ne réussiront pas à les vendre. Un animal maltraité n’a jamais un beau poil ; la qualité du poil est la marque de la qualité de vie de l’animal. Un vison n’est pas confiné dans sa cage ; en cas de morsure, la peau ne sera pas de bonne qualité. Il est transporté dans un camion capitonné afin d’éviter la moindre cicatrice sur la peau. Il n’est pas en contact avec les fils barbelés et ne se frotte pas contre les arbres. Pour le sacrifice de ces visons, le monoxyde de carbone est utilisé. Ce gaz est inodore, il endort et insensibilise. Il est donc dans l’intérêt de l’éleveur de respecter son animal sauvage et sensible au bruit et au stress. Il veille à sa tranquillité. Un mauvais logement ou une mauvaise alimentation peut le pousser à mordre son poil et à tuer ses petits.

- le développement durable
Les éleveurs d’animaux à fourrure ou les consommateurs jouent un rôle actif dans la conservation des ressources naturelles en matière de développement durable. De nombreux animaux à fourrure sont plus abondants aujourd’hui que jamais grâce à une bonne gestion de la faune. Un renouvellement est sans cesse opéré afin d’éviter la disparition des espèces. Un animal utile à l’homme ne disparaît pas. L'élevage du vison (à l’origine brun foncé) a permis de contrôler les naissances et ainsi de favoriser les mutations génétiques entraînant l'apparition de nouvelles couleurs (noir, blanc, gris, etc.). La fourrure est un produit biodégradable et renouvelable. Selon lui les défenseurs de l’imitation fourrure contribuent à la pollution de la planète puisque la fausse fourrure est faite de dérivés pétroliers non renouvelables et polluants nocives pour les animaux.

Un métier qui a un passé peut aussi avoir un avenir. D’autant plus que l’image portée par la mode et particulièrement la Haute Couture depuis quelques années permet aujourd’hui de donner à ces métiers un regain d’intérêt ce qui profite à l’activité. Toutefois ce retour de la fourrure ne lui suffit pas pour insuffler le dynamisme pourtant nécessaire à sa survie. Les campagnes de la politique anti-fourrure ont marqué médiatiquement l’esprit du public et il est difficile de retourner en arrière. Pour la sauvegarde de ce métier il est urgent d’intervenir auprès des jeunes pour les sensibiliser afin de leur donner l’envie de l’exercer dans le respect voulu par la profession.

5 Fiche SEMA "Fourreur", janvier 2006, Centre de ressources SEMA, ISNN 1763-6392

6 "Informations sur la fourrure", Fédération Française des Métiers de la Fourrure (dossier mai 2001)

Personne(s) rencontrée(s)

- Georges Boutis, fourreur

Localisation (région, département, municipalité)

Aquitaine, Dordogne, Périgueux

Adresse : 7, rue des chaînes
Ville : Périgueux
Code postal : 24000

Téléphone : 06 09 70 49 35
Adresse de courriel : georges.boutis@wanadoo.fr
Site Web

Dates et lieu(x) de l’enquête : 28 avril 2010, Périgueux
Date de la fiche d’inventaire : 10 mai 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Lamia Gabriel
Nom du rédacteur de la fiche : Lamia Gabriel
Nom du photographe : Georges Boutis

N° d'inventaire Ministère Culture :  2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00128
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2zg

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fourreur

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