Savoir-faire Vannier en Bretagne. En Bretagne, la vannerie en lames de châtaignier est devenue rare, et les modèles dont il est question sont des survivances probables d'un type autrefois plus vaste.

Dans le Pays de Redon, certains usagers des marais continuent à pratiquer la vannerie de châtaignier.

Ce groupe de vanneries est produit dans marais du Pays de Redon, région limitrophe des départements du Morbihan, de Loire-Atlantique et d'Ille-et-Vilaine.

La bosselle, engin de pêche en forme de L, est utilisée pour pêcher l'anguille ou le garciau (anguille à ventre jaune). Elle est produite et utilisée dans les marias de Vilaine où elle représente l'un des symboles du mode de vie maraîchin. Aujourd'hui, l'usage en a pratiquement disparu en raison du manque de crues prolongées depuis la mise en place du barrage d'Arzal et l'interdiction de ce type de pêche. 

Les anguilles entrent dans la manche par un col appelé "la garde". Elles peuvent poursuivre vers la seconde manche par un passage appelé "vetin".

La production de ces vanneries relève d'un savoir-faire lié à l'artisanat traditionnel.

Les usagers du marais, les associations locales de fabricants amateurs de vannerie.

La fabrication des bosselles se fait dans la région de Redon, dans les secteurs de marais.

La fabrication d'une bosselle des marias de la Vilaine s'étale sur deux jours. Il faut rajouter au temps déjà long du montage stricto sensu, un temps également étendu de recherche du matériau dans les bois. Le traitement nécessaire à l'usage du châtaignier -écorçage et fente- est réalisé au dernier moment ou au fur et à mesure du montage, ceci afin de lui conserver sa souplesse. Pour la même raison, le bois n'est pas coupé trop longtemps avant son emploi.

La récolte des matériaux

Le châtaignier est prélevé dans le milieu naturel : bois et forêts situés à proximité du marais. Les perches sont choisies pour leur régularité et leur diamètre. On prélève ce qu'il faut pour une bosselle. Les perches sont ramenées sur l'épaule jusqu'au logis du fabricant.

Dispositif de fabrication

La confection d'une bosselle se divise en différentes séquences :

- fabrication de la garde

- pose de 9 montants et tressage de la première manche

- fabrication du vétin

- coupe de nettoyage

- pose d'une attache

Le nombre d'outils est limité : une serpe pour couper les perches, un couteau à éplucher et à fendre, un môle (moule) pour former la garde. Le montage n'est pas réalisé dans un endroit spécifique. Il peut se faire en extérieur, au soleil ou à l'abri. Le fabricant se contente d'une chaise. Il travaille assis en faisant tourner l'objet sur les genoux ou entre les jambes. Il se lève régulièrement pour fendre du châtaignier : il écarte les lames en profitant d'éléments fixes pour faire levier. La question de l'entretien et du nettoyage d'un atelier ne se pose pas, les épluchures d'écorces et les copeaux tombent sur le sol et peuvent être balayés ou non.

La bosselle est entièrement façonnée en châtaignier fendu. Les montants sont en nombre impair : neuf par manche, pour la garde et le vétin. L'armure est tressée à brins perdus. Le bord est à montants coupés. Le tressage débute par la fabrication de la garde, le dispositif anti-retour des anguilles. Pour commencer, les montants sont plaqués sur le môle, lequel donne la forme en entonnoir de la garde. Les montants sont tenus par un anneau d'osier entortillé, lui-même bloqué par une tirette mobile passée au travers du môle.

Les aspects structurels

Le montage commence par la confection de la garde ou du vétin et demande l'utilisation d'une forme appelée môle. Le tressage des départs et des flancs est un liage simple. Les montants en nombre impair sont liés entre eux par plusieurs passages d'un brin unique. En ce qui concerne les modes d'arrêts, les montants sont simplement coupés et la bordure est retenue par une couture prenant la forme de brins spiralés. 

La clôture est tenue par deux brins superposés, formant deux spirales à sens opposés. Ils jouent aussi le rôle d'une renfort du bord. 

La dernière étape consiste en la pose de l'attache. L'attache des bosselles de la région de Redon peut être regardée comme une forme de poignée. Tout comme la poignée cancalaise, l'attache est fabriquée à partir d'un brin d'osier tordu sur lui-même. Elle est fixée autour du col des bosselles. Elle permet la fixation de la nasse au fond de la rivière, là où circulent les anguilles.

Les aspects esthétiques

Dans la vannerie en lames de châtaignier, les fabricants considèrent qu'il ne doit pas rester d'écorce. Un ensemble uni et blanc est recherché pour que le travail soit considéré comme soigné.

Les éléments additionnels

L'équipement consiste en la création d'une attache en osier entortillée, puis en la pose de bouchons et d'appâts vivants constitués de vers enfilés sur une tige. Des piquets en châtaigniers sont utilisés pour fixer la bosselle sur le lit du marais et la repérer. 

Variante : la teusselle

La teusselle employée pour la pêche aux anguilles d'avalaison, se place en rivière en période de crue. Elle est constituée d'in réservoir appelé "bouton", autrefois fabriqué en châtaignier avec une technique du même type que la bosselle. Le pêcheur fixe sur le bouton un filet à deux ailes "où le poisson reste prisonnier et de deux ailes fixées au "bouton" qui canalise le poisson. Le bouton autrefois en clisse de châtaignier, a été par la suite clos en grillage puis en filet. La teusselle est utilisée sur l'Ousr, l'Arz et l'Isac". (PHILIPPOT, 1991)

Cette vannerie se transmet au sein de lignées familiales. Autrefois, elle s'apprenait enfant en aidant les parents. Plus récemment, les nouveaux fabricants apprennent en observant des fabricants âgés.

Les sites contemporains de vanneries à montants droits en châtaignier sont les traces ténues de savoirs anciens qui ont dû être autrefois plus répandus. C'est le cas de la bosselle. Dans d'autres régions de France et dans les îles britanniques, il existe aussi des bosselle en châtaignier fendu qui, contrairement à la variante des marais de la Vilaine, ne possèdent qu'une seule manche (ou réserve).

Pour les populations de la région, la pratique de la vannerie locale est vue comme étant certainement très ancienne. Cette activité ne laissant pas de traces archéologiques distinctes, ou remarquables, il est difficile pour les populations de réaliser depuis quand elle existe. Les récits locaux rapportent essentiellement des faits qui se sont tenus au XXe siècle. La mise en place d'un barrage en aval du fleuve Vilaine à Arzal est généralement considérée comme une rupture dans l'usage du marais. Celle-ci ne subissant plus le flot quotidien des marais, les pratiques de pêche traditionnelle se sont réduites.

Cette vannerie n'est pas enseignée. L'activité de pêche à laquelle elle est liée disparaît. Ces savoir-faire sont donc extrêmement fragilisés.

Les communautés identifient les vanneries comme faisant partie de leur patrimoine. Il n'y a cependant pas à l'heure actuelle d'association porteuse de leur sauvegarde. La thèse soutenue en 2012 par Roger Hérisset est un travail d'ampleur qui a amélioré la visibilité de ces savoirs. Elle s'accompagne de conférences locales et de supports de vulgarisation.

Il existe de très nombreuses associations de fabricants amateurs de vannerie dans la région de Redon. La bosselle est considérée par les fabricants comme l'une des pièces régionales qu'il faut avoir réalisé pour être un fabricant accompli.

Fiche rédigée en 2015 par Roger Hérisset, chercheur associé au CRBC, pour le Ministère de la Culture et de la Communication.

Localisation (région, département, municipalité)

Bretagne

Date de la fiche d’inventaire : 2015
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Roger Hérisset
Nom du rédacteur de la fiche : Roger Hérisset

N° d'inventaire Ministère Culture : 2015_67717_INV_PCI_FRANCE_00363
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk26f

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bosselle

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