Le jeu du « Péchou » se pratique sur une surface plane ou très peu pentue d’environ 13 mètres. Un maître (ar mest) est placé à chaque extrémité du jeu.

Le jeu du « Péchou » se pratique sur une surface plane ou très peu pentue d’environ 13 mètres. Un maître (ar mest) est placé à chaque extrémité du jeu.

Chacun cherche d’abord ses cailloux, puis choisit ses péchous et ajuste donc sa pièce à sa main, y fait un léger enfoncement pour le pouce et une légère dent sur le côté pour l’index afin que la prise soit bonne. Il faut pouvoir lancer loin, parfois à plus de 15 mètres, car le « mest » est souvent poussé par les gros « pech ». Si le joueur est fort, il jouera avec des péchous plus lourds : certains pèsent jusqu’à six livres. Sinon, un petit coup de marteau ici ou là pour qu’il soit plus léger ou qu’il s’agrippe mieux au terrain. D’autres affûtent un peu plus leurs « pech » au burin. Depuis quelques années, on a même vu apparaître des péchous rayés au disque de la meuleuse sans doute pour faire comme un pneu : lui faire des crampons d’adhérence.

Après avoir trouvé dans la nature quelque chose d’approchant donc, chacun fait sa pièce à sa façon, à sa main et un peu à sa tête mais plus le caillou est travaillé, plus il est fragile. Aussi, il en faut quelques uns de rechange. Dans le cas où le « pèch » se brise au cours d’une partie, c’est le morceau le plus grand qui est pris en compte pour les points.

On peut jouer à un contre un ou jusqu’à cinq ou six contre cinq ou six, alors le tas de cailloux devient impressionnant et il est difficile d’y reconnaître les siens. Alors la partie devient interminable car le travail fait par les premiers est à chaque fois détruit par les joueurs suivants. Tout cela pour ne marquer parfois qu’un seul point voire aucun si deux pièces enserrent le maître (ar mest).

Il y a des spécialistes pour l’approche qui suivant la nature du terrain piquent très près du maître et dont la pièce reste en place sans glisser. D’autres jouent en rasant le sol et arrivent à faire glisser leur pièce sur 2 à 3 mètres pour finir à buter légèrement le maître et à rester tout contre lui. C’est instinctif et tout à fait particulier à chaque joueur. Tout est bien pourvu que l’on ait sa pièce le plus près du maître. C’est parfois (souvent) très disputé. Il faut de temps en temps sortir la courte paille ou la longue pour mesurer (musher) et savoir entre deux pièces, laquelle est la gagnante. D’autres sont des spécialistes pour tirer, pour faire un palet, un carreau sur la pièce adverse et la chasser, tout en restant à sa place. Il y a parfois des coups extraordinaires qui suscitent l’admiration des joueurs et aussi des spectateurs qui viennent parfois regarder ce jeu étranger pour eux. Dans tout travail, dans tout jeu, il y a une grande part de chance et cela varie d’un coup sur l’autre. Mais c’est là, surtout dans ces moments fastes où tout vous réussit qu’est le grand attrait de ce jeu.

Des avantages, le péchou en a sûrement. Les ustensiles ne coûtent pas chers. Des pierres, la Bretagne en est bien pourvue et Plougastel en particulier, même si certains vont chercher les leurs à Logonna où l’on trouve la pierre de Kersanton qui est très résistante.

On peut jouer sur la route, un quai un champ, sur l’herbe, le sable, les galets, n’importe où sur des terrains très en pente, en devers ou de bas en haut. Mais le grand avantage, c’est de réunir des hommes de tout un quartier. Dans celui de Lauberlach, où ce jeu se pratique encore aux alentours de midi tous les dimanches, il regroupe une dizaine d’hommes de trois ou quatre villages. Cela permet de se voir, de causer, d’échanger, de trinquer parfois mais surtout d’être ensemble et l’esprit de quartier et de camaraderie est ainsi entretenu. Il faut encore dire que ce jeu est joué uniquement par des hommes, un groupe d’hommes aussi le langage, surtout le breton, est assez cru, parfois même un peu gaulois. Les vieilles expressions bretonnes ressurgissent et cela provoque des éclats de rire. C’est un très vieux jeu sûrement mais simple et beau, qui donne toutes sortes de sensations.

- Un terrain avec une aire de jeu de 15 à 20 mètres de longueur

- Des péchous (2 au minimum par joueur)

- 2 maîtres (Mest)

Cailloux de toutes sortes, galets de la grève, pierres de carrière… Pour les meilleurs, le granit taillé est très plébiscité. La pierre de Kersanton (Logonna) est parfois employée.

-Marteau pour la taille des pierres

-Burin

Scies ou meuleuses électriques pour tailler et ciseler les péchous.

Mest » : pavé de forme cubique d’une dizaine de centimètres de côté

Péchou » : une galette de différentes formes et poids à la taille du joueur

Parking de Lauberlac’h, Plougastel-Daoulas : dernier lieu où se trouve encore à ce jour le jeu du Péchou.

Quelques jeunes s’y essaient parfois mais à part quelques uns (2 ou 3), ce jeu reste l’apanage des anciens.

Le jeu du « péchou », variante de la pétanque ou du palet, vient de la nuit des temps ou peut-être d’un jour sans vent.

Du temps des bateaux de pêche à la voile, les marins pêcheurs de Plougastel et d’ailleurs sansdoute, se rendaient au port dès le jour. La nuit, bien souvent, il y a très peu de vent. Le jour venu, il augmente petit à petit. Aussi le matin, en attendant que le vent se lève, ils devaient comme on dit « tuer le temps ». Certains jouaient aux cartes dans le bistrot du port. D’autres préférant l’air pur et iodé venant du large, jouaient aux « péchou ».

Pour se faire, ils choisissent dans la grève, qui n’en manque pas, deux cailloux plats, deux grands galets larges comme de petits bérets de marin, avec les bords s’amincissant tout au tour pour qu’ils s’accrochent à tous les terrains. Une fois choisis les galets et le lieu au port, sur le quai ou sur la grève même, l’on disposait un maître (ar mest) à chaque bout de l’aire de jeu, de la forme d’un petit cube de pierre d’environ 10 centimètres de côté et la partie pouvait commencer dès que l’on avait formé les équipes. Après la pêche, avant de rentrer au port, quand la mer était basse, les bateaux accostaient au bord d’une grève et les marins s’adonnaient aux « péchou » en attendant que la mer monte. Le jeu du Péchou était né.

“ Mad poent e deomp kregi, c’hoari ta neuze paôtr !
Asta buhan, taol da ven flour en aod
Viz jus tar mest arabad did mankout
Emgavet out, made, abrema sao da jouk ! ”

A ce jour, seul le quartier de Lauberlac’h perpétue cette tradition ancestrale. Si l’on veut qu’elle perdure, il faut que la mairie de Plougastel assigne la petite partie haute du parking de Lauberlac’h comme bien historique et permanent des « Péchous ». Dans un deuxième temps, si l’on fait ce devoir de mémoire, c’est que nos parents, nos grands parents et tous nos voisins y ont joué depuis leur tendre jeunesse. Aujourd’hui, le vétéran, Job a Cosform, du haut de ses 89 printemps, lance le péchou à toucher le maître, à pratiquement chaque fois et si la taille des péchous a un peu diminué, l’adresse est restée la même et l’envie de jouer et de gagner, c’est le plaisir du dimanche.

Pour Jean, joueur fidèle et responsable de la fiche d’inventaire, l’importance de la tradition et de la convivialité de ce jeu, c’est à la fois un trait d’union entre les générations et un besoin de se retrouver autour d’une même passion.

Pour Pierre, collecteur des images et des récits de ce mémoire, c’est transmettre ce que son père y ressentait et la façon qu’il avait de raconter les péchous.

« C’est un très vieux jeu sûrement, mais simple et beau, qui vous laisse toutes sortes de sensations. C’est vrai. Je le pratique bien sûr. Ca fait partie des bonnes choses de la vie ! Serait-il vrai ce dicton anglais selon lequel « Dans la vie les meilleures choses ne coûtent rien » ? Au fait à qui de jouer ?

« Deuz da e zeo did c’hoaré dave va faôtr
Sell mad, luch mar deo da, taol daven riskl en aod
Ar vuhez zo heavel gwech gounid a gwech koll
A pezadal ervat eo plijadur d’an holl »
Yoann Corre (1925-2004)

Autre: Pardon de Saint Tremeur à Plougastel

Participation à différentes manifestations : Pors beach (Logonna) 5 août 1984, Pardon de Ste Christine et Internationaux de Péchou de St Tremeur à Plougastel pendant plusieurs années, Fête du tinduff. Participation aux jeux bretons de Lesneven à plusieurs reprises.

Au niveau local, l’attribution d’un terrain banalisé par la mairie de Plougastel sur le haut du parking de Lauberlac’h.

« Ar c’hoari Péchou » gwelet d’euz an diabarz, document écrit par jean Conc dans les années 1990.

Actuellement, seuls quelques irréductibles perpétuent la tradition.

Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée : Jean Le Gall, joueur.

Municipalité, vallée, pays, communauté de communes, lieu-dit… : Lieu Lauberlac’h sur la commune de Plougastel-Daoulas (Finistère)

Adresse : 550 route de Ty Coz Talaouron

Ville : Plougastel-Daoulas

Code postal : 29470

Téléphone : 02 98 40 23 22

 

Dates et lieu(x) de l’enquête : de février à avril 2012

Date de la fiche d’inventaire : 22 mai 2012

Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Confédération FALSAB

Nom du rédacteur de la fiche : Jean Le Gall

 

N° d'inventaire Ministère Culture :  2012_67717_INV_PCI_FRANCE_00205
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2p6

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_de_palets

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