Capitale du Haut-Ossau, Laruns est célèbre depuis l’apparition du tourisme thermal au XIXe siècle et la venue de nombreux artistes et écrivains. Sa fête patronale Nosta Dama (Notre Dame) le 15 août est particulièrement remarquable, c'est l'occasion majeure de l'année de revêtir le costume local, de danser branles et sauts traditionnels et le moment de vastes retrouvailles chantées où s'exprime particulièrement la polyphonie pyrénéenne.

Capitale du Haut-Ossau, Laruns est célèbre depuis l’apparition du tourisme thermal au XIXe siècle et la venue de nombreux artistes et écrivains. Sa fête patronale Nosta Dama (Notre Dame) le 15 août est particulièrement remarquable. Les habitants revêtent à cette occasion les magnifiques costumes traditionnels, pour la plupart anciens, reflet des modes vestimentaires des XVIII et XIXe siècles.
Cette fête présente par ailleurs un concentré des traditions musicales du domaine ouest pyrénéen : instruments (couple Flûte à trois trous / tambourin à cordes [CF. Fiche d’Inventaire correspondante] ; accordéon) dont la pratique est ici ininterrompue ; polyphonie vocale, danses d’hommes et mixtes qui lui donnent un relief particulier.
Hors de toute organisation folklorique, ce jour est avant tout celui de la réunion de la communauté, de retrouvailles familiales ou amicales qui voient revenir à Laruns enfants, famille éloignée et converger les villages voisins conservant à cette fête toute la spontanéité d’une tradition bien vivante.

Les Aubades

Tôt le matin, les musiciens vêtus de leur chamarre (blouse) noire et jouant des chansons en passe-rue, accompagnent les baladins revêtus de leur veste rouge qui parcourent les rues de la bourgade vendant des immortèlas (édelweiss). Ils s’arrêtent devant les maisons des personnes qu’ils souhaitent honorer d’une aubade musicale.

La Messe

La grand’messe de l’Assomption met à l’honneur les personnes portant le costume traditionnel qui se placent dans le chœur : les hommes avec les pantalons, chausses et la courte veste écarlate, les femmes recouvertes du capulet (long capuchon) de soie rouge. Cantiques traditionnels ou récents sont ici généralement chantés spontanément en polyphonie.

Le bal

Dès la fin de la cérémonie religieuse, s’organise sur le parvis de l’église un cortège ouvert par les musiciens jouant des airs de passe-rues. Ce cortège traverse la place en direction du taulèr (litt. étal, le podium autrefois dressé sur des barriques sur lequel s’installent les musiciens et autour duquel se positionnent les danseurs). Le bal démarre alors selon un ordre bien établi ouvert par le très solennel branlo baish (branle bas) dansé une seule fois. Suivent un saut (danse d’homme en cercle, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) dansé par les jeunes hommes, autrefois les conscrits ; puis un branlo airejan (branle "aérien"). La suite du bal fait ensuite alterner série de branles et sauts.

Apéritif et repas

Le bal se poursuit par un long apéritif. La municipalité offre dans un premier temps un vin d’honneur sous la halle. Il s’agit là de la première étape d’une longue journée placée sous le signe de la polyphonie [Cf. Fiche d'Inventaire correspondante]. Par petits groupes d’amis ou bien tous ensemble, chacun exprime par ces chants polyphoniques le bonheur des retrouvailles et affirme la cohésion et l’identité villageoise et valléenne. Les chanteurs du village et ceux venus de toute la
vallée peuvent ensuite s’acheminer vers les cafés de la place puis, tard dans l’après-midi, à l’appel répété des cuisinières, vers le repas de fêtes où l'expression polyphonique ne s’estompe pas.

Passacarrèra

L’après déjeuner est marqué par le passacarrèra (passe-rue) qui remplace la procession vespérale de la Vierge abandonnée dans les années 60 après le Concile Vatican II, procession dont l’origine remontait aux processions votives ordonnées par Louis XIII. Le passe-rue voit chaque quartier converger en chanson vers la place centrale. La déambulation s’accomplit le temps de l’interprétation par des musiciens d’une strophe de chanson. Les chanteurs s’arrêtent alors formant un cercle barrant la rue chantant une strophe puis ils reprennent leur déambulation en musique. L’arrivée sur la place constitue une véritable affirmation et confrontation symbolique de chacun des quartiers qui finissent par se rejoindre dans une dynamique – symbolique – de recomposition de la communauté.

Bal

Un deuxième bal suit le passe-rue, enchaînant branles et sauts. Un dernier bal a lieu plus tard, vers minuit alors que les chants qui fusent toujours des cafés ne s’arrêteront que tard dans la nuit. Chacun des bals se clôt par le branle "Fotetz-me lo camp canalhas" (Fichez le camp canailles).

Notons par ailleurs que la fête débute pour certains (notamment les jeunes) le 14, se poursuit le 16 au soir en reprenant moments de chant et danse. Le 16 en fin d’après-midi avait en effet lieu le "bal des cuisinières" honorant les maîtresses de maison, restant chez elle pour préparer le repas du 15.

Halle, place, cafés, rues et maisons particulières du village. Espaces privés, semi-publics ou publics.

Par immersion.

Cette fête patronale est très ancienne. C'est toutefois la vogue du tourisme thermal qui se développe dans cette vallée vers 1830 qui lui confère l'aura et l'attractivité que nous lui connaissons aujourd'hui, de par la production de guides, récits et de centaines de lithographies puis des cartes postales. L'effet miroir agit sur la fête elle-même faisant affluer des centaines et milliers de personnes, et consolide son contenu décrit ici : -expression instrumentale, danses, chants polyphoniques, costumes. Ce, en dehors de toute représentation de type folklorique mais bien dans une dynamique de patrimonialisation locale.

Notons que l'interface de la mairie pour l'organisation du contenu festif est l'association Aussau Tostemps créée en 1928 et auto-définie comme un groupe folklorique. Toutefois, depuis 30 ans, rien ne fait de cette association un groupe folklorique, les acteurs de la fête étant en grande partie distincts de l'association, d’une certaine façon déléguée par la mairie pour la mise en œuvre du contenu musical et chorégraphique de la fête et la rémunération des musiciens.
Parmi les récentes innovations ou reconstructions citons la création de l'apéritif municipal sous la halle vers 13h. Il a ouvert en 2001 un nouvel espace largement communautaire propice à l'expression polyphonique. Depuis 2007, les chanteurs ont tendance à rester sous la halle, parfois jusqu’à 17 h, sans plus se rendre dans les cafés.

- Très nombreuses lithographies au XIXe siècle

- Diverses images dans les campagnes de communication du Conseil Général des Pyrénées- Atlantiques

- Illustrations des Annuaires téléphoniques des Pyrénées-Atlantiques

- subvention de la mairie à Aussau Tostemps

- CASTÉRET Jean-Jacques, 2004. Le chant de table en Béarn et Bas-Adour : ethnomusicologie d’une pratique polyphonique, thèse de doctorat, Bordeaux 3 / Lacito-du-CNRS, 825 p.

- Fonds sonore J.-J. Castéret

- Fonds sonore Robert-le-Diable

Personne(s) rencontrée(s)

Observations depuis 1994

Localisation (région, département, municipalité)

Aquitaine, Pyrénées-Atlantiques, Béarn, Vallée d'Ossau, Laruns

Indexation : 123430 Fête patronale

Dates et lieu(x) de l’enquête : Observations 1994-2010
Date de la fiche d’inventaire : 5 juillet 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Jean-Jacques Castéret
Nom du rédacteur de la fiche : Jean-Jacques Castéret – Mission Institut Occitan 2008-2010

N° d'inventaire Ministère Culture : 2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00108
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk211

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fetes_de_Notre-Dame_de_Laruns

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