La danse du lion est une pratique culturelle très répandue parmi la communauté asiatique, elle consiste en une chorégraphie dans la quelle «deux danseurs manipulent un costume et un masque de lion en imitant le plus possible les mouvements de l’animal. Un orchestre accompagne la danse en ponctuant les mouvements que fait le lion. La chorégraphie raconte une sorte de petite histoire en quelques minutes. C'est une danse collective, artistique et assez technique».

La danse du lion est une pratique culturelle très répandue parmi la communauté asiatique, elle consiste en une chorégraphie dans la quelle «deux danseurs manipulent un costume et un masque de lion en imitant le plus possible les mouvements de l’animal. Un orchestre accompagne la danse en ponctuant les mouvements que fait le lion. La chorégraphie raconte une sorte de petite histoire en quelques minutes. C'est une danse collective, artistique et assez technique»

Populations d’origine asiatique installées en Île-de-France

La représentation de la danse du lion a lieu chaque année pendant les festivités du Nouvel An Chinois. Par ailleurs, cette danse accompagne d’autres rituels de la communauté asiatique francilienne comme les mariages, les baptêmes, ou également l’inauguration de nouveaux magasins ou restaurantsi.

À Paris, les festivités liées à la Fête du Nouvel An, aussi connu comme la Fête du Printemps, se réalisent principalement dans le 13ème arrondissement et dans les quartiers de Belleville et du Marais (rue du Temple).

En région parisienne, à Aubervilliers et à Noisy le Grand, d'autres défilés se déroulent, il s’agît des lieux où il existe des groupes qui pratiquent la danse du lion.

La danse du lion est une pratique culturelle très répandue parmi la communauté asiatique, elle consiste en une chorégraphie dans la quelle «deux danseurs manipulent un costume et un masque de lion en imitant le plus possible les mouvements de l’animal. Un orchestre accompagne la danse en ponctuant les mouvements que fait le lion. La chorégraphie raconte une sorte de petite histoire en quelques minutes. C'est une danse collective, artistique et assez technique».

Ayant comme antécédent la pratique du kung-fu, la performance des danseurs qui manipulent le costume du lion est assez impressionnante, et dans la mesure où il s’agit de «se rapprocher le plus possible du mouvement de l'animal», la danse «nécessite une belle agilité, un travail de coordination entre les deux danseurs, une entente, il faut bien se connaître». Un danseur manipule la tête et l’autre fait bouger le corps. De ce point de vue «les valeurs» qui accompagnent le travail d’équipe correspondent également à la pratique traditionnelle du kung-fu.

Par tradition, cette danse a lieu principalement pendant le nouvel an chinois; sa signification est entouré des symboles qui accompagnent les souhaits du début d’une nouvelle année: prospérité, bonheur, travail, santé, etc. Il est important de constater la continuité de cette pratique au delà des pays asiatiques, en particulier, en Île-de-France où cette pratique jouit d’une importante vitalité. A Paris, plusieurs écoles pratiquent la danse du Lion, ce sont les élèves de ces écoles les principaux porteurs de cette tradition, une tradition qui est donc bien ancrée dans les pratiques asiatiques mais qui comme tout élément culturel vit des transformations dans le temps

 

Les styles de danse:

 

Il est possible d’identifier différents styles de danse du Lion, ceux-ci correspondent aux régions Nord et Sud de la Chine. Le style du Nord n’est pas présent en France, les lions du Nord «sont plus poilus» et seulement la LDFA a un lion pékinois. Le lion pékinois est manipulé par une seule personne et il ne fait pas beaucoup de mouvements»

Dans le style du Sud il existe deux variantes (Fat San et Hok San) et les deux sont reproduites en France. Les éléments qui distinguent ces deux styles sont le poids de la tête utilisée lors de la danse, qui rend la tête du type Hok San plus adaptée aux modalités de danse les plus acrobatiques , ainsi que la forme de la bouche du Lion.

«Le style Fat San de Foshan, c'est un lion qui est plus agressif, c'est plus un style de lion de combat; l'Hok San, est un lion un peu plus «sympathique», avec une bouche aplatie, que l’on appelle «canard».6 «A la base de la danse du lion il y avait un seul style de forme de tête, c’était le Fat San. En fait il y a un maître, qui avait acheté une tête Fat San et il l'avait amené dans son village. En faisant le trajet, la tête s’était déformée…a partir de là il a voulu faire sa propre tête de lion, il a alors imaginé une autre tête et c’est comme ça qu’est apparue une nouvelle forme de tête de lion, avec une bouche un peu plus allongée… le style Hok San… »

Le style Fat San est donc le style de danse plus traditionnel et ancien, originaire de la région chinoise du Guangdong. Le style Hok San a été par ailleurs introduit par Feng Geng Zhang seulement au début du XXe siècle. Le maitre a inventé ce nouveau style à partir de l'observation des mouvements des chats. Le style présente des pas de danse différents par rapport au style plus traditionnel, une forme de tête particulière et aussi une musique propre.

Les différentes personnes interviewées s’accordent sur le fait que «les têtes de Foshan ont une protubérance sur le front et une vraie bouche, avec une sorte de mâchoire. Tandis que les lions Hok San ont une tête plus plate, on dirait un bec de canard». D’une manière générale, «la différence entre les têtes c'est que l’une est plus aplatie, tassée. Et l'autre est plus allongée».

Par ailleurs, ce qui distingue les styles ce sont les écoles où la danse du lion est pratiquée à Paris. Les différences ressortent en fonction du maître, chaque école a un maître et donc une certaine approche de la danse. En ce qui concerne la création, les équipes se différencient à partir du choix des couleurs et autres équipements utilisés lors de la danse. Par rapport aux têtes, il y a aussi certaines différences parce qu’il y a des écoles qui achètent des têtes plus traditionnelles, et d’autres écoles qui créent leurs propres têtes. Encore un élément de distinction: le jeu lui-même. Chaque école et même chaque élève joue son style lors de la mise en scène.

En ce qui concerne le jeu, «c’est d’abord à la région de Foshan où l’on retrouve une danse structurée. Celle-ci correspondait à huit mouvements, à partir de huit principes de base du kung-fu » Mais à présent, on peut considérer que «chaque équipe a son style […] et même dans l’équipe chaque personne joue différemment, selon sa personnalité. On peut voir la personnalité du danseur à travers le lion».

Même si le rituel est le même, chaque école donnera au personnage du lion son caractère. Par exemple, chez les Pak-Mei, c'est assez vif… c'est pas un style lent. «Notre lion pulse. Il va chercher la prospérité, mais il ne va pas mettre quatre heures pour le faire. Il a des émotions en fait. Le lion a peur, il ne sait pas sur quoi il va monter… donc il s'approche, il touche… il a l'énergie qui monte, d'un coup il bondit, et il prend les choses en main. Toutes ces choses là, ce sont des émotions, et nous on essaye de les reproduire. Le lion peut être joueur ou repu… »

 

 

Les modalités de danse:

 

Différentes chorégraphies de la danse du Lion peuvent être distinguées. Ce qui les différencie c’est le type de rituel que la danse accompagne, les types de mouvement ou encore les éléments qui s’ajoutent pour réaliser la danse. 1.

 

Danse d’ouverture de l’œil du lion

Une première modalité de danse est une danse au sol. Il s’agit d’une danse qui se réalise pour inaugurer l’existence d’une nouvelle tête. On connaît ce rituel comme «Ouverture de l'oeil du lion» ou «Baptême d’une nouvelle tête». Comme son nom l’indique, dans ces cas, l’objectif de la danse est celui de contribuer à donner naissance au lion, le rituel permet ainsi l’éveil du lion. « Dès qu’on achète une nouvelle tête, avant de danser avec, il faut la baptiser. C'est mythique. La tête se réveille. Avant que la tête soit finie, on dit que le lion dort. Pour le réveiller il y a tout un rituel, et après on peut jouer avec, sans porter malheur. […]»

Ce rituel est très codifié: un même discours est prononcé à chaque fois par une personne âgée (en règle générale le plus âgée du groupe). Un autel est réalisé sur une table sur laquelle sont disposées des fruits, des petits verres avec des boissons, quelques fleurs, du gingembre et de l’encens. En fond sonore, une musique répétitive accompagne le discours du chef de cérémonie. Devant cet autel sont disposées les têtes des lions avec les yeux fermés qui vont être réveillées… un ruban rouge couvre leurs yeux. Un invité d’honneur est désigné pour chaque tête de lion, celui-ci est en quelque sorte le «parrain» du lion. Ces personnes devront installer des plumes de paon sur la tête du lion, lui enlever le ruban, peindre ses yeux et tracer une ligne de couleur le long de son dos. Le fait de peindre, «c’est pour réveiller le lion en fait, pour pouvoir jouer avec lui ensuite. Il faut lui toucher les yeux et les oreilles pour éveiller chaque force… la bouche, la langue… (…) Nous préférons ne pas jouer avant le baptême avec une nouvelle tête de lion. C'est une superstition. Une année on n'a pas baptisé nos têtes et on a eu plein de problèmes ensuite»

Le rituel a pour objectif de faire naître le lion en peignant les yeux. «On fait référence à l'empereur Qianlong qui avait demandé que un artiste local lui peigne un dragon. Celui-ci avait réalisé une peinture incroyable. Mais l'empereur l'a regardé et l'artiste n'avait pas peint la prunelle des yeux.

Donc ils ont fait venir l'artiste… et il a dit que il ne pouvait pas avoir deux dragons dans la même pièce. L'empereur en fait c'est la symbolisation du dragon en Chine. L'impératrice c'est le phénix. Depuis, à tous les lions et tous les dragons on leur peint les yeux. On donne vie au lion par cette symbolique»

Une fois que le discours est prononcé par un des anciens et que les personnes désignées pour chaque tête ont finies de peindre chacun la tête qui lui correspond, deux danseurs se placent sous chacune des têtes et commencent à les manipuler simulant le réveille du lion. «Dès qu’un lion se réveille, il dois prier les quatre points cardinaux», toujours dans un ordre précis: nord, sud, ouest, est. Le lion est ensuite amené par les danseurs devant l’autel du temple, fessant trois fois une révérence devant les statues des Boudas. Dans le temple, le lion doit couper une clémentine en forme de fleur (le danseur qui manipule la tête réalise cette partie du rituel), ensuite, cette clémentine est posée sur l’autel avant que le lion quitte le temple. Comme il est interdit de tourner le dos à l’autel, le lion fait son départ à reculons. Chaque tête de lion manipulée par ses danseurs entrera à son tour dans le temple pour accomplir les mêmes gestes. Une fois ce parcours accompli, on considère que le lion est réveillé et donc ces têtes pourront servir pour jouer des danses du lion.

 

Danse pour le rituel de la salade

Toujours en compagnie du Lion, le rituel de la salade est une danse durant laquelle le lion devra attraper des salades vertes disposées en hauteur. Ce rituel est réalisé pour «porter bonheur». Par exemple, le propriétaire d’une boutique ou restaurant peut faire appel à un groupe qui pratique la danse du lion pour attirer prospérité à son commerce. Dans ces cas, la danse s’accomplie devant le local où la danse du lion a été commandé. Des salades sont alors disposées en hauteur (parfois le long du mur, sinon, de manière plus traditionnelle, au bout d’un long bâton tenu par quelqu’un). Egalement, une enveloppe rouge est attachée à chaque salade. Le lion doit récupérer la salade et l’enveloppe en réalisant des sauts; il est accompagné tout le long par la musique de l’orchestre. Les danseurs s’entraînent dans ce cas pour atteindre des hauteurs de jusqu’à trois mètres… une fois décrochée, le lion mange la salade puis fait semblant de la cracher. Il «mange» également l’enveloppe où se trouve une récompense monétaire. La performance veut que le lion arrive à atteindre les salades pour les manger sans les faire tomber, car «la symbolique de la salade et l'enveloppe rouge est très importante. J'ai déjà vu faire tomber la salade et ça c'est très grave, c'est un déshonneur… en plus ça veut dire qu'il n'y a pas un bon feng-shui. Quand on ouvre un magasin, il y a cette idée de la géomancie. Le feng-shui c'est l'énergie des lieux (…) Et quand on ouvre un espace, le lion a donc vraiment cette symbolique de prospérité. Il ne faut pas que la salade tombe. C'est pour ça qu’on prend les meilleures troupes».

Pourquoi une salade? Le mot «tae» prononcé avec deux accents différents mais très similaires, signifie à la fois salade et prospérité. Ainsi, «le lion ne mange pas la salade parce que il est végétarien…mais parce que c'est une allégorie de la prospérité. Il grimpe une montagne, il saute sur des bancs20, c'est la représentation du courage que l'on doit avoir pour affronter la vie. Il va chercher la prospérité et il l'offre à quelqu'un à qui on va mettre en honneur ce jour là».

Par ailleurs, certains expliquent que «la danse du lion n'est pas seulement du kung-fu ou du spectacle, mais qu’elle représente un mouvement révolutionnaire». L’explication étant dans le fait que pour «les chinois du Sud l'acte de rattraper la salade se dit «Cai Qing», cai veut dire rattraper et qing veut dire vert, référence donc de la salade. Mais également «Cai Qing» est homophone de «chasser les Qing». Ainsi, lorsque la dynastie Ming a était supplantée par la dynastie Qing au XVII e siècle, le «Cai Qing» devient alors symboliquement un acte de résistance, une manière discrète de faire de la propagande pour essayer de bouleverser la dynastie Qing et rétablir la dynastie Ming» .

 

Danse pour le rituel des clémentines

La clémentine est un fruit qui dans la tradition chinoise représente la richesse. La couleur orange est en fait associée à l'or. Lors de ce rituel, le lion danse également devant le commerce dont le propriétaire veut attirer la bonne chance. Des clémentines sont disposées par terre marquant en quelque sorte la parcours que le lion suivra pour réussir à entrer dans le lieu pour lequel il danse. La danse consiste à faire que le lion joue avec les clémentines avec les pieds, il doit les attraper et ensuite les «manger». Enfin, il entre dans le commerce pour s’incliner trois fois devant l’autel où il pose une des clémentines coupée en forme de fleur.

 

La danse des poteaux

La danse sur poteaux est la plus sophistiquée parmi les différentes modalités de la danse du lion. Lors de sa réalisation, plusieurs poteaux métalliques de différentes tailles (entre 1,5m et 3m) sont disposés par paires de manière parallèle formant une sorte d’escalier. Deux danseurs manipulent le lion, le lion quitte le sol lorsque les danseurs sautent sur un premier poteau et ensuite d’un poteau à un autre en fessant bouger le lion. Le lion conserve les mouvements faits lors des danses au sol, mais il y a des sauts et des pirouettes entre les poteaux qui rendent cette danse plus acrobatique et sportive. La performance est très précise et assez impressionnante. Comme les autres danses, celle-ci est toujours accompagnée par la musique, mais un seul lion danse à chaque fois.

 

La danse du mât

Du genre aussi acrobatique, la modalité du mât consiste à faire grimper le lion sur un poteau au sommet duquel est attachée un bâton perpendiculaire au mât, et au bout duquel se trouve une salade verte. Accompagné par les tambours le lion monte tout en haut du mât, le bâton avec la salade tourne en circonférence gardant comme axe central le mât. Le lion tourne en accompagnant ce mouvement et finalement il ouvre la bouche et mange la salade. Le danseur qui manipule la tête décompose la salade en petits bouts que le lion crache ensuite vers le public au sol.

La danse de la montagne de bancs

Pour réaliser cette danse, des bancs sont empilés les uns sur les autres pour créer une sorte de pyramide. Le nombre de bancs peut aller de 3 à même 15. Le lion monte progressivement sur cette «montagne de bancs» en réalisant divers sauts et pirouettes.

 

 

Les éléments associés :

 

Au-delà des mouvements et chorégraphies qui structurent la danse du lion, un ensemble d’éléments viennent compléter la représentation de cette danse: les costumes et les couleurs qui leurs sont associés, mais aussi la musique et autres accessoires comme le «Bouddha souriant», l’enveloppe rouge ou les pétards.

 

Costumes et couleurs

La tête du lion est considérée comme une amulette d’amulettes, car comme nous le verrons, différents éléments la composent. D’abord, il faut savoir que la structure est fabriquée à base de bambou et papier mâche et ensuite recouverte avec des poils synthétiques. Elle a des yeux qui s’ouvrent et des oreilles qui bougent. La bouche a une forme particulière avec deux styles: arrondie pour le style Foshan, aplatie pour le Heshan («bec de canard»). Ce que l’on considère comme des amulettes sont une corne, symbole de pouvoir surnaturel dans la culture chinoise, et qui sort du sommet de la tête du lion; le miroir «céleste» qui a la vertu de refléter les plus grandes lumières (le soleil, les étoiles et la lune) mais surtout de pouvoir rejeter les mauvais esprits car ceux-ci prennent peur face à leur propre imageii. La tête a aussi deux pompons et une barbe colorée qui sont témoins de leur héritage directe de l’opéra cantonais traditionnel. Récemment, des lumières ont été ajoutées à la fabrication des têtes pour faire ressortir les yeux du lion.

Les équipes franciliennes de danse du lion, achètent leurs têtes en Asie et notamment en Malaisie. Le fait qu'il n'y ait pas de maîtres artisans en France, la qualité du matériel et le prix plus accessible des costumes poussent les équipes à se fournir directement chez les producteurs asiatiques.

Dans l’imaginaire et cosmovision asiatique les couleurs sont associées à des circonstances, des souhaits ou des états d’esprits; par exemple, le jaune représente la richesse et le rouge le bonheur. De la même manière, la couleur des lions lors des danses porte une signification. Les gens peuvent solliciter une couleur ou une autre pour le lion qui dansera. «Traditionnellement chaque lion représente un personnage de la Chine des Trois Royaumes du IIIe siècle ap. J-C. Il y a Liu-Bei qui est représenté par le lion jaune, il était le souverain du royaume Shu-Han et sa danse est très agile et très légère. Il y a Guan Yu, son frère juré, un stratège, un personnage d'une loyauté suprême. Sa couleur est le rouge. Lui, il a un caractère assuré, il est ancré au sol, c'est «la force tranquille». Après il y a Zhang Fei, le lion noir. Traditionnellement c'est comme ça. Donc, Zhang Fei (lion noir) ne danse pas beaucoup parce que il est beaucoup trop féroce. Quand on voit Liu Bei (lion jaune) ou Guan Yu (lion rouge) danser on est heureux, et lorsqu’on voit Zhang Fei (lion noir) on a peur, on ne se sent pas à l'aise»

Le lion de «la tête noire, il est très combatif. Si le maitre est un vieux maître, il joue la tête de Liu Bei (jaune), ça montre la dignité et le décor. Les plus jeunes jouent toujours les têtes rouges ou noires, le général Guan et Zhang Fei. On ne peut pas mélanger » . «Les couleurs peuvent dire quelque chose aussi… (…) Le noir est une couleur très agressive. C'est quelque chose qui peut symboliser une agression, une hostilité, un comportement de guerre… Elle n'est pas très bien vue. En Asie on préfère la couleur rouge, jaune, dorée… plus de vie, quoi.»

Donc, les couleurs en quelque sorte représentent aussi la personnalité de chaque danseur. 29

La couleur blanche est choisie pour manifester le deuil. Des lions blancs dansent lors des funérailles des maîtres par exemple.

Aujourd’hui des nouvelles couleurs apparaissent dans la confection des costumes: le rose, le dorée, le bleu. Dans ce sens, on peut observer qu’il existe une flexibilité par rapport au code traditionnel des couleurs.

Musique et instruments

Comme toute forme de danse, la danse du lion est accompagnée d’une musique propre, celle-ci a un caractère martial/militaire, et ses instruments reproduisent cette caractéristique. Différents types de percussions sont présentes, un tambour , des cymbales et un gong.

La place du tambour lors de l’exécution de la danse est centrale dans la mesure où celui-ci marque la vitesse autant que l’intensité et la force des mouvements et expressions du lion. Les cymbales ont le rôle de marquer le contre-point et le gong permet de faire les sons les plus graves. Normalement un orchestre est composé d’un minimum de six musiciens: un qui joue le tambour, un autre le gong et les quatre restant les cymbales. Les rythmes joués sont codifiés et correspondent chacun à certains types de mouvement du lion. «La musique se cale par rapport aux pas et aux expressions du lion.»

L’importance de la musique dans la danse peut être attestée par le fait que n’importe quel élève qui commence sa formation à la danse du lion débute par l’apprentissage de la musique.

 

Le «Bouddha souriant»

La figure du «Bouddha souriant» reprend la légende du Lion et le Moine dans laquelle un moine bouddhiste arrive à apprivoiser un lion et grâce à son éventail à le guider. Il est représenté par une personne qui se déguise avec un masque et un costume de couleur bleu et rouge. Cette personne a en réalité le rôle de diriger les danseurs lors des représentations de la danse.

Pour certains, ce personnage ne représente pas un Bouddha mais plutôt l’ancienne divinité de la terre.

 

Autres éléments

Dans la danse du lion on peut identifier l’apparition d’une enveloppe rouge, celle-ci doit être récupérée par le lion pendant la danse et contient une récompense pour les danseurs. Egalement, des pétards accompagnent parfois la représentation, ceux-ci rappellent la légende selon laquelle, pour chasser le lion descendu des montagnes, les villageois font du bruit.

Traditionnellement la danse du lion était une étape dans l’apprentissage du kung-fu, de manière générale c’était les élèves les plus performants qui étaient capacités pour pratiquer cette danse. «Ce qui se dit, c'est que c'est une discipline qui émerge des pratiquants d'arts martiaux et notamment du kung- fu traditionnel»; en effet, « les mouvements de base dans la danse du lion correspondent aux postures et chorégraphies du kung-fu». C’est donc de manière très évidente, dans le cadre de l’apprentissage du kung-fu qu’a lieu la transmission de la danse du Lion, il s’agît dans ces cas d’une «transmission orale, de maître à disciple» qui prend des années.

A partir des années 1990 apparaît un style en quelque sorte plus libre, qui n’est plus lié au kung-u d’une manière aussi intime mais qui au contraire évolue dans la recherche de nouveaux mouvements. Si dans le style «classique» pratiqué encore dans les années 1970 et 1980 on reconnaît des coups de pied, des prises et des coups de poings, proches du kung-fu, à l’inverse, on est à présent face à un style plus sportive et même acrobatique. De plus en plus, l’entraînement est focalisé sur le besoin d’imiter au mieux les mouvements du lion de la manière la plus naturelle possible. Les élèves s’entraînent pour ça avec assiduité et de manière intensive.

 

C’est au sein de ces transformations que des dissonances peuvent parfois être repérées entre les générations. Parmi les anciens, certains considèrent par exemple que «ceux qui font la danse du lion sans faire du kung-fu, ne savent que faire des sauts, ou des mouvements acrobatiques» 39 qui ne permettraient pas d’identifier de manière claire les mouvements du lion. Inversement, d’autres maîtres ont encouragé la transformation de la danse à partir de l’ajout de nouveaux éléments. Bien qu’attachés aux traditions, certains pratiquants considèrent qu’il est possible de faire «plus que ça» ou de faire la danse du lion «Made in Paris»…Dans leurs projets il serait par exemple souhaitable de sortir la représentation de la danse des lieux traditionnels (nouvel an chinois, mariages et restaurants par exemple) pour la faire exister dans des nouveaux espaces; l’idée étant de pouvoir exploiter la danse du lion en tant que forme d’expression artistique ou comme discipline sportive.

Si pour les uns le fait de ne plus apprendre le kung-fu avant de danser la danse du lion constitue une sorte de «disparition de la tradition», pour d’autres au contraire, c’est en s’impliquant de manière active dans la reproduction de la danse (qui dans tous les cas demande un certain apprentissage des bases du kung-fu) qui il sera possible de faire perpétuer cette tradition. Il faut noter que ce phénomène de créer des espaces où l’on apprend directement la danse du lion sans passer par le kung-fu n’est pas spécifique à la France, car il est également présent dans les pays asiatiques; ce qui veut dire qu’il ne s’agit pas d’un processus spécifique au cadre migratoire mais qui correspond plutôt à une évolution de la pratique elle-même.

Lorsque les nouvelles générations s’impliquent dans l’apprentissage de la danse du lion, elles considèrent qu’étant donné que le contexte de représentation n’est pas l’espace d’origine, il est nécessaire de développer de nouvelles manières pour pratiquer cette danse en dehors des cérémonies traditionnelles. C’est dans cet esprit que beaucoup d’associations forment leurs élèves à la danse souvent dans une démarche sportive.

La danse du lion est une tradition millénaire en Chine. Depuis l'antiquité, il existe une tradition de danseurs portant des masques d'animaux ou de créatures mythiques. Cependant, le lion n'est pas un animal natif de la Chine. Il a été probablement introduit pendant la Dynastie Han et plus précisément pendant l'époque de l'Empereur Shun (126-145 ap. J.-C.), par des ambassadeurs de l'Empire partheiii, grâce à un hommage qui avait le but d'instaurer des bonnes relations commerciales 42. Le mot chinois «shi» (獅) dérive probablement du mot persan «šer», fait qui renforce la probabilité que le lion soit arrivé en Chine du Moyen Orient.

Nous ne connaissons pas exactement les origines historiques de la danse. Probablement elle est née par la volonté des souverains de reproduire un animal puissant et noble. Les premières traces écrites de son existence remontent à la période de la Dynastie Tang (618-907). Plusieurs versions de danses, avec des personnes portant un masque de lion apparaissent dans cette période pour amuser la Cour; notamment l'une d'entre elles est présentée dans la composition « Arts des Liang occidentaux» du poète Bai Juyi. Dans cette version, deux danseurs portent un costume de lion en fourrure avec une queue de soie et une tête en bois, avec les oreilles mobiles, dans un spectacle qui est très similaire à l'actuelle danse du lion du Nord. Déjà durant la Dynastie Song (960-1279), la danse du lion était couramment exécutée pendant les festivals les plus importants.

Dans le sud de la Chine, une autre forme apparaît plus tard, probablement originaire de la province du Guangdong. Une possibilité est qu'elle ait été introduite par des danseurs originaires du Sud qui se produisaient dans la Cour de l'Empire, basée au fil des Dynasties plutôt au nord du pays 43. La diffusion de ce deuxième style remonte probablement à la Dynastie Ming (1368-1644) et elle représente l'adaptation du lion du Nord aux mythes locaux de la région de Guangdong. Ce style a été adopté par les différentes écoles de kung-fu et est devenu au fil du temps une pratique très importante au sein des enseignements traditionnels. La danse du lion représentait le sommet dans les performances des pratiquants. Elle était un moyen de comparer l'habileté des différentes écoles de kung-fu et elle était aussi utilisée dans les affrontements, pour éviter d'autres formes plus violentes44 viii.

 

Pendant la Dynastie Qing (1644-1912) la danse du lion du Sud prend aussi la signification secrète de résistance au pouvoir, en faveur de la restauration de la Dynastie Ming. Des messages secrets y étaient véhiculés, comme le cas emblématique du rituel du «Choi Ching» qu’en chinois signifie «prendre le vert», mais est aussi homophone de «chasser les Qing».

La danse du lion chinoise a été successivement exportée par les acteurs de la migration, d'abord dans d'autres pays de l'Indochine et de l'Asie, après dans le monde entier. C'est notamment le style du Sud qui est pratiqué par les communautés diasporiques, car celles-ci sont composées en majorité par des Chinois du sud et des Indochinois d'origine chinoise

Aujourd'hui la danse du lion a vu la naissance de nouveaux styles, comme celui du Hok San au début du XXe siècle, et d'autres plus récents que on pourrait définir comme « hybrides ». Elle devenue une discipline sportive moderne reconnue, en abandonnant dans certains cas la liaison traditionnelle avec le kung-fu. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que se soient les malaysiens les plus réputés dans la discipline sportive de la danse du lion contemporaine, et non plus les chinois, qui sont eux plus attachés aux aspects traditionnels.

Il existe plusieurs légendes qui expliquent l'origine de la danse du lion. Chaque maître a sa propre version, qu’il transmet oralement à ses disciples. C'est à travers ces légendes que la communauté transmet le sens donné à la danse du lion, aux symboles qu'elle utilise et aux histoires qu'elle représente.

 

La légende ancienne du Nian et le Village

On raconte que dans les temps anciens, une bête affamée, le Nian, était descendue des montagnes pour se nourrir. Dans le village, hommes et femmes travaillaient dans les champs et avaient laisser leurs enfants dans les maisons. Après avoir fouillé, le lion ne trouve autre chose que de la salade pour manger et fait donc de celle-ci son repas. Les enfants cachés, pour se sauver du lion qui pourrait les trouver et les dévorer, font le maximum de bruit avec tout genre d’objets qu’ils trouvent. Le lion a peur de ces bruits et s'échappe. Les enfants sont ainsi sauvés.

Une variante de cette légende raconte que pour éloigner la bête, les villageois se sont déguisés en lion, ou qu'ils ont construit un mannequin de lion, ou encore qu'ils ont utilisé des miroirs pour que la bête prenne peur face au reflet de sa propre image.

 

Le Lion et le Moine (ou le «Bouddha souriant»)

Cette légende parle d'un village envahi par les rats. Un jour, un lion apparait dans ce village et dévore tous les rats. Mais une fois les rats partis, il s'en prend aux villageois. Un moine bouddhiste qui se trouvait dans le village réussit à apprivoiser le lion à l'aide de son éventail et en lui enseignant les pensées du bouddhisme. Le lion devient alors le protecteur du village.

 

Kwan Yin et le Lion

On raconte que le lion vivait dans les cieux, qu'il était très méchant et qu'il créait beaucoup de problèmes. L'Empereur de Jade excédé par le lion, le fait décapiter. Mais la déesse de la miséricorde, Kwan Yin, a pitié de lui et décide de l'aider. Elle envoie un ruban rouge enchanté pour lui rattacher la tête à son corps. Après l'avoir ressuscité, elle lui explique que pour récupérer ses forces et pour retourner au ciel, il lui faut trouver et puis manger une plante magique qui est gardée par un moine bouddhiste. En reconnaissance à la déesse Kwan Yin, le lion se met ainsi sur la voie du bouddhisme.

 

Le rêve de l'empereur

Une légende plus réaliste explique que l'Empereur de la Dynastie Tang fit un rêve ou il vit une bête étrange. A son réveil, il ordonna à ses hommes de reconstruire l'animal de ses rêves.

Dans ces légendes on trouve donc l'explication de certains symboles et histoires qui sont représentés pendant les rituels associés à la danse du lion : la faim du lion, la figure du dompteur («Bouddha souriant»), la salade, le bruit des pétards, le ruban rouge, les percussions, le miroir.

 

Historique de la reproduction de la pratique et des porteurs de la tradition en Île-de-France

Les estimations démographiques sur la diaspora chinoise en France (personnes d'origine chinoise qui sont nées ou ont immigrés en France) varient, allant de 200 000 à 700 000 personnes. Bien qu’elle ne représente qu'une petite partie de la diaspora chinoise mondiale, elle est la plus grande communauté chinoise en Europe.

La première vague migratoire chinoise en France date de la période de la Première Guerre Mondiale, pendant laquelle 150 000 chinois ont été embauchés. Quand la guerre termine, une petite partie de ces migrants décident de rester dans la capitale, en s'installant à Paris au tour de la Gare de Lyon.

Au fil des années, la population commence à grandir et beaucoup de Chinois décident de s'installer dans le Marais, quartier à l’époque pas cher et peu attractif pour les parisiens. Un premier vrai quartier chinois voit alors le jour. Il résiste jusqu’à nos jours avec sa continuation «naturelle» vers le Nord-Est de la ville, au long de l'axe de la rue du Temple, dans le quartier de Belleville.

Puis, l’expulsion des Chinois du Vietnam et Cambodge dans les années 1970 a conduit à une vague d'immigration dans le quartier « gratte-ciel » près de la Porte d'Italie, la Porte de Choisy et la Porte d'Ivry, dans le 13ème arrondissement. Aujourd'hui, c'est là que se trouve le quartier asiatique le plus grand de Paris et d'Europe, avec une population estimée à un peu près 50 000 personnes.

C'est dans ce quartier, aussi dénommé Triangle de Choisy, qui a eu lieu en 1984 la première représentation de la danse du lion à Paris. C'est l'association RCFA (Rencontre et Culture Franco-Asiatique) qui a eu l'initiative d'organiser le premier défilé pour le Nouvel An chinois et d'acheter une première tête de lion. xii Certains parmi les maîtres de la danse du lion qui sont encore en activité aujourd'hui à Paris faisaient partie de cette première équipe.

Entre eux, Nai Hung Quach, qui est aujourd'hui le maître de l'équipe Yeng Mow Tang - LDFA (Lion Dance Franco-Asiatique). Cette équipe représente la continuation naturelle du premier groupe créé par l'association RCFA, on peut donc le considérer comme le groupe de danse du lion le plus ancien de Paris, avec ses 33 ans d'existence. Aujourd'hui Sifu Quach s'occupe surtout de la transmission du kung-fu de style chow-gar au sein de l'association, en laissant depuis 2009 la pratique de la danse du lion à deux de ses élèves, Alain et Dara Phy.

Le siège de l'association est situé avenue de Choisy dans le 13e arrondissement de Paris. Dans celui-ci se trouve un autel traditionnel et une statue qui défile tous les ans pendant le Nouvel An dans le quartier. LDFA organise des cours de danse du lion de tout niveau et des démonstrations pour les commerces, les célébrations tel que le nouvel an et les rituels de la communauté asiatique, tels que mariages et baptêmes.

 

Le type de tête utilisé par cette équipe est la Fut San et les démonstrations varient d'un style de danse plus traditionnel au sol, comme dans le cas du rituel du «choy ching», à un style plus moderne, sportive et acrobatique sur poteaux. L'équipe s'exhibe à chaque Nouvel An dans une danse sur poteaux très spectaculaire devant le magasin «Tang Frères», qui est devenu un des rendez-vous incontournables du nouvel an chinois parisien.

L'équipe participe aussi à des compétitions internationales de la danse du lion et ses élèves effectuent des voyages en Asie pour l'apprentissage direct avec des maîtres de la discipline, notamment en Malaisie.

Une autre équipe parisienne de danse du lion est l'AFDDLC (Association Française de Danse du Dragon et du Lion Chinois). Elle a été crée en 2003 par cinq amis, tous pratiquants de kung-fu et de danse du lion depuis leur jeune âge. L'intention de ses créateurs était de faire évoluer la danse du lion vers une forme plus «parisienne» et plus libre de la tradition. Ça ne veut pas dire que le groupe soit complètement détaché du coté plus traditionnel de la danse du lion: en fait, l'équipe participe aux célébrations de la communauté asiatique tel que le Nouvel An et réalise encore des rituels comme l'éveil du lion ou le « choy ching ». Par ailleurs l'équipe tente de proposer un style nouveau, en personnalisant les chorégraphies exécutées et le dessin de leur équipement.

Aujourd'hui le groupe est guidé par Jean-Marc Liv et Pascal Huy. Ils donnent des cours de danse du lion de tout niveau dans un centre d'animation situé rue Dunois, dans le 13e arrondissement. L'équipe se produit dans des démonstrations pour les commerces, les célébrations et les rituels de la communauté asiatique, mais elle a aussi été capable de se construire un espace de pratique plus détaché de la communauté asiatique, par exemple chaque année à la présentation de Miss France aux Printemps Haussman ou pendant des Festivals musicaux en France et à l'étranger.

L'équipe a aussi un lien avec un groupe de danse du lion malaisien et effectue des voyages pour aller s'entrainer avec ses danseurs. Elle participe aussi à des compétitions internationales.

Une autre équipe parisienne de danse du lion est Paris Lion Sport . Née en 2012 à l'initiative de trois élèves du maître Wong, appartenant lui aussi à la première génération de danseurs de Paris, l'équipe compte déjà une quarantaine de membres. François Ung est le responsable de l'association et de l'enseignement de la danse du lion. L'association organise des cours de tout niveau et s'exhibe pendant le nouvel an chinois mais aussi pour les célébrations et événements les plus divers. Comme d'autres équipes parisiennes, l'association effectue des stages en Asie, notamment en Malaisie et à Singapour, et participe à des compétitions internationales de danse du lion sur le sol ou sur poteaux.

Il existe également, DLDA, une équipe née de la volonté de certains anciens membres de LDFA de développer un style diffèrent de danse. En fait, cette équipe pratique aujourd'hui le style Hok San. L'association a été crée en 2010 et elle est basé dans le 13e arrondissement de Paris. Elle offre des cours de danse du lion, des exhibitions pendant le Nouvel An ou d'autres événements et participe comme les autres équipes parisiennes à des stages en Asie et des compétitions internationales.

Le dernier groupe de danse du lion à naitre à Paris est l'équipe rattachée à l'école de kung-fu Pak Mei. Cette école nait en 2011 à l'initiative de Benjamin Culos, disciple de Sifu Lao Wei San de l'école de Pak Mei de Foshan en Chine. Après un long apprentissage des principes de ce style de kung-fu traditionnel, il retourne en France où il décide de fonder sa propre école, avec l'autorisation de son maître. Il devient donc officiellement Sifu. Depuis 2013, Benjamin Culos décide de former au sein de son école une équipe de danse du lion avec ses meilleurs disciples. Il suit dans cette démarche la tradition des équipes de kung-fu de Foshan.

 

Contrairement à d'autres équipes parisiennes, l'équipe Pak Mei effectue des voyages seulement à Foshan en Chine, à l'école où son maître s'est formé. L'enseignement de la danse du lion suit les règles d'apprentissage les plus traditionnelles liées aux principes du kung-fu et du style de danse Fut San. L'équipe présente une autre particularité, car presque la totalité de ses élèves ne sont pas d'origine asiatique, comme il s'avère au contraire être le cas pour la majorité des élèves des autres équipes parisienne. L'équipe donne des démonstrations de danse du lion à Paris pendant des événements les plus divers.

En fin, au moins trois autres écoles de danse du lion existent en région parisienne, la 13 AS Pride and Honor Lion Dance, la Wudang Lion Dance et une équipe rattachée à l'Association Amicale Cantonais France.

Étant donné qu’il existe plusieurs écoles en Île-de-France qui pratiquent la danse du lion, on peut considérer que la pratique jouit d’une bonne vitalité; néanmoins, il est important de noter que la viabilité de cet élément est aussi liée à l’accueil par la société parisienne et à l’adaptation de cette pratique au nouveau contexte. Certains maîtres soulèvent par exemple le problème de la langue pour la bonne transmission de la pratique. En ce qui concerne l'accueil de la pratique, on peut noter que les institutions la soutiennent, car en règle général, les permis pour pratiquer la danse dans les rues de la capitale sont toujours accordés par les autorités. En ce qui concerne l’adaptation de cette pratique au contexte parisien, on peut observer qu’il existe une population de plus en plus nombreuse, pas forcément d’origine asiatique, mais qui est intéressée par la formation à cette danse. Egalement, le public qui participe aux représentations s’élargie à des populations d’autres nationalités.

Malgré cette vitalité, il faut considérer que certains éléments parmi les plus traditionnels se trouvent en péril car de moins en moins de maîtres sont nés en Asie. Pour palier à ce problème, on observe que dans toutes les équipes qui pratiquent la danse du lion, il y a l’effort de former leurs professeurs en Asie.

Nous pouvons constater la disparition de certains rituels de la danse comme par exemple: la lutte du lion contre d’autres animaux, la danse sur des cordes et le jeu des «huit immortels».

Par ailleurs, certaines écoles manifestent que l’absence d’une fédération de type sportive qui permettrait de participer à des compétitions organisées de manière plus formelle est d’une certaine manière un obstacle à la continuité et au développement de la pratique. Un élément lié à ce problème est la difficulté des équipes à financer des compétitions au niveau national75, car toutes les équipes sont autofinancées. En effet, pour palier à leurs besoins économiques, les équipes font le plus souvent appel à des dons.

La principale occasion de mise en valeur de la danse du lion est bien sûr le défilé du nouvel an chinois. Toutes les équipes rencontrées participent aux célébrations liées à cette festivité. Un autre geste fait preuve du souci de la part des équipes pour la mise en valeur de cette pratique, c’est la recherche de nouveaux espaces où pouvoir représenter la danse. De plus en plus, les équipes se mobilisent pour se produire dans d’autres types d’événements pas forcément liés à la culture asiatique comme des festivals musicaux, des promotions commerciales, etc.

Une autre forme de mise en valeur est la participation des équipes à des compétitions internationales qui ont lieu la plupart du temps en Asie et auxquelles, les équipes participent à leurs frais. Cette participation fait preuve du haut niveau atteint par les équipes parisiennes.

Un cas particulier du travail effectué par les équipes parisiennes pour la mise en valeur est celui de AFDDLC. Cette équipe a créé un nouveau dessin pour une tête de lion à partir d’une nouvelle combinaison de couleurs, ceci a d’abord provoqué des réactions de surprise chez certains des maîtres qui fabriquent les têtes, mais finalement, la tête créée par cette équipe a été choisie pour faire partie du catalogue d’un des maîtres reconnus de Malaisie.

En ce qui concerne les mesures de sauvegarde, on peut citer le cas des voyages d’étude organisé par toutes les équipes pour aller se former dans différents pays d’Asie. Chaque équipe a désormais un partenaire asiatique, ce qui leur permet d’échanger de manière assidue.

La participation et dévouement des pratiquants fait preuve d’un engagement clair pour la valorisation de la pratique et sa sauvegarde.

 

Recherche, études, documentation

La littérature scientifique au sujet de la danse du lion chinoise en langue française n'est pas abondante. Les portails et bases de données consultés ne donnent pas beaucoup de résultats. Dans le détail, la base de données SUDOC restitue un résultat pertinent (un article sur une troupe de danse du lion de Taiwan), le portail CAIRN quatre résultats (trois articles sur le nouvel an chinois qui abordent la danse du lion comme élément associé et un article sur le 13e arrondissement de Paris), le portail Musiques du monde un résultat (la notice d'un spectacle de danse du lion pendant le Nouvel An vietnamien à la Maison de l'UNESCO). Une vidéo relative au Nouvel An chinois en France, datée du 1996, est aussi présente sur le portail INA.

En ce qui concerne les portails de littérature et d'encyclopédie plus « populaires », tels que Wikipedia et Google Livres, les résultats sont plus nombreux. Wikipedia France dédie une page à la danse du lion chinoise87, et d'autres pages à des « éléments associés », tel que le Nian, l'Histoire des Trois Royaumes, les quartiers asiatiques à Paris, les arts martiaux chinois. La recherche sur Google Livres des mots clés « danse du lion chinoise » restitue au moins une douzaine de résultats pertinents.

Enfin, des livres qui traitent la danse du lion chinoise sont présents sur différents portails de e- commerce, dans leurs sections « livres », notamment celle que certains définissent comme étant la « bible » de la danse du lion, « Chinese Lion Dance Explained » de William C. Hu, qui malheureusement est vendue à un prix inaccessible autour des 600 dollars.

 

Modes de reconnaissance publique

Entre les modes de reconnaissance publique, les défilés du Nouvel An chinois sont les plus évidents. En 2015, trois défilés ont eu lieu à Paris (13e arrondissement, Belleville et République/Temple, au lieu du défilé usuel de l'Hotel de Ville). Deux autres défilés ont été objet de cette recherche, celui de Noisy-le-Grand et celui d'Aubervilliers. Toutes les Mairies concernées par ces célébrations ont aussi organisés différents spectacles de danse du lion. Une autre représentation publique de danse du lion a eu lieu au Musée Guimet, toujours pendant les célébrations du Nouvel An chinois.

 

Vulgarisation, conférences

Pour l'année 2015, on a connaissance d'une seule conférence qui a abordé le thème de la danse du lion, dans le cadre plus ample de la reproduction du Nouvel An chinois en Europe. Cette conférence s’est tenue à l'Université Paris 7 – Diderot le 17 février, par Madame Jing Wang.91

 

Presse, télévision, sites internet

Pendant les festivités du Nouvel An chinois, plusieurs journaux et chaines télé diffusent des articles et des reportages au sujet de cette célébration en Asie et en France. Souvent la danse du lion est l'élément le plus présent dans les images de ces reportages. Entre autres, la chaine télé BeIn Sport a dédié un reportage à une des équipes parisiennes de danse du lion, le Pak Mei. Hors la période du Nouvel An, la présence de la danse du lion est presque nulle sur la presse et la télévision.

En ce qui concerne le web, nous signalons tout d'abord que toutes les équipes de danse du lion franciliennes ont un propre site Internet93, dans lequel elles publient leurs activités et donnent certaines informations au sujet de la danse du lion. Certaines ont aussi un compte Facebook, dans lequel elles publient l'actualité et des contenus photo et vidéo.

Sur le portail Youtube sont disponibles plusieurs vidéos des danses exécutées par les différentes équipes parisiennes.

D'autres résultats intéressants sont présents sur des blogs dédiés à la culture chinoise et sur les sites de certaines équipes de danse du lion hors-France.

J.P. Hassoun, Pratiques religieuses et entreprises chinoises à Paris. Un paysage favorable,

Revue Européenne des Migrations Internationales 1992/3 Vol. 8 pp. 139-154 (voir ici)

Vicente J Valls (2014) Acerca de las Danzas de León Chino

Wolfgang Behr, « Hinc sunt leones – two ancient Eurasian migratory terms in

Chinese revisited », International Journal of Central Asian Studies, 9 (voir ici)

Laurence E. R. Picken (1984). Music for a Lion Dance of the Song Dynasty. Musica

Asiatica: volume 4. Cambridge University Press. p. 201 (voir ici)

Mona Schrempf (2002), "chapter 6 - The Earth-Ox and Snowlion", in Toni Huber,

Amdo Tibetans in Transition: Society and Culture in the Post-Mao Era, Brill, p. 164

Asian Material Culture, Amsterdaml University Press, 2010, 105-135 p. 

Wang Kefen, The History of Chinese Dance, China Books & Periodicals,p. 53

Web : South Lion : the Guagzhou Lion Dance

Web : Lion dance : The History 

Web : Mythes et Légendes 

Pour plus d'information au sujet de la diaspora chinoise en France et de sa composition :

Les données statistiques de APUR ( http://www.apur.org/ ) et de IAU-IdF ( http://www.iau- idf.fr/ ).

Bernard Dinh (2008), Enjeux et limites d'une approche patrimoniale de l'immigration :

Les cas chinois. Trajectoires, Paris (voir ici)

Jean-Pierre Hassoun et Yonh Phong Tan (1986), Les Chinois de Paris : minorité culturelle ou constellation ethnique ? Terrain, n° 7, pp.34-44 (voir ici)

Web : « Chinois de France » ne veut rien dire (lien)

A.F.A - Association française des anthropologues (1986), Actes du Colloque International – Vers des sociétés pluriculturelles : études comparatives et situation en France (voir ici) xiii

- Anne Raulin, Utopies locales et laboratoire social : l’exemple du 13eme arrondissement de Paris. L’année sociologique. 2008 /1 vol. 58.

Jing Wang. Le nouvel An Chinois à Paris. Sur les scènes de l’altérité. Gradhiva 2013/1 n°17

Estelle Auguin. Le nouvel An Chinois à Paris : théâtre d’économies ethniques.

Revue Européenne des Migrations Internationales 2004/3 Vol.20

Jacqueline Lalouette. Une fête sociétale, le 1er Janvier. Dans : jour de fête. Fêtes légales et jours fériées dans la France contemporaine. Tallandier. 2010.

Nouvel an chinois en France. INA 1996

Rédaction de la fiche: Simone Tortoriello, Frida Calderon, Daniel Ortiz, Pepe Pastor – Association Île du Monde

http://www.iledumonde.org/

Lien à la vidéo documentaire:

http://www.dailymotion.com/video/x4xoi3b_la-danse-du-lion- asiatique-en-ile-de-france_sport

Photos, prises de vue, entretiens et vidéos réalisés par l'association Île du Monde

Numéro de fiche d'inventaire : 2014_67717_INV_PCI_FRANCE_00355

N° ARKH : ark:/67717/nvhdhrrvswvk26x

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : https://www.pci-lab.fr/images/pdf/Tutoriel.pdf

Contribuer Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Danse_du_lion

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