Précédée par quatre soirées de chapelets organisées par des bénévoles de la paroisse Notre-Dame de la Roya particulièrement attachés à Notre-Dame de la Visitation, une neuvaine est organisée le samedi par des bénévoles dans la chapelle de Notre-Dame de la Visitation. La fête commence le matin du dimanche vers dix heures avec la messe.

Précédée par quatre soirées de chapelets organisées par des bénévoles de la paroisse Notre-Dame de la Roya particulièrement attachés à Notre-Dame de la Visitation, une neuvaine est organisée le samedi par des bénévoles dans la chapelle de Notre-Dame de la Visitation.
La fête commence le matin du dimanche vers dix heures avec la messe. Une épingle fabriquée par des bénévoles avec des rubans bleu ciel, rose ou blanc et des médailles de la Vierge achetées dans une boutique d’objets religieux en Italie, est accrochée aux vêtements des participants en échange d’une obole librement offerte à l’entrée de la fête. Cette contribution sert à financer l’achat des boissons pour l’apéritif, les fleurs et les médailles.
Après la messe et la procession où la statue de la Vierge est portée le long du torrent, les élus locaux adressent un discours aux participants. À la fin du discours un apéritif est offert à l’ensemble des participants et des chants sont improvisés par un groupe de chanteurs occasionnels. Les organisateurs déjeunent sur place. Dans l’après-midi un chapelet est récité dans la chapelle. Plus tard, un joueur de clarinette et un joueur d’accordéon sympathisants de cette fête, arrivent des villages piémontais de l’autre côté du Col de Tende et s’installent sous la bâche. Les musiciens commencent à jouer des courente et balèt et des valses. Les participants à la fête dansent sous la bâche jusqu’à l’heure du dîner et des contributions sont récoltées pour récompenser les musiciens. La famille des prieurs avec ses invités et les musiciens restent à dîner sur place et durant le dîner des chants sont improvisés. Après le dîner les bals recommencent alternés ou accompagnés par des chants. Les gens de Tende présentent la fête de Vievola comme "l’archétype, survivant et archaïque, de la fête typique de Tende, pour la raison implicite de l’origine piémontaise de ses acteurs actuels" (ISNART Cyril, 2009a. "Le chant des origines, Musique et frontière dans les Alpes", in Ethnologie française, 3 : 483-493.).

Description des lieux et des installations :
La chapelle de Vievola, hameau à 4 kilomètres de Tende et dernière agglomération avant la frontière Italienne, est située sur la route transfrontalière qui mène de la vallée de la Roya française au Piémont italien.
Les bals et les danses se déroulent sous le porche de la chapelle et sous une bâche adjacente où sont installés un bar, des tables et des chaises.

Nature de lieu :
Édifice religieux (chapelle) et adjacents, le porche, la bâche et les champs.

Description de la transmission :
La transmission se fait par immersion au sein du groupe. L’organisation se fait sur une base bénévole. Auparavant les prieurs sortants étaient censés passer la main aux prieurs entrants et leur expliquer le fonctionnement de la fête. Depuis quelques années la famille Orsini assiste les nouveaux prieurs dans l’organisation des rites et des repas. Les membres de la famille Orsini ont tous été prieurs et prieuresses. Même si les prieurs venaient aussi de Tende, la famille Orsini qui habitait à côté de la chapelle, s’est toujours impliquée dans l’organisation de la fête.

Lieu de transmission :
Vievola et Tende.

L’histoire mouvementée de ce territoire explique la superposition des identités française et italienne. En 1388, la vallée de la Roya entre dans la Maison de Savoie, à l’exception de Tende qui sera acquise seulement en 1581. La Roya fait partie du comté de Nice, dépendant du duché de Savoie, jusqu’en 1860, à l’exception d’une parenthèse d’annexion à la France (1792-1814). En 1860 le comté de Nice revient à la France, à l’exception de Tende et de La Brigue qui resteront territoires piémontais jusqu’en 1947. Néanmoins les échanges commerciaux, les transhumances et les migrations saisonnières entre Tende et la région niçoise demeurent importants.

La fête de Vievola est consacrée à la visitation de sainte Marie à sainte Élisabeth et se tient le premier dimanche de juillet dans la chapelle du hameau, construite au XVIIe siècle suite à un vœu de la commune pendant une épidémie de peste. L’organisation matérielle de la fête est confiée à un prieur ou à une prieuresse, membres de la communauté paroissiale et nommés pour deux ans.
Jusqu’aux années 1960, un cafetier de Tende montait à Vievola lors de la fête pour y vendre des boissons pendant l’apéritif. Avec l’interruption de cette pratique la fête a pris un côté plus proprement religieux que convivial. À partir de 1977 il a été décidé de faire venir à nouveau un barman de Vievola. Ensuite, dès 1985, les prieurs mêmes ont demandé l’autorisation pour faire une petite buvette. À partir de 1999 Lucie Orsini et son mari se sont chargés d’organiser la buvette pour assurer la convivialité de la fête.

Exemple de la vitalité de la culture de la mobilité transalpine, la fête de Vievola intègre des pratiques musicales et chorégraphiques qui évoluent à travers la frontière franco-italienne (Cf. Fiches d'inventaire "Chants polyphoniques", "Courente" et "Balèt"). Les analyses ethnologiques plus récentes présentent la fête de Vievola comme une "dynamique festive transfrontalière […] qui s’appuie sur les liens généalogiques et le partage des pratiques entre descendants de migrants et leurs villages d’origine." (ISNART Cyril, 2009a. "Le chant des origines, Musique et frontière dans les Alpes", in Ethnologie française, 3 : 483-493.).
Le hameau de Vievola a été en effet exploité par des migrants piémontais dès le début du XXe siècle. Aujourd’hui la présence d’Italiens piémontais (les musiciens) ainsi que la performance de chants polyphoniques profanes en piémontais et de danses locales de type également piémontais contribuent à affirmer, dans la perception locale, l’authenticité de cette fête (ISNART Cyril, 2009b. "Cette fête et cette église, c’est notre patrimoine" Patrimonialisation, clientélisme politique et affects dans le sud de la France, intervention au colloque "Vivre du patrimoine" Università di Corsica Pasquale Paoli, 29 et 30 janvier 2009, Corte.). Les jeunes Italiens, qui aujourd’hui fréquentent volontiers les fêtes de Vievola, sont considérés comme les gardiens de traditions qui "sont en train de se perdre" du côté français : il jouent encore de l’accordéon, leur façon de chanter et danser, plus rapide que celle actuelle de Tende, est considérée comme le mode originaire. L’importance des composantes rituelles est accrue par l’introduction, depuis 10 ans, de la récitation des chapelets. Le côté festif dépend de la disponibilité et de l’implication des prieurs qui tend à s’affaiblir : dans le passé les nouveaux prieurs étaient nommés par les prieurs sortants sans leur demander un avis. À partir de 1998 il est devenu difficile de trouver des prieurs qui acceptaient cette responsabilité. Lucie Orisini et son mari ont alors pris la relève et se chargent des responsabilités des prieurs : nettoyer et fleurir la chapelle, acheter et préparer les médailles, organiser le temps de prière et l’apéritif.

Actions de valorisation :
La fête est mentionnée sur des sites Internet qui donnent des informations touristiques sur la région.

Diffusion :
Des affiches préparées par Lucie Orsini indiquent les horaires de la messe, de la procession, de l’apéritif et des chapelets. Elles sont apposées sur les portes des églises de Tende et de Vernante (en Italie).

Le maire et des élus locaux participent à la messe et à l’apéritif qui la suit. Entre ces deux temps, leurs discours officiels soulignent la valeur patrimoniale du site et la valeur identitaires des pratiques contextuelles à la fête.

- ISNART Cyril, 2009a. "Le chant des origines, Musique et frontière dans les Alpes", in Ethnologie française, 3 : 483-493.

- ISNART Cyril, 2009b. "Cette fête et cette église, c’est notre patrimoine" Patrimonialisation, clientélisme politique et affects dans le sud de la France, intervention au colloque "Vivre du patrimoine", Università di Corsica Pasquale Paoli, 29 et 30 janvier 2009, Corte.

Personne(s) rencontrée(s)

Lucie Orsini, membre de la paroisse de Notre-Dame de la Roya, à plusieurs reprises prieuresse de la fête.

Localisation (région, département, municipalité)

Provence-Alpes-Côte d'Azur, Alpes-Maritimes, Tende.

Adresse : Chapelle de Vievola
Ville : Tende
Code postal : 06430

Indexation 123400 (fête) ; 123480 (bal) ; 932400 (chant et cantique)

Dates et lieu(x) de l’enquête : 4, 5 et 6 juillet 2009, Tende
Date de la fiche d’inventaire : 28 mai 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Cyril Isnart et Chiara Bortolotto
Nom du rédacteur de la fiche : Chiara Bortolotto

Supports audio
Entretien avec Lucie Orsini 2' 13''

Supports vidéo
Fête de Notre-Dame de la Visitation à Vievola, 2' 58"

Photographies
trois

Commentaires
La fiche a été soumise à Lucie Orsini pour validation. La première version de la fiche a été commentée et corrigée par téléphone.

N° d'inventaire Ministère Culture : 2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00080
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2rm

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fete_de_Notre-Dame_de_la_Visitation_a_Vievola

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