D'origine asiatique, puis exportée par les missionnaires catholiques en Amérique du Sud, la piňata a une forme basique d'une boule avec sept pointes, représentant les pêchés capitaux, contre lesquels, le chrétien doit se défendre. Armé d'un simple bâton de bois, représentant la foi, le croyant doit frapper le mal, qu'est la piňata, après avoir tourné sur lui-même, trente-trois fois, symbolisant l'âge du Christ. Aujourd'hui, utilisée le plus souvent lors d'anniversaires, les enfants frappent la piňata, fabriquée en papier mâché, ayant une forme quelconque, selon le goût de chacun, pour le simple plaisir de s'amuser. À chaque frappée, des bonbons ou autres friandises s'en extraient.

La piñata est un objet modelé à partir de matériaux facilement cassables dans lesquels  sont cachés des bonbons et des petits jouets.
Une ou plusieurs piñatas sont préparées à l’occasion des fêtes traditionnelles auxquelles participent des enfants ainsi que pour les anniversaires. 
Décorée de façon voyante, elle peut avoir la forme d’étoile à cinq, six ou sept pointes, surtout lors des fêtes traditionnelles comme la posada (voir fiche). Une piñata peut aussi, notamment lors des anniversaires des enfants, avoir la forme d’animaux réels ou fantastiques (poissons, chiens, dragons), de personnages des dessins animées, monstres, clowns etc. 

  • Sa fabrication:

Pour confectionner une piñata on gonfle un ballon sur lequel est modelé un corps rond en papier mâché. Le papier est ensuite modelé pour obtenir des formes différentes si l’on souhaite obtenir une piñata d’une forme particulière. Les cônes de l’étoile ou les éventuelles parties saillantes sont appliquées sur le corps central qui est ensuite recouvert de papier crépon. Pour confectionner une piñata avec les matériels dont on dispose en France il faut compter au minimum trois heures.

  • Son utilisation:


La piñata est suspendue à une corde qui oscille. Les yeux bandés, les enfants essayent l’un après l’autre de casser la piñata à l’aide d’un bâton.
Les adultes qui assistent chantent pour inciter les enfants à frapper la piñata :

Dale, dale, dale,
No pierdas el tino;
Porque si lo pierdes pierdes el camino. 
Ya le diste una, ya le diste dos;
Ya le diste tres, y tu tiempo se acabó !"

Lorsque les enfants arrivent à casser la piñata, son contenu tombe au sol et l’ensemble des enfants peuvent enfin récupérer les sucreries cachées à l’intérieur. 
Des piñatas confectionnées en tailles différentes et au goût du client peuvent être achetées, avec les bâtons à  piñata, dans des boutiques à Paris ou commandées sur des sites spécialisés de vendeurs basés en France.

  • La fabrication des piñatas occupe les organisateurs des fêtes mexicaines comme la posada au sein des associations mais elle peut prendre une forme plus organisée et être conçue dans une perspective explicite de transmission.
  • Des ateliers de construction de piñatas et de "bolos" (petits sachets décorés  contenant des bonbons et gourmandises pour les enfants) ont été organisés au sein des écoles avec la participation des parents d’origine mexicaine. Lorsque son fils Omar était à l’école maternelle, par exemple, Janela a été invitée par la maitresse  et la directrice de l’établissement à organiser une fête de fin d’année  et une  posada. La préparation de ces fêtes a pris plusieurs mois durant lesquels elle s’est mise à disposition deux à trois jours par semaine pour apprendre aux enfants ainsi qu’au personnel enseignant comment créer des piñatas. Ainsi, pour la posada, la classe a fabriqué trois piñatas « géantes » et chaque enfant a réalisé une piñata individuelle et personnalisée.
  • À Paris, la transmission de ce savoir-faire se fait aussi dans une perspective entrepreneuriale et sociale: Elena Farah est une piñatera parisienne qui crée ces objets depuis la moitié des années 1980. Après avoir fait une école d’art, elle a appris seule, à l’aide d’un livre sur le papier mâché. Petit à petit elle a perfectionné sa technique et en 2003 elle a ouvert une boutique où elle vend des piñatas qui aujourd‘hui sont pour a plupart créées par les détenus de la prison de Fleury-Mérogis. À partir de 2006 Elena Farah a ouvert un atelier de piñatas dans cette prison où elle a formé des détenus. Aujourd’hui deux détenus travaillent à plein temps produisant environ 100 piñatas par mois qui sont ensuite vendues sur Paris ou livrées en France mais aussi dans d’autres pays européens.

Des explications sur les origines de la piñata sont fournies aux participants des fêtes organisées par les associations, par les organisateurs mêmes de ces manifestations. Des panneaux affichés dans les salles louées pour la fête présentent alors les origines des piñatas. Selon ces interprétations, que l’on retrouve aussi sur des sites internet consacrés aux traditions mexicaines, la piñata aurait des origines chinoises. Marco Polo l’aurait ensuite importée en Italie (où le terme "pignatta" indique une casserole fragile en terre cuite) d’où elle serait passée en Espagne et donc au Mexique. Les missionnaires auraient utilisé la piñata pour évangéliser les Indiens : elle aurait représenté la tentation qui devait être battue par le pénitent, dont les yeux étaient bandés, et qu’on faisait tourner 33 fois, selon l’âge de Jésus, sur lui-même. 

La fabrication des piñatas à Paris s’adapte à la typologie des matériaux disponibles en France.
Le récipient utilisée au Mexique comme corps central de la piñata est une typologie particulière de jarre en terre cuite qu’on ne trouve pas en France. La plupart des piñatas fabriquées en France sont alors en papier mâché.
Même si les boutiques d’objets mexicains à Paris vendent les mêmes jouets que l’on met dans les piñatas  au Mexique, les fruits qui sont cachés dans les piñatas ne sont pas faciles à trouver à Paris (téjocotes, un fruit en forme de petite pomme couleur orange, canne à sucre, etc.). Les surprises placées dans les piñatas parisiennes sont donc choisies parmi les objets et les sucreries disponibles sur place. Au regard des piñatas qui sont vendues à Paris, le changement le plus marquant concerne toutefois les techniques de réalisation.
Le coût de la main-d’œuvre en France étant beaucoup plus élevé qu’au Mexique, des stratégies ont été élaborées pour créer des piñatas de façon plus rapide : si au Mexique on utilise le papier soie découpé à la main pour en revêtir les piñatas, en France on use en revanche du papier crépon, déjà découpé. Plus cher que le papier de soie, il permet cependant de rendre le processus de décoration beaucoup plus rapide. 

  • Plusieurs articles sur les piñatas et sur la boutique d’Elena Farah sont parus dans la presse française.

Personne(s) rencontrée(s)

  • Janela Gosain
  • Elena Farah

Localisation (région, département, municipalité)

  • Paris

Indexation : 435 (objet symbolique)
Dates et lieu(x) de l’enquête : Paris, 2007-2010
Date de la fiche d’inventaire : 15 décembre 2010
Supports vidéos:

  • Elena Farah, boutique La Piñata, 5' 35 ''
  • Elena Farah, préparation d’une piñata 1' 57''
  • La Piñata, Paris décembre 2010 8' 11'' 

Photographies:  2
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Chiara Bortolotto
Nom du rédacteur de la fiche : Chiara Bortolotto

N° d'inventaire Ministère Culture : 2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00083
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk21r

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pinata

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