Le dimanche en début d’après midi le comité des fêtes décore les 3 camions qui sillonneront les chemins de la commune. La jeunesse se répartie dans ces camions où au moins un des « conscrits » de l’année doit se trouver. Guirlandes, ballons, cahiers de chants et musique sont ainsi princes du moment.

Les sérénades, héritière des quêtes de conscrits, s’organisent dans le cadre des « Fêtes de Montaner ». Le dimanche en début d’après midi le comité des fêtes décore les 3 camions qui sillonneront les chemins de la commune. La jeunesse se répartie dans ces camions où au moins un des « conscrits » de l’année doit se trouver. Guirlandes, ballons, cahiers de chants et musique sont ainsi princes du moment. L’habillage des camions se réalise avant le début immédiat des sérénades et dès que les décorations des véhicules sont tout juste terminées, la jeunesse montanérése en prend possession et commence les « tournées ».

Les « conscrits », garçons et filles dans leur dix-huitième année, occupent une place centrale dans ce processus, ce sont en effet eux qui légitiment cet événement. Après différents moments majeurs de la matinée comme leur présence à la messe et le dépôt de gerbe au monument aux morts, ils vont se présenter dans chaque maison de la commune, entourés des membres du comité accompagné de musiciens engagés pour l’occasion. Ce moment des fêtes prend ici des allures carnavalesques où la jeunesse arbore un costume improvisé pour l’occasion. Les conscrits sont gratifiés d’un chapeau et d’une cocarde achetés par le comité dans un magasin spécialisé en articles de fêtes.

Ces rencontres se réalisent autour de chants, danses et partages de nourriture et de boissons. Toutes les maisons du village reçoivent la sérénade, seules les demeures qui sont en deuils ou qui ne souhaitent pas la recevoir en sont exclues. Le comité des fêtes débute toujours la tournée des aubades à partir de la maison du maire puis les trois camions se séparent en direction des différents quartiers du village. On retrouve dans ces trois équipes un musicien, un ou plusieurs conscrit suivant les années et bien sûr les membres du comité qui sont également chanteurs. Ce processus se déroule sur un après midi. A 19h tout le monde est de retour pour servir l’apéritif aux villageois dans le foyer rural.

Chaque maison est honorée par des chants en français et en occitan, le musicien accompagnant, suivant ou devançant le groupe. Les membres du comité offrent des bonbons, cigarettes, épinglettes et parfois des bons de réduction donnés par des sponsors aux personnes qu’ils rencontrent dans les maisons qu’ils visitent, ces mêmes personnes les gratifiant d’« une pièce » glissée discrètement dans une boîte- tirelire. L’argent collecté entrant dans le financement des musiciens engagés pour animer la fête. Ces tournées annuelles sont un moment privilégié goûté par les ainés qui testent les capacités à chanter des jeunes et refont ainsi les généalogies familiales ainsi que la géographie villageoise.

Ces sérénades s’insèrent et participent à la tradition des fêtes de Montaner. Tous les jeunes du village, membre du comité peuvent y participer. D’autres personnes invitées par le comité peuvent y adhérer, notamment les compagnons et compagnes des jeunes natifs de la commune. Il est de coutume que tout les montanérés participent à ce moment durant leur jeunesse.

Cette pratique se forme autour des « conscrits », garçons et filles dans leur dix- huitième année. Ce sont eux, par leurs présences qui légitiment cet événement. La présence de musiciens engagés pour l’occasion est un élément important de ces sérénades. Les camions sont un « outil » indispensable à un passe-rue rapide.

Ballons de baudruche, cocardes, chapeaux, cigarettes, bonbons, épinglettes.

Les sérénades se déroulent à l’intérieur des bornes géographiques du village. Ce moment se produit à travers espaces privés et espaces publics mais aussi semi-publics.

Cette tradition se perpétue à travers le comité des fêtes. Les jeunes habitants dans la commune, natifs comme nouveaux résidents, sont invités à intégrer le comité des fêtes à partir de l’âge de 16 ans. Ils sont ainsi amenés à participer aux sérénades avant d’en être les acteurs centraux. On quitte le comité des fêtes « quand on le sent », entre 23 ans et 25 ans.

Une autorégulation se réalise à l’intérieur de ce groupe de jeunes, les plus âgés ayant un contrôle sur les débordements festifs des plus jeunes. Il ne suffit pas de faire la fête, il faut apprendre à la faire.

Le comité des fêtes est mû par une fonction inclusive inhérente à son renouvellement par l’intégration de l’ensemble des jeunes âgés de 16 ans présents sur la commune, mais également par le rôle qu’il fait jouer aux sérénades en intégrant les nouveaux quartiers et les néo-résidents.

Historique général :

« Le conscrit » résulte de la Révolution française, ce terme s’attache aux jeunes hommes âgés de 20 ans appelés sous les drapeaux enfin de réaliser leur service militaire. Ce facteur social va avoir des effets événementiels et bien vite il sera coutumier de célébrer, dans les campagnes françaises, cette conscription.

« Le conscrit » va devenir un marqueur de l’imaginaire collectif : il est un facteur de passage de la jeunesse à l’âge adulte. Cette tradition va se perpétuer, évoluer et s’adapter aux changements sociaux et culturels, des symboles locaux ou nationaux vont venir enrichir cet événement. Ainsi au lendemain de 1918, il devient coutumier de penser aux enfants du village tombés pendant la guerre. On voit ainsi les nouveaux « conscrits » apporter une gerbe de fleurs au pied du monument aux morts récemment érigé. La fête du « conscrit » se perpétue en s’appuyant sur les nouvelles idées fortes du moment. Elle va réussir, dans certains lieux, à gagner une telle puissance d’autonomie que l’abandon du service militaire, en 1996, ne l’arrêtera pas. Elle se maintient dans son rôle de passage entre jeunesse et majorité.

 

Historique particulier de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de la forme d'expression ou de l'espace culturel faisant l’objet de la fiche :

Montaner se retrouve dans ce processus de « conscription ». Le conscrit montanérés a ainsi tout un parcours à réaliser durant le dimanche des fêtes. De la cérémonie religieuse au dépôt de gerbe devant le monument aux morts. Les sérénades ne sont qu’une action de ce processus.

Ce système de sérénades est ancien, il s’est développé au fil du temps et selon des faits importants, il se construit sur des éléments français et occitan. Alors que le statut du conscrit nous renvoie à la nation France, la culture d’oc, à travers chants et diverses activités, joue aussi un rôle important, un métissage culturel se réalise dans cette tradition. Ainsi, il est coutumier d’entendre dans une même maison chanson française comme « L’Oiseau Blanc » et chanson occitane tel « Bèth chivalièr ». Ce métissage va se construire à travers le temps, varier avec les générations et les modes et passions du moment. Les sérénades des années 1960 sont bien différentes de celles que nous voyons aujourd’hui. « Conscrits » et « sous conscrits » occupaient alors une place importante dans l’organisation de la fête. Ce sont eux qui préparaient les sérénades en contactant les musiciens et dressant la liste des maisons à honorer. Les groupes se formaient à l’échelle du quartier et non du village. Trois quartiers composent la commune de Montaner, jusque dans les années 1975 chacun avait son église et donc sa fête patronale et chacun organisait ses sérénades. En 1975 tout fut concentré sur la fête du bourg et son saint patron, saint Michel. Cette date de fin septembre n’étant plus compatible avec la rentrée des classes qui actuellement se fait au tout début du mois de septembre, la date de la fête a été déplacée durant la seconde moitié du mois de juillet, ainsi la jeunesse peut organiser les festivités.

Cependant, malgré l’évolution des sérénades dans l’espace et le temps des éléments sont permanents tel le passe-rue qui assure un lien social important au niveau de la commune, c’est un des rare moment où les plus anciens font connaissance avec les jeunes du village. Ces sérénades ne reproduisent pas un modèle immuable, elles varient selon les modes et les fantaisies des conscrits, elles intègrent des nouveautés qui viennent s’agréger à des répertoires établis et si la cocarde demeure, le chapeau, quant à lui est sujet à interprétation.

Cependant il intéressant de remarquer que les sérénades de Montaner servent de modèle à certaines communes voisines où la tradition a été oubliée depuis un certain temps. Par exemple le village de Moncaup, n’a pas connut ou a oublié cette tradition, or depuis 5 ans on voit se construire des sérénades dans le cadre des fêtes du village et ce n’est plus le maire qui dépose la gerbe de fleurs au pied du monument aux morts mais les conscrits de l’année. Il est également coutumier de voir des jeunes de Montaner partir animer les sérénades voisines comme au village de Bedeille. Cela se fait de façon informelle selon les passions et amitiés personnelles.

Les sérénades de Montaner vivent en se nourrissent des passions du moment. Ce processus c’est construit sur une base socio-politique, le service militaire, qui s’est par la suite adapté et transformé en accord avec l’évolution de la société. Le lien social et le sentiment d’identitaire qui se dégage de cette pratique lui auront permis de toujours répondre aux attentes de l’ensemble de la population sur ce canton rural des Pyrénées-Atlantiques

Les villageois participent et reconnaissent cette festivité.

Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée :
Claude BIESPERE, ancien conscrit et ancien organisateur des Sérénades Alban LAGAHE, ancien conscrit,musicien,et ancien organisateur des sérénades. Dominique BAZET, ancien conscrit et ancien organisateur des sérénades. Jeremy BAZET, ancien conscrit et organisateur actuel des sérénades. Marie Delphine CLOUTE, ancienne conscrite et organisatrice actuelle des sérénades. Yannick POUEY, ancien conscrit et organisateur actuel des sérénades. Noelie BAZET, conscrite dans les sérénades 2013 et organisatrices actuelle des sérénades.

Municipalité, vallée, pays, communauté de communes, lieu-dit… :
Comité des Fêtes de Montaner

 

Ville : MONTANER
Code postal : 64460

 

Dates et lieu(x) de l’enquête : Juin/ Juillet 2013 Montaner
Date de la fiche d’inventaire : Janvier 2013
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Allar Mathieu/ Berdou Remi/ Casteret Patricia/ Pouey Yannick
Nom du rédacteur de la fiche : Pouey Yannick

Par le laboratoire ITEM, EA 3002, programme de recherche « Inventaire du patrimoine culturel immatériel en Aquitaine. » Université de Pau et des Pays de l’Adour.

 

N° d'inventaire Ministère Culture : 2013_67717_INV_PCI_FRANCE_00295
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2d6

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Montaner

Généré depuis Wikidata