Le rigodon est une forme de musique à danser et une danse populaire.
La danse connaît une grande variété de formes et se danse à 2, 4, 6 ou en grand nombre. C’est une danse énergique, vive, avec beaucoup de variations possibles, des jeux de pieds, des frappés et du jeu entre les partenaires.
Le rigodon est une forme de musique à danser et une danse populaire couramment associée aux territoires de l’ancien Dauphiné où elle a été dominante au XIXe siècle. Sa rythmique est binaire, les phrases mélodiques sont courtes, le tempo est vif. Le violon en est l’instrument historiquement emblématique. La danse connaît une grande variété de formes et se danse à 2, 4, 6 ou en grand nombre. C’est une danse énergique, vive, avec beaucoup de variations possibles, des jeux de pieds, des frappés et du jeu entre les partenaires.
Le rigodon est aujourd’hui joué et dansé par différents acteurs qui n’interviennent pas dans les mêmes contextes : des groupes se revendiquant “folkloriques” qui le pratiquent dans des formes adaptées à la scène, dans le cadre de démonstrations, et les musiciens et danseurs de musique traditionnelle, “Trad” ou “Folk” qui pratiquent le rigodon dans des bals et le jouent en concert. Tous ont le sentiment de jouer et danser une musique minoritaire et méconnue qu’il faut contribuer à transmettre. Chez la plupart des acteurs, la création est très présente et revendiquée comme un prolongement de la tradition.
Nous pouvons distinguer trois principaux parcours, par mi les personnes rencontrées :
Le premier en lien avec les groupes folkloriques, le second en lien avec le mouvement revivaliste (initié dans les années 1970), le troisième, hybride.
Si nous distinguons ces parcours, c’est qu’ils sont utiles pour comprend re les différentes approches, et parfois le temps long qu’il a fallu à chacun pour rencontrer et comprendre le point de vue des autres. Les appellations des uns et des autres : “groupes folkloriques”, “musique traditionnelle”, “musique Trad”, “musique Folk ”, ne suffisent pas à bien appréhender les parcours. Une connaissance plus approfondie des différents acteurs nous a permis de voir de nombreuses influences réciproques. Il est difficile aujourd’hui de classer ces acteurs dans une case unique tant les allers-retours et les liens entre eux sont nombreux, parfois à leur insu. Les groupes se revendiquant “folkloriques” ont lu et écouté les enquêtes produites lors du revival des années 1970 1980. D’autres acteurs qui se disent de musique traditionnelle, Trad ou Folk et ne se reconnaissant pas dans l'appellation “folklorique”, ont intégré des airs et des chorégraphies diffusées par les groupes folkloriques. Finalement, chacun explore bien le même répertoire dansé et musical et l’amène vers sa propre esthétique.
Un point commun à tous est le sentiment de jouer et danser une musique minoritaire, peu plébiscitée. Cette pratique est pour tous une forme de militantisme : maintenir, faire revivre, jouer, s’exprimer, (re)créer, à partir d’une expression populaire des territoires de l’ancienne province du Dauphiné (Hautes Alpes, Isère et Drôme) et du Vivarais.
Parmi les personnes enquêtées, certaines se sont concentrées sur l’aspect musical, notamment autour du violon, instrument historiquement emblématique de cette musique. D’autres ont collecté des chorégraphies et des pas dans chaque région, et ont cherché à redonner une dynamique à cette danse.
Sud Est de la France (Hautes Alpes, Drôme, Isère, Ardèche, Rhône
Le rigodon est aussi dansé régulièrement dans toute la France dans certains rassemblements, des festivals de musiques et de danses traditionnelles comme le Grand Bal de l’Europe, mais aussi en Provence et dans le Piémont Italien.
Le rigodon est une danse qui a une musique caractéristique : la rythmique en est binaire, les phrases mélodiques sont courtes, le tempo est vif !
La plupart des mélodies ont deux parties, appelées A et B. Pour caractériser l’interprétation d’un rigodon, il faut maintenant regarder du côté de la danse.
De manière générale, sur la partie A, les danseurs effectuent une promenade, en tournant en rond.
Sur la partie B, les danseurs effectuent un pas, sur place, qui est appelé “pas de rigodon”. Ce pas ils vont le faire face à leur partenaire puis, dans la plupart des rigodons, face à leur contre partenaire.
Les danseurs ne se tiennent généralement pas par la main.
Lors de l’enquête nous avons pu observer de nombreuses formes de danses et de nombreux pas différents. On peut dire que le rigodon est une famille de danses tant sont variées ses formes : chorégraphie, danse entre hommes ou mixte, nombre de danseurs. Le rigodon se danse à 2, 4, 6 o u en plus grand nombre. Selon l’air choisi et l’interprétation des musiciens, la promenade est dansée de manière énergique ou au contraire comme un moment de repos ou d’élan pour arriver sur le “pas de rigodon”. La posture des danseurs est essentielle. Toute la danse s’effectue avec un pas qui rebondit. Le corps est droit, vertical, les bras sont levés en direction des partenaires de la danse.
C’est une danse énergique, vive, avec beaucoup de variations possibles, des jeux de pieds, des frappés et du jeu entre les partenaires.
Les personnes ayant contribué à l’écriture de ce dossier sont plutôt unanimes à déplorer que le seul rigodon dansé lors des bals est celui dit de Charance, sur l’air du “Coucou”, avec un pas bien spécifique : promenade en grand cercle, en alternant hommes et femmes, pour la première partie, et pas de “matelote” pour la deuxième partie. Ce pas de “matelote” ne se retrouve que dans ce rigodon là.
De même, le grand cercle avec plusieurs dizaines de danseurs est assez rare dans les rigodo ns. La plupart se dansent à quatre, ou en petits cercles. Cette forme de rigodon véhiculée depuis une quarantaine d’années a donné l’impression au milieu de la danse Folk / Trad que c’était l’unique manière de le danser.
Le corpus de rigodons joués et dansés actuellement est considérable . Sur les douze groupes ou personnes collectées, il y a 60 rigodons différents joués régulièrement au programme des groupes (cf. le tableau des rigodons joués dansés). Quelques rigodons sont connus de tous, mais finalement, chaque groupe de musiciens et/ou danseurs choisit son propre répertoire, tant pour la forme dansée, que pour la localité d’origine, ou encore pour la musique elle même (singulière par son mode,
sa carrure…).
Les formes dansées sont proches. On peut penser que les acteurs actuels se sont mutuellement influencés.
Chez les groupes folkloriques rencontrés, la plupart dansent quelques rigodons qu’ils ont collectés auprès des “anciens”, vivant dans le voisinage.
- La Taïole à Tallard danse des rigodons du Val D urance et Gapençais : Rigodon des Blayes, hameau de Neffes par exemple.
- La Picouline, à Villars de Lans, danse la Genevoise, les Salades et les Vachourins, trois rigodons collectés dans le Vercors.
- Lei Mantenaires dansent les rigodons issus du répertoire C hampsaurin : rigodon “à quatre cordons”, rigodon “à quatre danseurs” par exemple.
Une autre manière d’aborder la danse, souvent complémentaire, est de s’appuyer sur les études écrites autour du rigodon. Philippe Borne, de l’association le Folk des Terres Froides, explique avoir travaillé à partir de l’étude de Jean Michel Guilcher, parue en 1984. Véronique Elouard, également, a trouvé de nombreuses bases dans cette étude, complétées par le visionnage des quelques films anciens où l’on voit des danseurs de rigodons (en particulier le film tourné à Clelles en août 1946).
Chez la plupart des acteurs, la création est très présente, jamais en contradiction avec le répertoire qui leur a été transmis. Elle est revendiquée comme un prolongement de la tradition. Un e tradition orale, étant entendue dans le sens de “toujours en mouvement”, s’adaptant au goût du jour, sans perdre ses fondements. Ainsi il existe de nombre uses créations chorégraphiques, formes dansées de rigodons, adaptées à un air du répertoire ou créée s à partir d’une composition musicale récente
- Rigodon des Tourtons, par Rigodons et Traditions. Un rigodon simple, en cercle, accessible aux danseurs novices.
- Le Drac Noir, par Rigodons et Traditions, sur une musique composée par Jean Bernard Grange.
Ils ont créé une chorégraphie assez complexe avec un rigodon par couple sur un cercle, avec des figures qui permettent de changer de partenaire.
- Le Rigodon de l’âne, chorégraphié par Véronique Elouard. C’est en travaillant avec Michel Favre et la Cie du Rigod on, que cet air est apparu comme singulier. Ce rigodon collecté dans le Queyras par Julien Tiersot, a été édité en 1903. Il comporte trois parties. Les rigodons connus n’en ayant que deux, Véronique Elouard a alors imaginé une troisième partie dansée avec croisement des partenaires. Ce rigodon est actuellement joué par plusieurs groupes de la Compagnie du Rigodon et par Lei Mantenaires qui l’ont appris lors d’un bal du Duo Vargoz. Stéphane Delval nous a montré une autre version de cette danse, transmise par des Queyrassins, et dansée par la Taïole.
L’articulation musique et danse est explorée au sein des groupes de la Compagnie du Rigodon (Drailles, Tradsh, Duo Vargoz, duo Perrine Bourel et Michel Favre).
Nous avons rencontré plu sieurs recherches autour d’un nouvel instrumentarium, source de timbres originaux et de nouvelles harmonies possibles.
Dans les collectages, écrits et sonores, la voix ou le violon soliste dominent sans conteste la musique de rigodon. Dans les groupes actuels, rares sont les jeux en solo. L’accordéon, diatonique ou chromatique, est très présent au côté du violon, qui n’est pas détrôné. Cet instrumentarium est complété par : flûte, clarinette, vielle à roue, galoubet tambourin, harmonica, clavier, contrebasse, banjo, cornemuse, percussion, beat box, guitare électrique, batterie, etc.
Les groupes actuels essaient aussi de nombreuses combinaisons d’instruments: “En avant trois”, accordéon, accordina et galoubet tambourin pour un bal Dauphinois provençal / “To urnicoton Electrad’Oc”, duo de vielle à roue / “Drailles”, “Tradsh” et “Les Racleurs de Boyauds” respectivement quartet, trio et duo de violons avec violon ténor, alto et violons / “Perrine Bourel & Mosin Kawa”, violon et tablas / “Duo Vargoz”, violon et harmonica / “Labô Bicouses” avec chants, flûtes, cornemuse et beat box, etc.
Pour Guillaume Vargoz, harmoniciste, la question centrale est “comment faire sonner un rigodon avec d’autres instruments que la voix et le violon ?” L’harmonica, pourtant courant dans toutes les campagnes françaises, est très largement absent des collectes. Plusieurs informateurs ont déclaré jouer “un peu” d’harmonica, comme si ce n’était pas un “vrai” instrument. Guillaume Vargoz a dû imaginer comment jouer ces mélodies à danser, et pour cela il a modifié ses instruments : il ajoute des valves et les réaccorde systématiquement. Pour les prestations du Duo Vargoz, il joue de quatorze harmonicas différents : plusieurs tonalités, plusieurs modes, certains sont des dix trous à simple lame, d’autres des trémolos, d’autres encore sont doubles et accordés en octaves :
“C'est plus la recherche du son et du jeu mélodique… C'est vrai que même avec un harmonica je pourrais tout faire, en termes de notes, mais ce n'est pas un problème de notes , c'est un problème de comment les jouer, ces notes", analyse Guillaume Vargoz.
Patrick Mazellier, musicien collecteur, a passé du temps auprès d’Emile Escalle et Augustin Istier, violoneux réputés. Il a analysé leur jeu, et a choisi des éléments pour élaborer son propre discours musical : modalité, ornementation, phrasé, improvisation. Le groupe Rural Café, qu’il mène, propose des arrangements aux influences “celtiques, orientales et jazzy”. Ces influences s’entendent dans le choix des harmonies, du soutien rythmique et des instruments d’accompagnement.
Jocelyne Vignon, groupe Rigodons & Traditions, revendique, elle, un jeu orchestral à la recherche d’harmonies pour “sortir de l’unisson” souvent entendu au sein du milieu folklorique notamment.
Leur groupe a eu de nombreux effectifs différents, et aujourd’hui se compose de deux violons, un accordéon chromatique et une flûte. Pour une danse, ils enchaînent plusieurs airs, en composent certains et créent des secondes voix, contre chants et accompagnements rythmiques.
Perrine Bourel, dans plusieurs projets dédiés à la musique de concert, utilise, quant à elle, le rigodon comme un ingrédient central de son langage musical. Dans le solo “Des Montagnes”, elle explore le lien entre violon populaire et musique expérimentale : texture du son, durée des pièces musicales, perte de repères et changement de perception. Dans le duo Violoneuses, c’est une expression féminine atypique et sauvage qu’offre le rigodon. Enfin, dans le duo avec le joueur indien de tablas Mosin Kawa, le rigodon devient un prétexte pour le jeu, la rencontre, et la recherche de complicité, essentiellement autour du rythme.
Parmi la soixantaine d’airs joués actuellement par les groupes interrogés, on peut distinguer cinq ensembles de formes dansées
Rigodon de Charance, les Salades, les Tourtons…
En cortège (Rigodon d’Auvergne, Maire si sabias, Lo Tornet, Para lou tsa…), La Genevoise, de Remollon, des Orres, de Crévoux, La débraillée de Laye…
Lou vachourins, à quatre cordons, à quatre danseurs, du Dévoluy, Per ben dansar, le Bandit, Jean de la Riole, Lei Patareu…
de Pellafol, du Selon, du Valgaudemar, à Patacol, Lou Calignaire, Petit Pierre…
Rigodon valsé (la Marion), Vendémie, de l’âne, de Montbrun, Drac Noir…
Nous avons pu remarquer que certains airs joués étaient toujours dansés avec la même chorégraphie. D’autres airs sont proposés avec des formes de danses différentes. Enfin, en bal, certains musiciens guident le public de danseurs vers des formes bien définies là où d'autres les laissent danser sans indications particulières.
L’air de la “Barca Vira” par exemple est proposé par certains à quatre danseurs, en grand cercle ou encore en chaîne ouverte.
La plupart des chorégraphies issues des collectes se résument à un pas et un mouvement sur la partie A, puis un autre pas et un autre mouvement général sur la partie B. Plusieurs chorégraphies créées proposent de nouveaux pas et mouvements changeant d’une “tourne” 1 à l’autre : promenade en se donnant la main la première fois, puis en faisant un moulin main droite à la seconde tourne, puis en tournant sur soi même, etc.
Le groupe folklorique Empi et Riaume, sur l’air du rigodon de Montbrun, développe une danse pour le spectacle, avec une quadrette d’hommes effectuant de nouvelles figures à chaque tourne, toujours plus démonstratives.
Stéphane Delval nous expliquait qu’après la première guerre mondiale, le manque de jeunes hommes et l’arrivée de nouvelles modes avait certainement influencé de nouvelles chorégraphies adaptées au rigodon avec un pas de polka en position danse de couple par exemple.
Charance est un quartier sur les hauteurs de Gap, constitué de plusieurs hameaux. Le comité des fêtes local y perpétue le rigodon pendant le week-end de la fête votive de la Saint Louis, le 25 août.
"C'est un droit coutumier qui a une centaine d'années, qui dit que "le pré de la danse” nous est attribué pour la Saint Louis, c'est à dire la fête de Charance, à partir du moment où on fait la fête toutes les années. Si une année on ne fait pas la fête, ce droit tombe. De quand date-t-il ? J'avais demandé à mon grand père né en 1912, il ne savait pas. Il l’avait toujours connu. C'est son frère de Chabanas qui a pris l'initiative de faire repartir le rigodon après la guerre. Il ne savait pas quand il avait disparu." (Témoignage d’un membre du comité des fêtes).
La Fête de Charance, en temps normal, se déroule sur 3 jours, et la danse se fait aujourd’hui en deux fois, "parce que Charance s'est agrandie". A Chabanas, le bas de Charance, le samedi après-midi, puis le dimanche matin dans le haut du hameau. Les jeunes font le tour des maisons, dansent un rigodon puis, traditionnellement, les habitants leur donnent à boire, à manger, et aussi un “petit billet” qui servira à financer la fête annuelle. La tournée du dimanche se termine sur le Pré de la danse où les jeunes dansent au milieu des habitants qui se sont rassemblés.
En 2021, à cause de la crise sanitaire, la fête a été réduite au rendez vous du dimanche au Pré de la danse. Une trentaine de personnes se sont réunies pour répéter, avant de danser véritablement. La musique était diffusée sur une petite enceinte placée au milieu des danseurs où un accordéon jouait l’air de rigodon “le coucou”. La danse correspondait bien à la description commune du rigodon de Charance. Les danseurs sont en file circulaire, alternant hommes et femmes : sur la première partie, ils tournent en rond dans le sens anti horaire, sautillant d’un pied sur l’autre et frappant le sol sur les temps forts de la mélodie, au début de la seconde partie, les hommes se retournent et font le
pas de rigodon proprement dit avec leur partenaire, puis tous se retournent et dansent avec leur contre partenaire. Le pas de cette seconde partie est celui appelé “pas de matelote”, un pas croisé par devant pour les femmes et par derrière pour les hommes. Deux hommes portent une canne avec des rubans qu’ils font tournoyer et plusieurs danseurs vont pousser des cris puissants qu’ils appellent “huchements”.
1. Une tourne : -expression musicale signifiant la partie A et la partie B du morceau.
Français, occitan alpin, franco-provençal.
Sans objet
Costumes traditionnels dans les groupes folkloriques remis régulièrement au goût du jour (ajout de couleurs, de motifs, choix de matières moins chaudes ou plus confortables…)
Développement d’une lutherie populaire au sein de la Compagnie du Rigodon ( violon à pavillon, violon bidon). Cette lutherie s’inspire d’une pratique historique courante à travers le monde. Dans les Hautes Alpes, le violoneux Emile Escalle témoigne d’un fabricant de violons pour les jeunes du pays dans les années 1900, l’abbé Cesmat. Des ouvrages et expositions ont réuni des instruments de fortune, notamment fabriqués pendant la première guerre mondiale dans les tranchées avec ce que les soldats avaient à leur disposition : gourde, casque, boîte… Aujourd’hui, Olivier Richaume propose à un public d’enfants et d’adultes la fabrication de “biolons” (violons bidons à deux cordes : boîte métallique, tube pvc). Lors d’animations et de bals, Les Violons du Rigodon jouent aujourd’hui avec des violons bidons et violons pavillons, fabriqués par des membres de la formation.
La découverte du rigodon s'est faite dans l'enfance pour quelques danseurs que nous avons rencontrés, en particulier autour de Gap. A Charance, où le rigodon est dansé lors de la fête traditionnelle une fois par an et dans une forme unique, “le rigodon de Charance”, il s’est perpétué d’une génération à l’autre et se transmet encore aujourd’hui au sein de certaines famil les. Charance fait ainsi figure d’exception puisqu’on dit que partout ailleurs la transmission communautaire de cette danse s’est rompue à l’entre deux guerre. Les jeunes, dès l’adolescence et jusqu’au mariage, qui dansent le rigodon dans le cadre de “tour nées” dans les habitations, sont les principaux acteurs de cette tradition. Mais si le rigodon se transmet dans les familles de Charançais d’origine, il se transmet peu dans les familles plus récemment installées. Dans leurs tournées, les organisateurs indiquent aux jeunes qu’ils ne doivent passer que dans les maisons qui connaissent le rigodon et pas chez les "nouveaux habitants ” qui pourraient mal les recevoir : "Il faut dans le groupe qu'il y ait une personne, la plus ancienne, qui connaisse les maisons où il faut aller.” Ils témoignent de leur difficulté actuelle à “garder la tradition”, à inciter les jeunes à participer à la danse, à mobiliser les habitants de la tranche d’âge de 20 à 50 ans qui participent peu à la fête, et aussi à trouver des musiciens qui connaissent le rigodon pour accompagner la danse.
L’entrée dans un groupe folklorique peut aussi se faire dans l’enfance pour un danseur dont les parents ou grands parents sont investis dans un groupe. Stéphane Delval, danseur du groupe de Tallard, au sud de Gap, témoigne ainsi de sa découverte du rigodon en famille puisque ses grands-parents le dansaient et le chantaient. Solène Amar, danseuse et musicienne du groupe folklorique Lei Mantenaires Chansouris de la vallée du Champsaur, raconte qu'elle a fait sa première sortie avec le groupe à un an et demi. Elle ajoute : “ Ma maman était enceinte qu’elle était déjà aux Mantenaires. Je dansais déjà dans son ventre ! C’est ma soeur Séverine qui a commencé au groupe avec eux, après il y a Gaby (son frère) qui commençait à faire les concours de rigodon à Pellafol, c’est parti comme ça, et moi aussi j’ai fait les concours de rigodon ”.
Pour d’autres danseurs, c’est un spectacle qui a déclenché l’envie de rejoindre un groupe. La démonstration est pour les groupes folkloriques le cadre principal de la transmission du rigodon. Les ateliers qu’ils proposent consistent à répéter les danses qui seront pratiquées lors de démonstrations costumées, soit dans le cadre d'animations (sur un marché, une foire, à la suite desquelles le public peut être invité à danser), soit sur scène. Le rigodon est enseigné parmi d’autres danses. Les groupes folkloriques sont invités à se produire dans d’autres régions, quelquefois à l’étranger.
Ils ont des échanges entre groupes qui les a mènent à élargir et à renouveler leur répertoire.
Malgré tout, leur effectif aujourd’hui tend à diminuer et la mobilisation des jeunes après l’adolescence est difficile.
Alors que le rigodon avait disparu, à l’entre deux guerres, du contexte des bals, l es groupes folkloriques sont restés pendant longtemps un vecteur important de la transmission de la danse, mais à l’intérieur de cercles qui ont peu touché les amateurs de musiques et de danses traditionnelles liés au milieu Folk. L’association de la danse de rigodon aux groupes folkloriques a même contribué à la mauvaise image dont cette danse a pâti dans ce milieu, y compris dans les régions où le rigodon était joué et dansé au XIXe siècle. Aujourd’hui encore, comme en témoigne Stéphane Delval (à la fois membre du groupe folklorique la Taïole et enseignant en danse traditionnelle), la perception négative du rigodon dans le milieu Folk/Trad est un obstacle à sa transmission : “Lors des bals, lorsqu’un rigodon est annoncé, personne ne veut le danser, le parquet se vide.” Certains ne l’ont vu danser que dans une forme unique, celle de Charance, qui a pu leur sembler caricaturale, d’autres la décrivent comme figée par le passage à la scène. Mais alors que le regard porté sur les pratiques des groupes folkloriques est assez univoque, nous avons pu constater lors de cette enquête qu’ils possèdent pourtant des approches du rigodon et des rapports à la tradition très différents. Certains ont maintenu des liens aux danseurs et/ou aux familles de danseurs dit “de tradition” très prégnants jusqu’à aujourd’hui alors que d’autres se sont définitivement éloignés des formes traditionnelles collectées au point que les danseurs dit “de tradition”, ou certains témoins oculaires de la danse dans leur jeunesse, ne retrouvent pas, dans les spectacles de ces groupes, ce qu’ils ont connu dans le passé.
Les groupes folkloriques se sont essentiellement intéressés à la danse, la musique étant souvent reléguée au second plan. Dans le milieu Trad/Folk, à l’inverse, l’apprentissage musical a souvent
précédé l’enseignement de la danse. Dans ce milieu, la transmission du rigodon s’est faite essentiellement par l’apprentissage du violon populaire, à l’oreille, par imitation, et à force de pratique, beaucoup de musiciens étant en partie autodidactes. Une nouvelle génération de musiciens s’est ainsi formée à l’écoute de collectages et parfois au contact de violoneux tels Emile Escalle, Camille Roussin Bouchard, Augustin Istier, collectés dans les années 1970 80. Dès lors que le rigodon est joué par cette nouvelle génération de musiciens, la danse va se chercher en réponse à la musique, tout comme la musique s’adapte aux danseurs et répond à leur demande. Pour ceux qui ont voulu, dans les années 1990, retrouver ou apprendre à danser le rigodon en dehors des groupes folkloriques, les sources étaient peu nombreuses : des descriptions écrites, quelques minutes de films enregistrés dans les années 1930 40, des témoins oculaires et quelques très rares danseurs (dont Lucien Mary que Christian Vignon considérait comme “son maître à danser”) qui montrent une posture dans la danse, une énergie propre au rigodon qui va venir au coeur des enseignements et
des transmissions plus récentes.
Aujourd’hui, nous en sommes à la deuxième génération après les musicien s et danseurs de “tradition”. Cette relève, peu nombreuse mais passionnée, a bénéficié des enregistrements des passeurs des années 1990, avec les disques de Rigodon Sauvage, Rural Café, Drailles, Passe Montagne, Rigodons & Traditions, des groupes qui sont pour la plupart encore actifs. Les parcours d’apprentissage de ces musiciens et danseurs de seconde génération sont singuliers et reposent sur des rencontres avec d’autres musiciens et danseurs. "Ça raconte le parcours de gens qui ne passent pas par le formatage de certaines écoles ou institutions (...) C'est l'opposé de l'apprentissage de masse” (Perrine Bourrel).
Dans le milieu Folk/Trad des ateliers et des stages spécialisés autour du rigodon sont aujourd’hui proposés : ateliers ou stages de musique (violons seuls, ensemble), ateliers ou stages de danse organisés avant un bal ou pendant un festival, ou encore lors de rendez vous réguliers. Certains animateurs de stages de danse sont aussi musiciens et Mana Serrano, violoneuse et danseuse, défend la complémentarité de ces deux pratiques : "plus on danse plus ça nous fait jouer de façon juste et bien". Stéphane Delval, enseignant en danses et musiques traditionnelles, demande à ses élèves musiciens de danser également.
L’apprentissage de la danse se fait auss i directement pendant le bal, par mimétisme. Comme en témoigne Jocelyne Vignon, il suffit parfois dans un bal qu’un couple montre une danse, pour que les autres danseurs les copient. Et ceux qui ont bénéficié d’un enseignement en stage avant le bal ont sou vent un rôle moteur. Certains musiciens ou danseurs enseignants comme Robin Vargoz, ou Mana Serrano donnent aussi des consignes aux danseurs sur le vif, quelquefois quittent la scène musicale pour aller danser eux mêmes et faire des démonstrations. Christi an Vignon, qui enseigne la danse, explique aussi les pas et les chorégraphies pendant les bals.
L’apprentissage de la danse dans le milieu Folk /Trad est un apprentissage qui passe aujourd'hui d'abord par l'écoute musicale, qui prime, l'énergie insufflée dans le mouvement (“la pulsation”, la "maîtrise du rebond”), les postures justes (la verticalité, l’assise dans le sol), avant d'en venir à la technique et à la connaissance précise de certains pas ou formes issus de la tradition. Cet apprentissage, souvent alimenté par une transmission théorique de l’histoire du rigodon, consiste au niveau corporel à “donner des clefs” (Philippe Borne) aux participants pour qu'ils puissent s'amuser et improviser ensuite sur la musique avec un vocabulaire de pas. Pour Robin Vargoz, le rigodon, musique et danse, est avant tout un matériau qui ouvre des possibilités de jeux d’improvisation, en particulier le rigodon à deux danseurs. Il le perçoit et le transmet comme un moyen d’expression à part entière. Perrine Bourel témoigne de ce processus de création : "Je n'essaie pas d'être fidèle à une forme mais d'être en cohérence avec ce que j'ai au fond de moi”.
La part de liberté, individuelle et collective, qu’on peut s’accorder par rapport à des formes traditionnelles est source de débats et de désaccords entre les différents acteurs du rigodon. Certains privilégient la transmission d’un patrimoine, quelquefois très localisé : chaque rigodon pour eux a sa forme qui permet d’identifier son origine géographique et on ne peut pas danser n’importe quelle forme sur n’importe quel rigodon, même si la rythmique s’y prête. D’autres insistent davantage sur la fonction expressive et sur la fonction sociale du rigodon, un état d’esprit, une énergie collective. Danse exutoire pour certains, d anse “sauvage”, subversive, pour d’autres, elle manifeste à la fois une expression individuelle et une façon d’être ensemble, un partage en dehors des codes de conduite ordinaires.
Association Le Folk des Terres Froides, Philippe Borne.
Bals, cours, ateliers de danse et musique d’ensemble réguliers à la Tour du Pin (38), plusieurs stages dans l’année sur d’autres lieux.
Association Rigodon et Traditio ns, Jocelyne et Christian Vignon, Jean Bernard Grange.
Ateliers danse et bals réguliers à Sassenage (38), plusieurs stages dans l’année sur d’autres lieux.
Compagnie du Rigodon : Michel Favre, Isabelle Barthélémy, Olivier Richaume, Perrine Bourel, Robin Var goz, Mana Serrano.
Ateliers de violon réguliers à Gap (05), stages de violon, de musique d’ensemble et de danse plusieurs fois dans l’année dans toute la France.
Association L’Echo des Garrigues, Patrick Mazellier, Annette Granicher, Agnes Clauzel.
Stages de violon, musique d’ensemble, chant plusieurs fois dans l’année, en Ardèche principalement.
Association Terre de Sons, Nathalie Bielakoff, MJC Robert Marin, Romans
Atelier de violon populaire et orchestre,
Véronique Elouard,
Conférence dansée et ateliers de danse, sur demande, dans toute la France
Groupe folklorique Lei Mantenaires, Gabriel Amar, Solène Amar…
Ateliers/répétitions réguliers à Saint Laurent du Cros (05), et stages à l’extérieur sur demande.
Groupe foklorique la Taïole, Stéphane Delval
Ateliers/répétitions réguliers à Tallard (05), et stages à l’extérieur sur demande.
Groupe folklorique La Picouline, Bernadette Gervasoni
Ateliers/répétitions réguliers à Villars de Lans (38).
D’autres groupes folkloriques que nous n’avons pas rencontrés lors de cette enquête transmettent ces danses en leur sein, et accueillent de nouveaux arrivants. Ils transmettent dans des cercles plus ou moins larges.
Le CMTRA en 2021/2022 : mise en valeur du rigodon, soutien à la transmission en aidant la mise en place de stages, et coordination de journées autour du rigodon.
Sur l’ensemble du territoire de l’ancienne région du Dauphiné, de nombreux groupes folkloriques ou groupes de danse et musique du Dauphiné, sont présents et transmettent le rigodon.
Dans les Hautes Alpes il y a actuellement environ 6 groupes folkloriques répartis géographiquement sur l’ensemble du département : Le Pays Gavot à Gap, Lei Mantenaires dans le Champsaur Valgaudemar, La Taïole à Tallard, Le Revioure à Baratier, Les Gounelous du Queyras, Les Caralines de La Salle les Alpes.
Nous pouvons encore citer pour la Drôme: Empi et Riaume à Romans, Le Rigodon de Loriol, Cabeolum Folk à Chabeuil…
Et pour l’Isère: La Picouline à Villars de Lans, La Delphinale à Grenoble, Rigodon Trièv es Dauphiné à Cornillon en Trièves, La Bise du Connest à La Mure, Les Magnauds à Pont de Beauvoisin…
Folk des Terres Froides, La Tour du Pin (38), Rigodon & Traditions, Sassenage (38 ), Echo des Garrigues, Vallon Pont d’Arc (07), Compagnie du Rigodon, La Bâtie Montsaléon (05), Association Terre de Sons, Romans (26)
Ecole de musique de Romans sur Isère (26), Ecole de musique d’Embrun (05), Centre Municipal de Culture et Loisir à Gap (05), Ecole de musique des Pays du Buëch à Veynes (05), Musique en Obiou, Mens (38)
Festival international de Folklore, Cercl e Alpin, Pays Gavot, Gap (05) / Cultures et Traditions de France, Empi et Riaume, Romans sur Isère (26) / Journées du Folklore, Les Magnauds, Pont de Beauvoisin (38) /Festival Rigodonaïres, Sud Isère / Rencontres d’Ardèche, Meyras (07) / “Ze” Balèti, Saint Zacharie (83) / Grand Bal de l’Europe, Gennetines (03) / Boulegan a l’Ostal, Saint Jean du Gard (30) / Fête des Violons Populaires, Sauve (30) / Gros Bal du Vercors, La Chapelle en Vercors (26) / Comboros, Les Brayauds, Saint Gervais d’Auvergne (63) / Bal Acoustique, La Novia, Blanhac (43) / La Vioulounado, Frassino, Piémont, ITALIE / Gran Bal Trad, Vialfré, Piémont, Italie.
De nombreux groupes de musiques traditionnelles jouent actuellement des rigodons à l’occasion de concerts et/ou de bals. Certains en jouent un sur l’ensemble de leur programme, pour d’autres le rigodon est plus central. En plus des groupes folkloriques cités ci dessus, nous pouvons mentionner :
Folk des Terres Froides (La Compagnie Recourdas, Arcisse Trio, Roulez Galoches), Rigodon & Traditions, Rural Café, le collectif La Novia (Violoneuses, Le Soleil ni même la Lune, Perrine Bourel/des Montagnes), La Compagnie du Rigodon (Les Violons du Rigodon, Drailles, Tradsh, Duo Vargoz, Perrine Bourel & Mosin Kawa), Balthazar, Racleurs de Boyaux, Arizonà, Labô Bicouses, Bougnat Sound, Les Coquecigrues, Terroir Collapse, La Preyra, Tournicoton Electrad’Oc, En avant
trois, Sirigauda, Baia Trio, Lou Dalfin, Viouloun d’Amoun etc.
Nous ferons largement référence ici aux travaux de Jean-Michel Guilcher publiés en 1984 auxquels la plupart des personnes que nous avons rencontrées se réfèrent. Nous nous appuierons aussi sur les recherches menées aux archives par Olivier Richaume dans le département des Hautes-Alpes et, pour la période récente (XXe-XXIe siècle), sur le récit et les recherches de Patrick Mazellier, dans les Hautes-Alpes, dans la Drôme, en Isère et en Ardèche, et sur la mémoire des différents acteurs enregistrés dont certains possèdent une mémoire familiale des pratiques de rigodon.
La présence du rigodon est attestée en France dans le sud-est, entre le littoral et la frontière italienne sur le territoire de la Provence ancienne et du Dauphiné, à l'ouest sur une partie du Languedoc et vers le nord le long de la vallée du Rhône jusqu'à la Saône et le Morvan. Il a aussi connu une carrière à Paris. On trouve des références au rigodon en Provence dès le XVIIe siècle et on suppose qu’il a gagné les régions montagnardes, Cévennes, Alpes, avec les cultivateurs qui descendaient travailler des montagnes en Haute Provence. Le rigodon est souvent défini comme "la danse traditionnelle du Dauphiné" du fait de son importance sur ce territoire pendant tout le XIXe siècle. Plusieurs auteurs ont extrapolé l'ancienneté du Rigodon et en ont fait l'emblème de l'ancienne province du Dauphiné alors qu'aucun document n'atteste de sa présence avant la fin du XVIIIe siècle.
Dans les archives de Gap, les premières mentions du rigodon datent des années 1850 et un premier concours de rigodon est relaté en 1870.
D’après l’étude menée par Jean-Michel Guilcher, le rigodon était le plus souvent joué au violon, ou encore “à la voix”. Danse récréative, il n’était pas lié à des évènements de la vie communautaire, comme la plupart des rondes, mais dansé à toutes occasions, pour le plaisir : l'hiver, lors des veillées, tout au long de l'année dans les bals du dimanche, dans les cafés ou dans les granges, dans les bals du carnaval, du 14 juillet, ou de ceux, plus prestigieux, de la vogue et des noces, sans compter les réunions de voisinage et de travail. Pas de circonstance qui lui soit spécialement réservée, mais aucune dont il soit absent. Comme partout ailleurs, on avait recours pour jouer le rigodon dans les grandes circonstances à des musiciens semi-professionnels, et en temps ordinaire à des cultivateurs, artisans, cafetiers, pour qui la musique était un métier d'appoint. L'appel à des musiciens bénévoles était aussi chose courante. La communication des airs de rigodon se faisait de bouche à oreille. Les plus chanceux apprenaient d'un parent proche, la plupart par imitation, dès l'enfance ou l'adolescence, accompagnant un musicien. Au même plan que l'instrumentiste bénévole, "le toucheur" faisait danser à la voix. Le chant à danser était une pratique importante des Alpes du Sud aux Cévennes et entrait en compétition avec les musiciens. Souvent pratiqué par les femmes, il était un moyen d’expression à part entière. Essentiellement chanté en langue régionale (occitan et franco-provençal) et au « tralala », les paroles expriment une humeur, une moquerie. Technique linguale, elle demandait un sens du rythme et une grande résistance. Le rigodon aujourd'hui n'est que rarement chanté.
Le rigodon marque historiquement une transition entre les danses collectives comme le Branle, qui dominent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, et les danses de couples, danses slaves, qui apparaissent en France et dans toute l'Europe au XIXe et qui vont le détrôner. Ces danses importées se pratiquent d’abord dans les capitales puis, du fait des mobilités croissantes entre villes et campagnes, elles deviennent partout le principal loisir de la jeunesse. L’émigration vers les villes dès le dernier quart du XIXe constitue une étape décisive dans l’affaiblissement des pratiques communautaires et amène une porosité nouvelle entre cultures de la ville, désormais dominantes, et culture des campagnes. En Drôme, dans les plaines et les vallées, le rigodon est complètement délaissé dès la fin du XIXe siècle, mais dans les zones de montagne reculées, moins accessibles, il domine jusqu’en 1914. Jusqu’à la guerre, les « nouvelles danses » n’y sont dansées qu’en intermèdes dans les bals ainsi que dans les vogues pour que les étrangers venus de loin, qui ignorent le rigodon, puissent prendre part à la danse.
La guerre de 1914-1918 marque un tournant dans le paysage des pratiques. La transmission communautaire n’est plus assurée et les fronts de guerre permettent la rencontre de populations de provenances géographiques et sociales diverses dont les perceptions évoluent. La mixité dans les tranchées, avec des soldats issus de la ville et de la campagne, ouvriers et paysans, joue en faveur des danses urbaines, considérées comme modernes. La stigmatisation du monde rural commence à opérer et son patrimoine culturel est dévalorisé. A la fin de la Première Guerre mondiale, le bal évolue, et ceux qui reviennent du front ramènent des danses importées d’Amérique. L'image du rigodon est dévalorisée et sa pratique collective s'éteint, malgré quelques regains dans les bals clandestins de la dernière guerre. Dès les années 20, le violon est délaissé pour l'accordéon et les violoneux sont isolés. Le rigodon fait désormais partie des "vogues à l'ancienne" et le violon est associé à "ceux de 14". On le retrouve dans les années 50 dans des fêtes rurales à l'occasion desquelles certains musiciens sont remis en piste dans un répertoire très limité. Il est aussi transmis dans les groupes folkloriques et donné en spectacle. Enfin quelques personnalités (musiciens, chanteurs, danseurs) ayant gardé le « goût » pour cette musique la jouent et la dansent encore dans un cadre privé. A Charance enfin, le rigodon est associé à la fête traditionnelle qui a été relancée après la guerre et qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Les éléments les plus anciens que l'on possède sur le rigodon proviennent des folkloristes. Ce sont des descriptions écrites et des notations musicales, principalement les recueils de Julien Tiersot (1903), recueils de Marguerite Gauthiers -Villars pour le Vercors (1929), de Paul Pittion pour le Dauphiné (1950) et de Vincent Indy pour l'Ardèche. Aucun d'eux n'a recours à l'enregistrement qui se développe dans les années 60. Les premières collectes enregistrées dans les Hautes-Alpes datent des années 1939, c’est la fameuse croisière sonore initiée par Roger Devigne, folkloriste et premier directeur de la Phonothèque nationale (des enregistrements de rigodon enregistrés à Gap sont aussi publiés sur CD par Silex).
D’autres collectes suivront, comme celles de Charles Joisten, alors conservateur du musée Dauphinois. Les premiers enregistrements de rigodons qui font référence sont ceux qu'il a réalisés dans le Champsaur. En 1973, il rencontre Emile Escalle, musicien violoneux qui a vécu de 1900 à 1987 à Molines-en-Champsaur. Patrick Mazellier prendra la suite et verra régulièrement ce musicien jusqu'à sa mort. Il tire de ces rencontres plusieurs enquêtes, auxquelles il faut ajouter celles, réalisées dans le même cadre, de Jean-Michel et Hélène Guilcher. C’est une étape décisive dans la compréhension de ce qui reste du rigodon et de la suite de son histoire. A ces collectes s'ajoutent celles d'Aline et Dominique Laperche dans le Vivarais, celles de Patrice Lejeune dans le Vercors (pour le Parc Naturel Régional du Vercors et avec le soutien du CNRS), ou encore celles de Geneviève Chuzel et Patrick Mazellier dans le Trièves. Il faut aussi mentionner des collectages réalisés par d’autres personnes tels que Jocelyne et Christian Vignon, dans les années 1990, bien qu'ils n'aient pas été publiés.
L’intérêt pour le rigodon s’est accentué dans les années 1970 avec le mouvement revivaliste. Plus d’une vingtaine de collecteurs sont ainsi passés par une visite sur le territoire de l'ancien Dauphiné dans ces années-là et ont pu alors rencontrer les premières générations de paysans qui accédaient à la retraite, et qui avaient du temps libre à partager. Les récits de leurs rencontres et leurs enregistrements rendent compte d'un rapport au chant, au rythme et à la musique très fort dans la ruralité. Certains collecteurs vont alors apprendre à jouer avec les musiciens qu’ils vont rencontrer (parmi eux, Emile Escalle joue une place centrale). D'autres, qui n'ont pas connu ces musiciens routiniers, seront par la suite touchés par l'écoute des enregistrements de collectages au point de se passionner pour cette forme, et de la transmettre à leur tour dans les années 2000. Faute de danseurs et d'invitation à jouer dans les bals, certains d'entre eux ont amené le rigodon vers des répertoires de concerts. La danse, effectivement, a mis du temps à reconquérir le public des bals.
Contrairement à une danse comme la Bourrée, dont la transmission a été continue, la transmission du rigodon a connu une rupture et le rigodon n’était quasiment plus dansé après la guerre, ce qui rend la connaissance de sa forme traditionnelle très partielle. D’autre part, elle a surtout été dansé tout au long du XXe siècles par des groupes folkloriques dans le cadre de représentations et de démonstrations et beaucoup de danseurs, soit ne se retrouvaient pas dans les formes représentées, soit simplement avaient une trop mauvaise image du “groupe folklorique” pour s’y intéresser. Depuis une vingtaine d'années pourtant, la danse est aussi revenue dans des contextes de bal dans la continuité de son renouveau musical.
Le rigodon est aujourd’hui pratiqué en concert, bal et spectacle, dans des événements publics et dans la sphère privée. Les groupes les plus nombreux, en particulier Lei Mantenaires, Les Violons du Rigodon, La Picouline, Terre de Sons, jouent régulièrement dans l’espace public lors de marchés, de fêtes ou du carnaval. Les uns y jouent de la musique uniquement, en acoustique, les autres proposent des démonstrations de danse.
Au centre de la fête et de la danse il y a un siècle et demi, le rigodon n’occupe plus qu’une partie en marge. Surtout, de nombreux acteurs actuels du rigodon tentent de le renouveler, de lui donner un
nouveau souffle. Dans les groupes folkloriques rencontrés, les personnes sont plutôt âgées et ne peuvent plus danser le rigodon comme le dansent des jeunes. Or cette danse est décrite par tous comme une danse dynamique, qui demande de l’énergie. Il y a une réelle crainte par certains groupes que le renouvellement des membres ne se fasse pas assez vite et que la transmission en
soit limitée.
Du côté des bals Folk/Trad/Balèti, le rigodon se transmet mieux aujourd’hui qu’il y a une vingtaine d’années. La dynamique reste fragile, un effet de mode chassant l’autre, sans avoir pu comprendre et intégrer les spécificités de cette danse. De même dans l’apprentissage instrumental, il y a régulièrement des cours, des stages et ateliers autour du rigodon, mais peu d’apprentissage dans la durée. Saisir les contours de cette musique, ses accents, ses dynamiques liées à la danse et son large répertoire prend du temps. Pour que la transmission ait lieu, il est nécessaire qu’elle se fasse dans le temps long. Les groupes jouant ces musiques et les faisant danser sont plus nombreux actuellement qu’il y a vingt ans, l’âge est relativement jeune également. Avec la diffusion de ces musiques aux quatre coins de la France et au-delà et la possibilité d’écouter et de voir ces musiques via internet, la pratique est plutôt dynamique aujourd’hui. La grande fragilité tient au fait que seul un petit noyau de musiciens et de danseurs transmet le rigodon.
Ce noyau partage des références communes mais aussi des points de vue, des regards différents, parfois complémentaires, parfois contradictoires. Dans ce contexte de petit nombre d’acteurs, les rencontres et échanges entre pratiquants et formateurs semblent très importants mais sont rares.
Plusieurs acteurs sont aussi allés chercher ailleurs pour élargir leur champ de vision. Patrick Mazellier s’est formé en musique jazz et improvisée, Perrine Bourel s’est rapprochée de la musique expérimentale.
Rigodons et Traditions, comme le Folk des Terres Froides, la Compagnie du Rigodon ou Rural Café, jouent régulièrement dans le milieu des bals Folk et intègrent les rigodons parmi d’autres danses plus demandées. Lors de ces bals, ils adaptent les rigodons aux danseurs en proposant des formes accessibles au grand public. Sur le plan musical également, les rigodons sont choisis pour leur compréhension “facile”. Certaines mélodies, certaines carrures irrégulières peuvent être mises de côté.
Robin Vargoz, lui, tente de développer l’aspect improvisé de la danse, notamment avec le rigodon à deux danseurs. Lors des bals du Duo Vargoz, il fait une démonstration dansée afin d’apporter quelques codes, un cadre, à partir desquels les danseurs sont incités à improviser.
C’est en concert que plusieurs groupes explorent autrement les rigodons, pouvant assumer des carrures particulières, jouant sur certains motifs musicaux jusqu’à accentuer le côté musique répétitive. Plusieurs groupes développent des improvisations sur les rigodons en concert, ce qu’ils ne feraient pas, ou moins, en bal. Dans les groupes que nous avons pu voir de l’enquête, nous pouvons citer Perrine Bourel, dans deux projets où le rigodon est utilisé comme matériau de jeu : Violoneuses et le duo avec Mosin Kawa.
Drailles, que nous avons vu en bal, propose un concert avec des arrangements et improvisations spécifiques qu’ils ne peuvent pas développer lors d’un bal. Enfin, Rigodon et Traditions nous ont bien précisé que lors de leurs concerts, ils prenaient de nouvelles libertés, autour du tempo et de la longueur des morceaux par exemple.
Un autre aspect de l’évolution de la pratique est sur le plan instrumental. Les collectes les plus anciennes parlent de rigodons chantés et joués au violon principalement. A partir du début du XXe siècle, l’accordéon est devenu de plus en plus présent. Les groupes folkloriques ont, dès leur création, intégré des accordéons chromatiques. Aujourd’hui, une majorité de groupes ont un joueur d’accordéon, souvent pilier de la formation musicale. La Compagnie du Rigodon est une exception dans le domaine, centrant sa musique instrumentale autour du violon. Le Rural Café joue également régulièrement sans accordéon.
Un deuxième aspect de l’évolution est le jeu collectif. Dans les collectes, la plupart des informateurs jouent seuls : un violoneux, un chanteur. Nous avons quelques exemples en duo, pas plus. Depuis des années, c’est le jeu en groupe qui est recherché. Une des raisons est l’aspect social des musiques populaires en général. Ces mélodies courtes et accessibles permettent à des musiciens et apprenants musiciens de rapidement jouer à plusieurs. Avec un ensemble instrumental, nouveau par rapport à une “tradition” dans ce répertoire, de nombreuses nouvelles pistes musicales sont explorées. Là encore, ce sont des influences d’autres musiques, parfois du même domaine (musique populaire d’ailleurs), parfois de domaine à première vue plus éloigné (musique jazz, classique, contemporain, expérimentale) qui vont servir de repère. Chaque groupe a ses directions de recherche : certains parlent d’évolution en créant de nouvelles harmonies et polyrythmies à partir de ces mélodies, d’autres mettent l’accent sur le son, le timbre, la modalité. Les combinaisons instrumentales vont alors clairement définir l’objectif. Les Violons du Rigodon, c’est un ensemble d’une quinzaine de violons, et uniquement des violons. Avec cet orchestre, ils arrangent les airs avec des contre-chants et de la polyrythmie tout en ayant une attention particulière autour du son et de la dynamique qu’amène l’archet sur leurs instruments. D’autres groupes ne font jouer que des instruments cordes frottées : Drailles, Violoneuses, Les Racleurs de Boyaux, Tradsh. La plupart des orchestres rencontrés jouent avec des ensembles comprenant d’abord un accordéon et un violon auxquels s’ajoutent des instruments à vent (flûtes ou clarinettes), et souvent une guitare (ou autre instrument à plectre). Chacun apporte sa couleur, sa touche d’originalité. En Avant Trois, par exemple, regroupe autour d’un accordéon, un accordina et un galoubet tambourin, marquant l’influence provençale du groupe. Tournicoton Electrad’Oc est un duo de vielle à roue.
L’aspect linguistique du rigodon, situé à cheval sur l’aire de l’occitan alpin et du franco-provençal est, lui, peu développé. De la même manière que le nombre de locuteurs de langues régionales dans son ensemble décroît, de nombreux acteurs du rigodon aujourd’hui disent ne pas parler, parfois comprendre l’occitan ou le franco-provençal. Plusieurs groupes chantent néanmoins des airs en langue locale. Stéphane Delval, Patrick Mazellier et Mana Serrano soulignent l’importance du rapport à la langue occitane, qui a tendance à disparaître.
Aujourd’hui le rigodon à Charance s’est dépouillé de certains particularismes comme le costume, remplacé par un tee shirt. Le rituel des porteurs de canne, qui était réservé aux jeunes n’ayant pas encore effectué leur service militaire, a disparu, bien que l’objet demeure présent. Le chant s’est également perdu. Les Charançais ne se souviennent plus que du refrain du rigodon de Charance et ils ont conscience d’avoir fait évoluer la danse malgré eux, “puisque celle-ci n'a jamais été fixée par un quelconque enregistrement”. Le rigodon, qui ne donne lieu qu’à quelques répétitions la semaine précédant la fête, n’est pas pratiqué le reste de l’année.
La présence actuelle du rigodon dans les bals, le nombre croissant de danseurs qui dansent le rigodon, est signe d’une vitalité, tout comme la popularité de certains groupes de musique.
Les études commanditées par le musée Dauphinois (recherches de Charles Jostein, ethnographie d’Hélène et Jean-Michel Guilcher parue en 1984, études menées par Patrick Mazellier et Geneviève Chuzel dans les années 1990 et 2000), ont grandement contribué à la sauvegarde et à la transmission du rigodon et elles font encore aujourd’hui autorité auprès des musiciens et danseurs de rigodon. Mais beaucoup de pistes de recherche restent inexplorées dans ce champ et on remarque que de nombreux acteurs du rigodon ont mené eux-mêmes des recherches pour approfondir leur pratique (retour à des sources écrites, recherche d’archives, collectes de terrain...)
Nous avons assisté à des ateliers à l’été 2021 qui réunissaient des groupes de danseurs qui n’avaient pas pu se rencontrer depuis une année et demi, et la crise sanitaire a pu mettre en évidence la fragilité de ces pratiques qui reposent sur un lien social entretenu par une continuité, des rencontres régulières, et des occasions de danser à l’extérieur du groupe (que ce soit en bal ou dans le cadre de spectacles).
Les différents types de transmissions orales participent à la sauvegarde du rigodon : ateliers réguliers et stages ponctuels de musique et danse, conférences.
Les concerts, bals et spectacles sont l’occasion de découvrir ou d’approfondir le rigodon.
- Bourel Perrine, Cahier de répertoire rigodon, Cie du Rigodon, 2016.
- Favre Michel et Richaume Olivier, Cahier de répertoire N°1, Cie du Rigodon, 1995.
- Guillon M et JC, Delval Stéphane, Danses du Gapençais et du Val Durance, La Taïole, 2014.
- Mazellier Patrick, Violon Traditionnel, livre CD, Echo des Garrigues, 2013
- Mazellier Patrick, Plantevin Jean-Bernard, Pasturel Valérie, Ramel Jean-Louis, Schook Han, Zorzin Nicolas, Chansons traditionnelles et populaires de la Drôme, Culture et Langue d'Oc, 26, 2005
- Mazellier Patrick et Richaume Olivier, Livret de l’Exposition Les Violons du Rigodon, CDMD 05, 1995
- Vignon Christian, “Pas à pas”, DVD documentaire + vidéos pédagogiques, Rigodons et Traditions, 2006
- Vignon Christian et Jocelyne (Rigodons et traditions), Dansons le Dauphiné Vol. 1 et 2, , Troclet Jean-Jacques, CRDP de l'Académie de Grenoble, 1994 / 1997
Recherches et catalogages (Olivier Richaume, Patrick Mazellier), centres de ressources en ligne (site infrasons mis en place par l’AMTA et le CMTRA).
L’action en cours du CMTRA /Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes / “Opération Rigodon” en 2021-2022.
Cette action vise à mettre en lumière le rigodon, à sortir de son image négative chez une grande partie des musiciens du renouveau Folk pour en montrer une autre facette, et à susciter un intérêt pour le rigodon sur le territoire où il était dansé traditionnellement.
Le CMTRA a rassemblé différents acteurs dont Patrick Mazellier, Christian Vignon, Philippe Borne, Jean-Paul Biessy, Robin Vargoz et deux membres du CMTRA, Gilles Moncoudiol et Jacques Mayoud, pour mettre en commun leurs ressources et leurs propositions autour du rigodon. C'était la première fois que ces acteurs-là discutaient ensemble, avec le CMTRA comme organisateur.
Le CMTRA valorise cette année les différents éléments proposés par les uns et les autres autour du rigodon et organise un événement en mai à Mens à l'attention d'un public local. Certains acteurs vont à cette occasion proposer des stages, des ateliers, une soirée de bal, des concerts dans des bars.
Ils n'ont pas souhaité intégrer les groupes folkloriques à cette action. L’association Rigodon & Traditions, basée à Sassenage, près de Grenoble, est allée à la recherche de plusieurs “terroirs à rigodons” (Beaumont, Trièves, Dévoluy, Champsaur...). Ils ont collecté de nombreuses formes de danses, différents pas associés à des territoires et les diffusent, notamment auprès de groupes folkloriques. Les groupes folkloriques ont donc dans leur répertoire “leurs” rigodons, locaux, auxquels ils ajoutent des rigodons des régions voisines. Ils se les transmettent lors de rencontres et d’échanges, comme encore récemment avec le regroupement “Le Dynamique Folk”.
Des rencontres avec des danseurs venant de la danse contemporaine et improvisée ont nourri leurs recherches. Tout en cherchant à garder une attitude de danseur de rigodon et certains codes propres à cette danse, ils proposent des formes d’improvisation collective ou individuelle, parfois guidés par un "maître de danse”.
Plusieurs groupes proposent également des concerts où la musique de rigodon sert de matériau de création et d’expression. Ils affirment que “Libérés de la contrainte de faire danser”, de nouvelle formes musicales peuvent se développer à la rencontre d’autres esthétiques musicales (jazz, musiques anciennes, contemporaines, expérimentales etc.).
Sans objet
Pas de mesures prévues et financées.
Il serait utile d’approfondir les recherches historiques sur le rigodon et de poursuivre la recherche sur la pratique actuelle par une étude plus exhaustive des pratiques des groupes folkloriques et par une extension géographique de l’inventaire, en particulier vers les territoires de la Provence et du Piémont Italien afin de fédérer l’ensemble des acteurs du rigodon.
Sans objet
Inventaire réalisé dans le cadre de l’enquête réalisée pour la réalisation de ce dossier (cf annexe 1)
Bajard Flora, La réappropriation des musiques traditionnelles dans les musiques actuelles « De l'objet d'étude à l'élaboration d'un outil pour la réflexion socio-anthropologique : la démarche artistique des musiciens, espace d'observation de dynamiques sociales, culturelles et artistiques », IEP de Toulouse, Mémoire de recherche sous la direction de Florent Gaudez, 2007-2008.
Cognet Clémence, Le Collectage, Pourquoi recueillir les musiques traditionnelles ? CEFEDEM Rhône-Alpes, 2011-2012.
Defrance Yves, « Distinction et identité musicales, une partition concertante », Cahiers d’ethnomusicologie 20, "identités musicales", 2007, p.9-27.
Guilcher Yvon, « La danse renseigne sur plus qu'elle-même", 1992, extrait de Danses et sociétés, Conservatoire occitan. Disponible sur http://www.cmtra.org
Guilcher Yvon, La danse traditionnelle en France, ADP / FAMDT éditions, 1998, réed 2001
Le Moal Philippe, sous la direction de, Dictionnaire de la danse, 1999.
Ladoucette Jean-Charles-F., Histoire, antiquité, usages et dialectes des Hautes-Alpes, 1848.
Guichard Germain, Le rigaudon dans le Trièves, 1885.
Rivière Maurice, Revue des langues romanes, 1895.
Valschade Henry, Chansons populaires du Vivarais, 1897.
D’Indy Vincent, Chansons populaires du Vivarais, 1900
Tiersot Julien, Chansons populaires recueillies dans les Alpes Françaises, 1903 (aboutissement d’une longue enquête débutée en 1895 et qui aura duré cinq ans, recueil de paroles et de mélodies, par lui-même ou par des informateurs intermédiaires).
Lambert Louis, Chants et chansons populaires du Languedoc, 1906.
Gauthiers -Villars Marguerite, Chansons populaires recueillies à Villard-de-Lans, publié en 1929.
Van Gennep Arnold, Le Folklore du Dauphiné, Paris Maisonneuve, 1933.
Grise Auguste, Coutumes du Trièves au XIXe siècle, souvenirs de ma jeunesse..., 1939.
Pittion Paul, Chants et danses du Dauphiné, Grenoble, Roissard, 1950.
Barrachin Justin, Le rigodon dans la région Gapençaise, 1951.
Canteloube Joseph, Anthologie chants populaires français, 1951.
Muller Claude, « Danses populaires du Dauphiné », Cultures et traditions du Dauphiné tome 2, Aubenas, Editions des 4 serpents, 1978.
Meyer David, Contes et Fatorgues en patois du Champsaur, 1980.
“Le Vercors un siècle en Hiver”, dir. Mme Bauvoi, club d’histoire du Lycée de Villars de Lans, 1982.
Guilcher Jean-Michel, « Le domaine du rigodon : une province originale de la danse », Le monde alpin et rhodanien 1/2 : Chants et danses de tradition : 7-71, 1984.
Vignon Christian et Jocelyne (Rigodons et traditions), Troclet Jean-Jacques, “Dansons le Dauphiné” Vol. 1 et 2, CRDP de l'Académie de Grenoble, 1994 / 1997.
Mazellier Patrick et Richaume Olivier, Livret de l'exposition "Les Violons du Rigodon", CDMD 05, 1995.
Mazellier Patrick avec Geneviève Chuzel, "Inventaire du patrimoine pour le Trièves" en collaboration avec le Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnographie et le Musée Dauphinois de Grenoble : article "Musiques et danses" dans Patrimoine en Isère : Le Trièves, 1996.
Richaume Olivier, « De vive voix, les chansons d'ici, les Pays du Buëch », CDMD 05, 1998
Mazellier Patrick "Violoneux traditionnels en Dauphiné", extrait de Violon populaire, le caméléon merveilleux, Editions Modal 2003.
Mazellier Patrick « Permanences identitaires et échanges culturels dans les musiques traditionnelles des Alpes du Dauphiné » Extrait de Association Rhône Alpes d’anthropologie, L’ARA n° 53, 2004.
Mazellier Patrick, « Des folkloristes aux collectes contemporaines de chansons populaires. Quelques aspects de matériaux recueilli en Dauphiné et Vivarais », dans Le monde alpin et rhodanien, revue régionale d’ethnologie, 2004.
Mazellier Patrick, « Musiques et musiciens traditionnels dans les Hautes- Alpes, des folkloristes au Revival”, Guide de la musique traditionnelle en région PACA, édition Arcade
Mazellier Patrick, « Musiques traditionnelles en Rhône-alpes : des Alpes aux Cévennes » Trad magazine n°168 et le site http://ruralcafe.com
Mazellier Patrick, Plantevin Jean-Bernard, Pasturel Valérie, Ramel Jean-Louis, Schook Han, Zorzin Nicolas, « Chansons traditionnelles et populaires de la Drôme » dans Culture et Langue d'Oc, 26, 2005.
Elouard Véronique, "Le Rigodon cherche sa danse" dans Musiques traditionnelles du Monde en Rhône-Alpes, la lettre d'information des musiques traditionnelles en Rhône Alpes n 63, décembre 2006.
Vignon Christian " Pas à pas", DVD documentaire + vidéos pédagogiques, réalisé par et Rigodons et Traditions, 2006.
Delval Stéphane, Guillon M et JC, Stéphane Delval, Danses du Gapençais et du Val Durance, La Taïole, 2014.
Les archives sonores du CMTRA / AMTA - www.infrasons.org
BIPO : la base inter régionale du patrimoine oral, en particulier pour le Fonds Charles Joisten :
http://patrimoineoral.org/dyn/portal/index.seampage=alo&aloId=31770&fonds=&nat=3&cid=56
BIPO : Fonds Patrice Lejeune, Fonds Famille Bérard, Fonds Francine Lancelot-Coursange (Fonds Rhône-Alpes du MUCEM)
“Chants et Danses du Dauphiné”, La Delphinale, 45T, 19??
“Anthologie de la musique traditionnelle française - violoneux et chanteurs en Dauphiné”, Le Chant du Monde 33T, 1977
“La Bamboche”, Hexagone, 33T, 1975
“Cant e musica de Provença”, Mont Joïa, Le Chant du Monde, 33T, 1976
“Le Grand Rouge”, Cézame, 33T, 1976
“Empi et Riaume”, De plein Vent, 33T, 1978
“Le Pays Gavot, De passage au château de Tallard”, 1986
“Le violon traditionnel en France, Dauphiné : Les pays du rigodon, Champsaur, Gapençais, Beaumont, enregistrements historiques 1939-1977”, Silex, 1994
“Anthologie de la chanson française”, dir. Marc Robine, 1994
« Rigodon sauvage », Michel Favre, Patrice Gabet, Bruno Sabalat, Ocora Radio France, 1995
“Trois p’tits tours en Provence”, Patrick Vaillant, 1997
“Les Violons du Rigodon”, Cie du Rigodon, K7, 1997
“Moissons en Champsaur”, Lei Mantenaires Chansouris, 1999
"Hier, Aujourd'hui, Collectages et pratiques autour du Rigodon", avec Drailles, Passe Montagne, Rural Café et les Violons du Rigodon, Buda Musique 1999
“Passe Montagne”, Polo Burguière, Bruno Sabalat, Olivier Milchberg, Muance prod, 1999
“Drailles, quintet de violons”, M Favre, P Gabet, O Richaume, C Faure, I Barthelemy, Modal, 1999
“Les Couleurs du Cercle, Rural Café”, dir Patrick Mazellier, Mustradem, L’autre distribution, 2000
“Le Chant des Alpes”, disque offert avec la revue Alpes magazine, 2000
“Arco Alpino, violons traditionnels des Alpes”, direction Patrick Vaillant, Modal, 2001 Atlas sonore n° 15 « Le Vercors » , édition du CMTRA et du PNR du Vercors, parue en 2001
"22 Rigodons à danser", Cie du Rigodon, 2002
"Les Violons du Rigodon, Fanfare Ménétrière", Cie du Rigodon, 2002
“Cheminements...”, Rigodons et Traditions, 2002
“Syndrome de l’Ardèche”, Stéphane Maujean, Modal, 2003
“Entre Mer et Montagne”, Drailles, Violons du Rigodon, Région PACA, 2004
“Rural Café, En suivant la draille”, Mustradem, 2005
“Les Balbelettes”, Annik Magnin et Isabelle Barthelémy, Cie du Rigodon, 2007
“Camin d’Avuro”, Chansons traditionnelles de la Drôme, JB Plantevin et Rural Café, 2010
“De par nos sentes”, Rigodons et Traditions, 2011
“Violon Traditionnel”, livre CD par Patrick Mazellier, Echo des Garrigues, 2013
“Drailles, Paura Gramusa”, M Favre, P Gabet, C Ildevert, I Barthelemy, Cie du Rigodon, 2013
“Tornamai”, Mana Serano, Nicolas Roche, Basile Brémaud, Clément Gauthier, 2014
“Violoneuses”, Mana Serrano et Perrine Bourel, La Novia, 2015
“La Preyra”, Béatrice Terrasse et Louis Jacques, Chnut, 2015
“Cahier de répertoire rigodon”, Perrine Bourel, Cie du Rigodon, 2016
“Bougnat Sound”, Loïc Etienne, Julien Barbance, Olivier Sulpice, AEPEM, 2017
“Louise”, Béatrice Terrasse, Clémence Cognet, Mathilde Karvaix, L’Auvergne imaginée, 2018
“Des montagnes”, Perrine Bourel, La Novia, 2018
“Le Soleil ni même la Lune”, Perrine Bourel et Jacques Puech, La Novia, 2021
“Terre Kushal”, Perrine Bourel et Mosin Kawa, Cie du Rigodon, 2021
“Duo Vargoz”, Robin Vargoz et Guillaume Vargoz, Cie du Rigodon, 2021
15 rigodons ont fait l’objet de captation vidéo dans le cadre du travail d’inventaire PCI ayant conduit à la réalisation de ce dossier.
http://patrimoine-oral.org/
https://www.infrasons.org/
www.cmtra.org
www.violoneux.fr
Mazellier Patrick ; Musicien, collecteur, animateur de stages, d’ateliers, organisateur d’événements.
Tel : 06 76 70 85 88 / Email : pat.mazellier[at]orange.fr / Vallon Pont d’Arc
Perrine Bourel ; Musicienne
06 48 93 85 03 / perrinebourel[at]gmail.com /Aspremont
Christian et Jocelyne Vignon ; Musicien, danseuse, collecteurs, organisateurs de stages, ateliers et d'événements avec l’Association Rigodon et Traditions
06 70 71 88 55 / christian.vignon1@gmail.com / Sassenage
Olivier Richaume ; Musicien, comédien, chercheur en ethnomusicologie, La Compagnie du Rigodon
Tel. 06 08 37 49 20 / Email : lamaisonduviolon@gmail.com / Rosans
Delval Stéphane ; Danseur, musicien, enseignant en danse (La Taîole) et en musique (école de musique d’Embrun)
06 78 03 0017 / stephane.delval.05@gmail.com / Tallard
Mana Serrano ; Musicienne, danse, anime des stages de danse.
0698391915 / mana.serrano@gmail.com /Monoblet
Solène Amar ; Musicienne, danseuse, groupe Lei Maintenaires
06 87 85 52 60 / solene.amar@gmail.com / Saint Laurent du Cros
Robin Vargoz ; Musicien, danseur, anime des stages de danse, La Compagnie du Rigodon
Tel. 06 87 93 64 64 / robin.vargoz@gmail.com / Aspremont
Philippe Borne ; Danseur, anime des stages de danse, Le folk des terres froides
06 41 81 35 92 / philippe.borne2@orange.fr / La Tour du Pin
Bernadette Gervazoni ; Danseuse, musicienne, La Picouline
06 87 14 87 30 / lapicouline@orange.fr / Villars de Lans
Robin Vargoz ; Enquêteur rédacteur
Tel. 0687936464/ robin.vargoz@gmail.com / Aspremont
Caroline Fontana ; Enquêtrice rédactrice
0673637554 / fontana.caroline@orange.fr
Caroline Fontana ; Ethnologue
Entre octobre 2020 et mars 2022
Date de remise de la fiche : 7 avril 2022
Année d’inclusion à l’inventaire : 2022
N° Ministère de la Culture : 2022_67717_INV_PCI_FRANCE_00512
Identifiant ARKH : <uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvkswj</uri>
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rigaudon
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