La chorale Saint-Siméon, nommée en l’honneur du père de Saint-Sava, regroupe une quinzaine de membres qui se réunissent les dimanches matins pour chanter et célébrer la liturgie.

La chorale Saint-Siméon, nommée en l’honneur du père de Saint-Sava, regroupe une quinzaine de membres qui se réunissent les dimanches matins pour chanter et célébrer la liturgie. Dirigée par Nana Peradze, d’origine géorgienne, la chorale chante un répertoire liturgique des traditions orthodoxes de différents pays. En général, les chants sont en Slavon, mais on introduit de plus en plus au répertoire des pièces en d’autres langues, dont certaines en français.

Les répertoires de chants
La communauté orthodoxe de Saint-Sava célèbre la liturgie de Saint-Jean-Chrysostome, commune au christianisme et datant du 4e siècle. Un office religieux est constitué de parties lues par les diacres et prêtres, ainsi que d’hymnes et de psaumes se trouvant dans différents livres de chants. Les chants orthodoxes de la liturgie du dimanche sont généralement puisés dans les répertoires des psaumes et des hymnes. Les chants issus des psaumes, composés au début de l’ère chrétienne, sont intégrés dans les parties fixes de la liturgie, qu’on appelle la liturgie des Heures, ou чacocлoв, ("casoslov") en serbe. Les prières qu’elle contient correspondent à différents moments de la journée où on prie, traditionnellement.
Les prières dominicales sont regroupées dans l’Octoèque, "осмогласник", un livre qui présente des textes récités et chantées qui sont divisés en "8 tons", ou "8 modes" mélodiques du Plain-Chant chez les Orthodoxes. Les mélodies se ressemblent sensiblement entre les 1er et 5e ton ; entre les 2e et 6e tons ; les 3e et 7e ton, ainsi que les 4e et 8e tons. Dans ces parties fixes de la liturgie, les prières de chacun des tons sont les mêmes ; seules les mélodies changent. Chaque semaine a son propre ton, et on passe à un nouveau ton le samedi soir avec les Vigiles. Chaque jour est dédié à un Saint ou au Christ: par exemple, le lundi est consacré aux Anges, le mardi à Saint-Jean-Baptiste, le mercredi et le vendredi à la passion du Christ, ces jours étant d’ailleurs des jours de carême, le jeudi aux apôtres et à Saint-Nicolas, le samedi pour les défunts (tous les Saints) et le dimanche à la résurrection. Les prières chantées se trouvant dans l'Octoèque sont dédiés à ces Saints.
D’autres livres rassemblent les chants pour les fêtes fixes : les fidèles ont recours au Livre des Ménées, "минеј" ou Livre des 12 temps, pour toutes les fêtes du cycle pascal annuel, ainsi qu’au Triode, "триод", pour la période de carême précédant Pâques et le Pentecostaire pour la période entre Pâques et la Pentecôte. De plus, il existe un répertoire diversifié de chants, écrits par différents compositeurs, associés à certaines fêtes fixes comme Noël, par exemple. Au cours du cycle liturgique annuel, on alterne les livres selon les temps religieux. On retrouve aussi dans ces différents livres un système de huit tons musicaux pour ces chants, mais sauf coïncidence, ils ne correspondent pas aux 8 tons de l'Octoèque.

Le chant orthodoxe a la particularité d’être chanté "a capella", sans autre accompagnement que la voix. Il existe deux traditions musicales dans la communauté serbe de Saint-Sava :

La tradition byzantine
Le chant byzantin, d’origine très ancienne, est chantée à une seule voix et accompagnée d’un bourdon, ou "note tenue". Ces mélodies sont écrites à l’aide d’une notation orientale, toujours utilisée en Grèce d’ailleurs, qui permet une certaine liberté dans l’interprétation. Le bourdon n’apparaît pas dans les partitions. Le chant byzantin est enseigné de façon orale, et le chanteur apprend à adapter le texte à une des bases mélodiques qu’il a appris. Ceci constitue une particularité propre au chant serbe, dont la technique est appelée "кројење" (krojenje), se qui signifie littéralement "tailler" la mélodie sur le texte. Chez les orthodoxes russes ou grecs, on a davantage tendance à suivre une certaine rythmique, alors que ce n’est pas le cas chez les Serbes.
On doit d'ailleurs souligner que si l'Orthodoxie a recours à la répartition générale des chants en huit tons, la manière dont ces tons est chantée varie d'une Église orthodoxe à l'autre. Les chants byzantins sont généralement chantés dans les différentes messes hebdomadaires, comme les vêpres, les vigiles ou les matines, alors qu'ils sont rarement présents à l'office dominical où on préfère les chants polyphoniques.

La tradition polyphonique
La seconde tradition orthodoxe est le chant polyphonique, produit de plusieurs voix et dont le répertoire, plus récent, est développé par des compositeurs provenant de pays orthodoxes ayant étudié la musique classique occidentale puis ayant adapté les chants traditionnels à ces canons esthétiques. La chorale a recours au répertoire de différents compositeurs à l’église, tels que Stevan Stojanović Mokranjac et Kornelije Stankovic, dont les œuvres sont les plus répandues dans les églises serbes. Contrairement à la tradition byzantine, les pièces du répertoire polyphonique sont écrites sur partition à la notation occidentale et sont plus facilement accessibles aux chanteurs parce que les notes de la partition demeurent fixes.

Étant donné qu’une partie des membres de la chorale Saint-Siméon ne sait lire la musique, on enseigne les chants liturgiques à l’oreille, voix par voix. Les deux voix de femmes sont les sopranos et alto, et les deux voix d’hommes sont les ténors et les basses. Ce sont les chants polyphoniques qui sont pratiqués dans la chorale, car la tradition byzantine est moins facile à maîtriser. Alors que le répertoire du chant polyphonique est écrit à la notation occidentale, celui du chant byzantin est transmis de façon orale. Certains membres de l’église ont été initiés à cette façon de "tisser" les psaumes sur les mélodies tout jeunes en chantant dans la chorale de leur église alors qu’ils vivaient en Serbie. Aujourd’hui, le chant choral, dont le chant byzantin et sa notation particulière, est enseigné à l’Institut Saint-Serge dans le cadre d’un séminaire, mais on y apprend la tradition russe où cette particularité du "tissage" musical est moins présente. Certains étudiants souhaitent chanter avec des membres de l’église et profitent donc des vigiles du samedi soir pour les initier au répertoire byzantin. Depuis un an, ils offrent des cours en petits groupes aux intéressés une heure avant les vigiles. De plus en plus de personnes de la chorale s’y intéressent, d’ailleurs.

Les membres de l’église Saint-Sava considèrent important de présenter leur culture aux Français, et c’est pourquoi la chorale Saint-Siméon performe parfois dans d’autres paroisses chrétiennes et a produit un premier album de son répertoire. De plus, la paroisse intègre de plus en plus de chants traduits en français pour s’adapter à la présence de francophones d’origine française et serbe au sein de la communauté de la paroisse. Malgré que le slavon, ancienne langue du serbe, constitue la langue traditionnelle utilisée dans la liturgie, certains jeunes d’origine serbe et ayant grandi en France, ou encore certains membres d’origine française, ne peuvent comprendre l’ensemble de la liturgie. C’est pourquoi le père Jovan introduit aujourd’hui des parties de la messe en serbe – et même en français – pour la compréhension de tous. Des textes religieux ou des articles sur l’orthodoxie serbe commencent d’ailleurs à être traduits dans la langue de Molière, ce qui permet aux francophones d’accéder à la culture serbe et à sa spiritualité.

Les premiers chants chrétiens ont été faits à partir des psaumes de l’Ancien Testament et chantés lors de la liturgie. L’apôtre Paul avait d’ailleurs écrit dans le Nouveau Testament : "Chantez quand vous êtes ensemble, célébrez Dieu dans les hymnes et chants spirituels". Des hymnes sont écrites au IVe siècle après Jésus-Christ par des poètes pour célébrer Dieu et les Saints lors des fêtes liturgiques, dans un contexte où le Christianisme sort de trois siècles de persécution et est enfin accepté dans l’Empire romain. Le chant orthodoxe naît avec la création du Royaume de Byzance et se distingue avec l’introduction des mélismes, esthétique propre au chant oriental, ainsi que les chants de 8 tons qui s’inspirent du monde grec ancien et à l’esprit des prières. L’usage du chant dans les offices permet de maintenir l’attention et de prier de tout son être tout au long de la célébration, d’une durée de deux heures.

Le chant byzantin s’est développé dans la partie orientale de l’Europe actuelle, en Grèce, dès les premières années de la christianisation. Son système tonal s’est développé entre les IVe et VIIIe siècles, en s’inspirant de la théorie musicale de la Grèce antique. De ces bases musicales se sont développés des "canons" musicaux à partir desquels de multitudes mélodies ont été créées puis adaptées selon les régions. En Serbie, l’orthodoxie s’est répandue au XIIe siècle, et le répertoire musical grec a été transmis puis traduit en langue slave. C’est au XVe siècle que les moines ont commencé à composer de nouvelles mélodies. Les compositions serbes sont d’ailleurs connues de toute la tradition musicale byzantine.

Sous la période ottomane qui a duré près de 500 ans, les orthodoxes serbes n’ont pu eu l’autorisation de copier le répertoire de chants liturgiques et la tradition s’est alors perpétuée à l’oral. Pour cette raison, les chants byzantins serbes sont donc sensiblement distincts des autres traditions orthodoxes où les chants étaient transcrits sur des partitions et sensiblement moins modifiés que les chants transmis à l’oreille.

Au XVIIIe siècle, les liens entre la Serbie et le royaume austro-hongrois ont amené plusieurs compositeurs serbes à suivre des formations en Occident. Certains de ceux-ci ont transcris sur partition des chants religieux de la liturgie serbe à la notation occidentale, plus largement utilisée. Ce fût le cas de l’Octoèque. Sous l’influence occidentale, le bourdon du chant byzantin a parfois été supprimé des chants. Les compositeurs ont aussi intégré la polyphonie à quatre voix sur les répertoires populaires serbes. C’est ce qui est majoritairement chanté à l’église aujourd’hui. La langue a évolué en passant du slavon au serbe, et même si la liturgie a été traduite dans la langue actuelle, la plupart des chants ont été conservés en slavon, et sont traduits peu à peu dans la langue parlée aujourd’hui.

La Serbie est le lieu d’une rencontre culturelle entre l’Orient et l’Occident et caractérise une musique issus de ces échanges : les mélodies proviennent de Byzance, et sous l’influence de la musique occidentale, elles ont parfois été simplifiées et les modes musicaux occidentalisés.

La chorale Saint-Siméon a été fondée en 2000. Elle regroupe actuellement une quinzaine de membres en majorité d’origine serbe. On y retrouve toutefois quelques chanteurs d’origine française et géorgienne. La chorale a déjà enregistré un album de chants religieux qu’elle avait vendu à 3000 exemplaires. Elle enregistre actuellement un second album, qui répondra au souhait de plusieurs d’écouter de la musique sacrée en dehors de la liturgie et servira aussi de cartes de visite pour les concerts qu’elle offre à l’occasion dans d’autres églises. Cela permettra à ceux qui s’intéressent à la culture serbe et/ou à l’orthodoxie de s’y introduire.

La chorale se réunit pour la liturgie du dimanche. Dans d’autres églises, certaines chorales chantent aussi les samedis matin ou encore à l’occasion des vêpres le soir.
Ce n’est pas le cas à l’église Saint-Sava. Quelques étudiants en théologie à l’Institut Saint-Serge, dont certains sont aussi membres de la chorale Saint-Siméon d’ailleurs, participent aux vêpres du samedi soir et favorise l’intégration du chant byzantin qui est plus difficile à apprendre et à maîtriser. Les vêpres constituent une occasion de chanter un répertoire plus traditionnel à l’église Saint-Sava.

- Concerts dans d’autres églises, réalisation de deux albums en vente

- Enregistrement d’album

- Concerts

- Messes à l’église Saint-Sava

Personne(s) rencontrée(s)

- Goran Ilic Benke, membre de la chorale Saint-Siméon et étudiant en théologie à l’Institut Saint-Serge

- Djuro Cetkovic, membre de la chorale Saint-Siméon

- Dragoljub Bogosavljevic, membre de la chorale Saint-Siméon et étudiant en théologie à l’Institut Saint-Serge

- autres membres de la chorale Saint-Siméon

Localisation (région, département, municipalité)
23, rue du Simplon
Paris, 18e arrondissement

Adresse courriel
Goran Ilic Benke : goranbenke@yahoo.com
Djuro Cetkovic : djuro.cetkovic@gmail.com

Indexation : Orthodoxe-Serbe/Église Saint-Sava/Chant

Dates et lieu(x) de l’enquête : 27 décembre 2009, Église Saint-Sava
Date de la fiche d’inventaire : 28 janvier 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Élise Bégin
Nom du rédacteur de la fiche : Élise Bégin

N° d'inventaire Ministère Culture : 2009_67717_INV_PCI_FRANCE_00047
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2w5

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chant_choral_serbe

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