Le compagnonnage

Associer la croissance sociale des individus à la formation de l’homme de métier

Le compagnonnage constitue, c’est même sa fonction principale, une formule de prise en charge de la croissance sociale des individus associant formation de l’homme de métier, construction d’une personne sociale et élaboration d’un membre d’une communauté singulière, le "compagnon".

Le compagnonnage constitue, c’est même sa fonction principale, une formule de prise en charge de la croissance sociale des individus associant formation de l’homme de métier, construction d’une personne sociale et élaboration d’un membre d’une communauté singulière, le "compagnon". Ce dernier est le détenteur d’une culture compagnonnique qui se manifeste particulièrement par la possession et/ou la connaissance de symboles particuliers (rubans de couleurs, canne, boucles d’oreille dites "joints", surnom rituel) qui "portent" l’identité compagnonnique. L’attachement au secret, notamment en ce qui concerne les rituels initiatiques, y compris chez ceux qui se sont détachés de l’institution, atteste l’importance que les individus accordent à la formule compagnonnique (dont l’efficacité réside en partie sur des révélations progressives de corpus de connaissances). Et cette culture compagnonnique forme un "tout complexe", que chaque génération de compagnons, depuis le XVIIe siècle et selon le contexte politique, social et économique, a redéfini, repensé selon les critères et les enjeux du moment.

La fonction d’accompagnement biographique est l’une des caractéristiques essentielles du compagnonnage. Au sein des maisons compagnonniques sont mis en place les enseignements des métiers, la transmission de savoirs compagnonniques et les rites et pratiques coutumières qui font accéder à une progression personnelle dans le cadre d’une hiérarchie de statuts ("aspirant", "compagnon reçu" et "compagnon fini" pour ne s’en tenir qu’aux grandes articulations déterminées par les rituels initiatiques et auxquelles se superposent des oppositions entre "itinérants" et "sédentaires", "jeunes" et "anciens") et d’une division des rôles dont la fonction est moins d’ordonner l’inégalité que d’offrir des horizons successifs de conquête identitaire. Dans toutes les sociétés de compagnonnage, il existe un responsable de la coutume, gardien des usages et cérémonies (souvent appelés "rôleur" ou "rouleur", nom venant de l’ancien terme désignant la Règle compagnonnique, le "Rôle"), un responsable de la maison (le "prévôt", le "premier en ville", etc.). De façon tout à fait significative, ces rôles sont souvent tenus par de jeunes compagnons qui, de ce fait, apprennent le compagnonnage d’une manière inédite en l’exerçant vis-à-vis des autres.

Sur le Tour de France notamment, qui consiste en l’obligation faite à tout individu de voyager plusieurs années avant de se voir décerner le titre de "compagnon", chacun peut éprouver, de façon empirique, les rapports de la continuité et du changement, en quoi consiste essentiellement l’idée de progression. Le Tour de France rend visible, ce qui dans la vie ordinaire n’est pas exactement perçu, à savoir le passage du temps qu’attestent et renforcent les rites d’initiation, les remises d’attributs symboliques, de certificats de passage, l’organisation de moments plus ou moins ritualisés concernant les arrivées et départs qui jalonnent le Tour de France.
La cohérence et l’efficacité de cette formule reposent sur le fait que cette fonction générale est véhiculée de façon particulière dans le cadre de savoirs et de pratiques qui permettent aux individus d’acquérir ce que l’on pourrait appeler une culture compagnonnique, composée tout à la fois d’éléments cognitifs (des savoirs transmis dans des rites, des enseignements, des "causeries", des bibliothèques) et d’éléments affectifs ou émotionnels (les liens puissants qui se nouent entre co-initiés, la restitution d’un cadre familial dans les maisons par l’existence récurrente d’une figure féminine nommée la Mère). En somme, la reproduction sociale, la construction identitaire ne sont pas seulement vécues : elles sont également pensées et éprouvées. Les pratiques communautaires systématiquement mises en œuvre dans le cadre du Tour de France servent ainsi à renforcer le sentiment d’une identité compagnonnique. Les fêtes patronales célébrant le saint patron de chaque corps de métier, l’usage des chants compagnonniques dont les refrains, les règles présidant à la prise des repas en commun ou celles désignant les manières de s’adresser à telle ou telle personne de la communauté selon son statut, forment autant de "lieux" rendant manifestes une distinction et une spécificité de groupe dont l’ancienneté est rappelée par les légendes et l’histoire que les "Anciens" ont à charge, par le biais d’un enseignement collectif (la "causerie" dit-on parfois), de transmettre aux plus jeunes.
Les savoirs et usages du compagnonnage rappellent ainsi les liens noués entre les générations que mettent en scène les rites d’initiation et que rappelle l’impératif catégorique auquel sont soumis les Anciens : celui de transmettre leur savoir. La notion de "retransmission", si centrale pour les compagnons, traduit bien cette solidarité intergénérationnelle en même temps qu’elle individualise l’acte de transmission et laisse aux ajustements, à l’inventivité et à la création le loisir de s’exprimer selon les époques, les milieux, les individus. Cette notion, justifiant ainsi de sa re-création permanente en compagnonnage, a d’ailleurs atteint récemment un niveau inédit de reconnaissance avec la mise en place, au sein de l’AOCDTF, d’un "Institut de la Transmission".

La transmission du savoir, qui atteste le fort sentiment de continuité et d’identité chez les compagnons par le tissage d’un "lien de savoir", trouve à se manifester de différentes manières : dans des récits, mais également dans des symboles (remis lors des rituels notamment) ou des objets. Parmi ces derniers, une place importante est réservée au "chef d’œuvre", cet ouvrage de métier que doit réaliser tout individu pour accéder au rang de compagnon et dans lequel il doit rassembler la totalité de son savoir. Ces "chefs-d’œuvre", dont la propriété est éminemment collective puisqu’ils ne sont pas censés quitter la maison dans laquelle ils ont été présentés, balisent les "chemins de l’excellence" voulus par les compagnons dans le monde des métiers, témoignent d’un lien entre l’individu et la communauté et constituent ainsi la dimension patrimoniale la plus expressive du compagnonnage.

Le compagnonnage s’exerce notamment dans le cadre de maisons collectives, appelées selon les groupements compagnonniques et selon les corps de métiers, "maisons", "cayennes", "sièges". Celles-ci, de taille et d’organisation variable, permettent d’assurer l’hébergement et la restauration des itinérants et des apprentis, de proposer des espaces d’enseignement théorique (salles de cours) et pratique (ateliers) distincts selon les corps de métiers représentés dans le lieu, et des espaces culturels, plus ou moins formalisés, d’exposition de travaux de compagnons (les chefs-d’œuvre) et de mise à disposition d’ouvrages spécialisés et généralistes. Enfin, des pièces dévolues aux réunions collectives sont généralement présentes dans les maisons compagnonniques.
Dans les maisons plus petites, dites "campagnes", qui dépendent d’une maison plus importante, l’ensemble de ces fonctions n’est pas nécessairement assuré, en particulier en ce qui concerne la présence des espaces culturels.

L’apprentissage et la transmission du compagnonnage, d’une identité de compagnon, se réalise selon deux voies, l’une qui est pédagogique et qui s’effectue essentiellement dans et par le métier au contact des Anciens qui transmettent les savoirs et savoir-faire propres à leur corps de métier ; l’autre, initiatique, qui s’élabore dans le cadre de rites d’initiation mais également dans des moments moins formalisés qui comportent une intention initiatique (l’apprentissage de l’histoire du compagnonnage, de ses légendes, l’explicitation de ses symboles parallèlement à l’enseignement du métier ou lors de "causeries", etc.). Cet apprentissage du compagnonnage se fait essentiellement sur le Tour de France, mais il se poursuit également au-delà par la présence régulière des individus sédentaires aux fêtes corporatives, aux réunions collectives, etc. Ces moments communautaires fonctionnent, pour tous les individus quel que soit leur statut, comme des temps spécifiques d’apprentissage et de transmission des valeurs et de l’identité compagnonniques.

Il s’agit des maisons compagnonniques au contact des Anciens et des itinérants expérimentés, mais également des chantiers sur lesquels les jeunes en formation sont confrontés à des aspects du métier absents de l’enseignement en atelier (dimension collective du travail, développement d’un sens pratique, etc.).

La durée de l’apprentissage, si l’on ne considère que sa période intensive, celle du Tour de France, est variable selon les individus, les corps de métiers et les groupements compagnonniques. Approximativement, sa durée s’inscrit dans une période allant de 3 à 7 années. Chaque compagnon se doit ainsi de transmettre aux plus jeunes ses compétences techniques, son savoir culturel et, dans des moments particuliers, ses connaissances proprement compagnonniques.

Les origines du compagnonnage se sont pas encore à l’heure actuelle clairement établies.
Incontestablement lié aux associations de métier qui s’organisent notamment au XIIIe siècle, la formule compagnonnique ne se constitue progressivement qu’à partir du XVe siècle, d’abord de façon erratique avant de se développer essentiellement entre la fin du XVIIe et le milieu du XVIIIe siècle selon les corps de métier.
Menacé, comme toutes les organisations corporatives, lors de la période révolutionnaire (lois d’Allarde et Le Chapelier), le compagnonnage se maintient cependant. Mieux, il trouve dans cette résistance et dans l’esprit romantique d’une quête des origines, d’un intérêt pour les allégories et les symboles, les ressorts nécessaires à son développement. Le compagnonnage connaît ainsi entre les années 1820 et 1850 sa période la plus faste qui est également une période de recomposition. Deux groupes, en germe dans le siècle précédent, radicalisent leur opposition : les compagnons du Devoir d’un côté, ceux du Devoir de Liberté de l’autre. Les initiations se font plus complexes ; des conflits de préséance se multiplient entre corps de métier. Les motifs de dissensions deviennent plus nombreux et aboutissent à des scissions et des exclusions qui mettent un coup d’arrêt au développement du compagnonnage. D’autre part, dans le second XIXe siècle, l’essor des sociétés de secours mutuels, puis des syndicats, concurrence de plus en plus le compagnonnage vis-à-vis de fonctions qu’il assurait largement auparavant.
La nécessité d’un renouveau du compagnonnage se fait alors sentir. Les projets de "réforme" et de "régénération" se multiplient, adossés à la figure d’Agricol Perdiguier, compagnon menuisier du Devoir de Liberté, qui fut dès les années 1830 le premier à appeler de ses voeux un renouveau de l’organisation et des valeurs compagnonniques.

Plusieurs tentatives, dont les succès sont variables, voient le jour entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Parmi elles, la création de l’Union compagnonnique des Devoirs Unis en 1889 par Lucien Blanc reste une réussite qu’atteste sa longévité puisqu’elle tient toujours son rang dans le paysage compagnonnique actuel. Mais les tensions restent puissantes entre les différents acteurs du compagnonnage (entre Devoir et Devoir de Liberté, entre l’Union et d’autres regroupements de type fédératif comme la Confédération Jacques, Salomon, Soubise ou la Fédération générale du compagnonnage dans la première moitié du XXe siècle).

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la persistance des conflits rend, pour plusieurs compagnons, nécessaire une rénovation profonde du compagnonnage. Celle-ci sera pensée et mise en œuvre par Jean Bernard lors de la création de l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France en 1941. Mais tous les compagnons n’adhèrent pas à ce projet, notamment l’Union ainsi que les compagnons du Devoir de Liberté et des charpentiers du Devoir. Ces derniers, menés en particulier par Raoul Vergez, entreprennent, après avoir "fusionné" avec les charpentiers du Devoir de Liberté, de fonder la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment et autres activités en 1952. Depuis lors, et avec des ajustements permanents attestant d’un compagnonnage en constante redéfinition (intégration de métiers rares à l’Union, disparition et intégration de nouveaux métiers à l’Association, adhésion des peintres-vitriers à la Fédération).

Les compagnons, c’est une des caractéristiques de la modernité de l’institution compagnonnique, ont toujours eu le souci systématique d’actualiser leur formule de façon à la faire adhérer aux évolutions techniques, sociales et culturelles de leur environnement. La transmission des savoir-faire des métiers, fondée sur un enseignement des usages et techniques traditionnels, ne néglige pas les aspects modernes des métiers et reste attentive aux innovations dont les compagnons ont une maîtrise égale à celle des pratiques anciennes dont la perpétuation garde une valeur identitaire et initiatique.
Cette volonté d’actualisation constante se traduit également dans l’extension internationale conférée à la pratique du Tour de France depuis une vingtaine d’années. Il devient fréquent, si ce n’est ordinaire, que les itinérants soient conduits à partir à l’étranger dans le cadre de leur voyage. Enfin, l’existence de débats depuis une trentaine d’années au sein du compagnonnage concernant l’intégration des femmes au sein de la formation atteste une volonté de "marcher avec son temps". Tandis que la question reste en suspens à l’Union et à la Fédération, l’Association a franchi entièrement le pas et initie, depuis 2005, des femmes au statut de "compagnon".

- Existence d’accords-cadres avec différents ministères (Éducation, Économie et Finances) reconnaissant la spécificité de la formation compagnonnique et assurant sa viabilité dans l’espace habituel de l’apprentissage et de la formation publics ;

- Organisation, dans différentes villes par les groupements compagnonniques, de "journées portes ouvertes".

- Existence d’une presse compagnonnique assurant, pour chaque groupement de façon distincte, une diffusion régulière des informations relatives à la vie compagnonnique

- Mise en œuvre pour chaque groupement de sites Internet permettant la connaissance, la valorisation et la promotion du compagnonnage

Existence de musées de compagnonnage (Bordeaux, Nantes, Romanèche-Thorins, Toulouse, Tours entre autres) et de musées comportant un fonds compagnonnique identifié comme tel (Musée de l’Outil et de la Pensée ouvrière à Troyes, Musée des Arts et Métiers par exemple).

La reconnaissance publique du compagnonnage s’exprime au niveau local par la participation des collectivités territoriales au financement et/ou à la mise en valeur de structures telles que les musées compagnonniques. Au niveau national, et outre la viabilité du compagnonnage assurée par les accords-cadres mentionnés plus haut, cette reconnaissance se manifeste notamment par la représentation de diverses institutions lors de manifestations compagnonniques telles que des expositions thématiques (ex. : "Du coeur à l’ouvrage. Chefs-d’oeuvre des compagnons du Devoir", Palais de la Découverte / Musée national des Arts et Métiers, 17 février – 30 août 2009, inaugurée en présence de Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche). Enfin, la reconnaissance internationale du compagnonnage est attestée par les sollicitations nombreuses qui leur parviennent pour exporter leurs savoirs et leurs savoir-faire et qui font l’objet d’interventions ponctuelles et ciblées (en Asie du Sud-Est par exemple) ou bien de partenariats stables organisés sur le long terme (avec des formations techniques dans divers pays européens et en Amérique du Sud).

Ouvrages généraux et usuels

- BLONDEL Jean-François ; BOULEAU Jean-Claude ; TRISTAN Frédérick, 2000. Encyclopédie du compagnonnage. Histoire, symboles et légendes, Éditions du Rocher, Paris.

- CASTÉRA Bernard de, 1996 [1988]. Le compagnonnage. Culture ouvrière, PUF, Paris.

- HAUTIN Christine ; BILLIER Dominique, 2000. Être compagnon, PUF, Paris.

- ICHER François, 1995. Les compagnons ou l’amour de la belle ouvrage, Gallimard / Découvertes, Paris.

- ICHER François, 2000. Le compagnonnage, Desclée de Brouwer, Paris.

Ouvrages et travaux universitaires

- ADELL-GOMBERT Nicolas, 2008. Des hommes de Devoir. Les compagnons du Tour de France (XVIIIe – XXe siècle), Éditions de la Maison des sciences de l’Homme, coll. Ethnologie de la France", Paris.

- FOURRÉ-CLERC Janique, 2002. Dynamiques professionnelles dans une corporation compagnonnique : définitions de la formation et usages de la tradition chez les tailleurs de pierre, thèse pour le doctorat de sociologie, Université François Rabelais de Tours.

- GUÉDEZ Annie, 1994. Compagnonnage et apprentissage, PUF, Paris.

- ICHER François, 1999. Les compagnonnages en France au XXe siècle. Histoire, mémoire, représentations, Jacques Grancher, Paris.

- TRUANT Cynthia M., 1994. The Rites of Labor. Brotherhoods of Compagnonnnage in Old and New Regime France, Cornell University Press, Ithaca.

Catalogues d’exposition et iconographie

- Le compagnonnage vivant, Caisse nationale des monuments historiques et des sites, 1973, Paris.

- Le compagnonnage, "hier et aujourd’hui" dans notre région, Musée d’Orbigny-Bernon, 1988, La Rochelle.

- Le Compagnonnage, chemin de l’excellence, Réunion des musées nationaux, 1995, Paris.

- BASTARD Laurent, 1996. Les Chefs-d’œuvre des compagnons couvreurs, Tours.

- MOURET Jean-Noël, 1996. Les Compagnons. Chefs-d’œuvre inédits, anciens et contemporains, Hatier, Paris.

Périodiques spécialisés

- Compagnon du Devoir, organe de l’Association ouvrière.

- Compagnons et Maîtres d’œuvre, organe de la Fédération compagnonnique.

- Le compagnonnage, organe de l’Union compagnonnique.

- Fragments d’histoire du compagnonnage, publication annuelle des cycles de conférences du Musée du compagnonnage de Tours.

Récits, mémoires et autres ouvrages de compagnons au XXe siècle

- BERNARD Jean, 1972. Le Compagnonnage, rencontre de la jeunesse et de la tradition, PUF, Paris.

- CACERES Benigno, 1974. Le compagnon charpentier de Nazareth, Éditions du Seuil, Paris.

- DUGUET Marguerite, 1979. Mémoires d’une mère en Devoir, Librairie du compagnonnage, Paris.

- JOURDAIN Pierre, 1997. Voyage dans l’île de Moncontour, ou un demi-siècle de la vie d’un Compagnon tailleur de pierre du Devoir, Librairie du Compagnonnage, Paris.

- JUSSELME Jean-Paul, 1985. Jean-Paul le Forézien, compagnon menuisier du Devoir,  Librairie du compagnonnage, Paris.

- LANGLOIS Émile, 1983. Compagnon du Devoir. Langlois dit Émile le Normand, Flammarion, Paris.

- MORIN Pierre, 1994. Compagnon du Devoir au XXe siècle, Librairie du compagnonnage, Paris.

- VERGEZ Raoul, 1995 [1957]. La pendule à Salomon, Éditions Jean-Michel Garnier, Paris.

Filmographie

- La pendule à Salomon (1961), réal. Vicky Ivernel, SEFC.

- Ardéchois Coeur Fidèle (1974), réal. Jean-Pierre Gallo, ORTF.

Le compagnonnage ne fait pas de nos jours l’objet d’un risque existentiel important. Il semble même qu’il y ait depuis une dizaine d’années un regain d’intérêt pour la formation compagnonnique même si les communautés déplorent le fait que de plus en plus de jeunes quittent de façon précoce la formule et n’achèvent donc pas leur parcours. Cependant, une menace s’affirme qui remet en question le sens et la fonction du compagnonnage. Le fait que les compagnons, dans une perspective cataclysmique, soient perçus comme des "derniers" a tendance à les "ringardiser". Mais le risque le plus important est tapi dans certains discours qui, se pensant mieux informés, font du compagnonnage au mieux un avatar artisanal et dégradé de la franc-maçonnerie (ce que la formule compagnonnique n’est fondamentalement pas en dépit de "résonances" de surface), au pire une secte qui ne s’avoue pas.
Aussi, les efforts réalisés par les compagnons, avec ou sans l’appui de l’État, méritent incontestablement d’être complétés par un certain nombre de mesures permettant aux compagnons d’être identifiés de façon plus exacte qu’ils ne le sont à l’heure actuelle. Ces mesures pourraient opérées selon trois types d’action : donner un écho plus large à ce qui, d’ores et déjà, rend visible la formule compagnonnique ; valoriser les recherches en cours et à venir sur le compagnonnage ; encourager et soutenir des projets de documentation et de connaissance sur les communautés compagnonniques que ceux-ci soient le fait des compagnons eux-mêmes ou d’acteurs extérieurs à l’institution (étudiants et chercheurs notamment).

En effet, il paraît nécessaire d’encourager et de soutenir des projets de documentation et de recherche visant à approfondir et à diffuser la connaissance du compagnonnage. Ceci peut se faire de diverses manières : par le biais d’appels d’offre proposant le financement de recherches sur la communauté compagnonnique ; par le soutien apporté à la tenue de rencontres permettant d’approfondir (journées d’études, colloques) ou de diffuser (conférences à destination du grand public) les connaissances en matière de compagnonnage. Il y a d’ailleurs quelque urgence à ce qu’un tel effort soit fourni. En effet, dans les milieux où il résonne de manière positive et connote une très haute qualité professionnelle (le monde artisanal et ouvrier notamment), le titre de "compagnon" fait l’objet de détournements à des fins publicitaires. Il existe des compagnons "auto-proclamés". D’autre part, l’on assiste également à des phénomènes d’ésotérisation de la formule compagnonnique par des individus qui, de ce fait, vident le compagnonnage de sa fonction sociale. Sans doute, ne s’agit-il pas ici de figer la formule compagnonnique en déclarant, à un moment donné, la vérité définitive du compagnonnage : ce serait perdre de vue les enseignements de l’histoire même du mouvement. Mais cela ne doit pas empêcher de décider, dans un contexte et un milieu spécifiques, de ce qu’est le compagnonnage sans préjuger du fait que les formes de cet "être" se maintiennent dans d’autres contextes et d’autres milieux auquel cas le compagnonnage serait un tradition "morte". Et il ne l’est pas.

Personne(s) rencontrée(s)

- L’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France (AOCDTF)

- La Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment des Compagnons des Devoirs du Tour de France (FCMB)

- L’Union Compagnonnique des Devoirs Unis (UCDDU)

Localisation (région, département, municipalité)

L’espace métropolitain français

Association Ouvrière des Compagnons du Devoir Tour de France
Siège national : 82, rue de l’Hôtel-de-Ville
75004 Paris
Site web

Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment des Compagnons des Devoirs du
Tour de France
Siège national : 7, rue Petit
75019 Paris
Site web

Union Compagnonnique des Devoirs Unis
Siège national : Maison des Musiciens Italiens
15, rue Champ Lagarde
78000 Versailles
Site web

Indexation : Savoir-faire

Dates et lieu(x) de l’enquête : France (Toulouse, Paris, Tours, Sainte-Baume), 2000-2006
Date de la fiche d’inventaire : 16 mai 2009
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Nicolas Adell-Gombert
Nom du rédacteur de la fiche : Nicolas Adell-Gombert
Photographies : oui

N° d'inventaire Ministère Culture : 2009_67717_INV_PCI_FRANCE_00057
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2r6

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnonnage

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