La fabrication d'épis de faîtage en Basse-Normandie

L'épi de faîtage : savoir-faire normand

L'épi de faîtage apparaît au XIe siècle. Présent dans toute l'Europe, il était l'emblème de la noblesse, au même titre que les armoiries. C'est une sorte de totem, un signe de ralliement qui va de pair avec la girouette qui le surmonte. Au siècle de la Renaissance, les épis de faîtage vont céder le pas, au moins dans les Pays d'Auge, à des épis de terre cuite vernissés, puis à des épis émaillés et polychromés développant ainsi des formes plus élancées et des conceptions plus originales.

C'est en 1987, qu'une fabrique, "la poterie du Mesnil de Bavent", décide de prolonger la vie de la "Tuilerie Normande", créée en 1842, sa spécialité étant la fabrication de tuiles.
Dans cette entreprise, le nombre total de personnes actuellement occupées est de sept, dont trois estampeurs, un potier et  un émailleur.
Il existe moins de 10 ateliers de poterie dans la région Basse-Normandie qui réalisent des épis de faîtage. Ils sont généralement en grès, qui est un matériau moins noble que la faïence.

La production d'épis de faîtage nécessite neuf étapes :

  • Le moulage : pour réaliser un objet en faïence, il est nécessaire d'avoir une sculpture fabriquée au préalable. Celle-ci est ensuite moulée dans un plâtre pour en faire un moule. Plus la forme de l'épi est complexe à réaliser, plus le nombre de moules est important. Il y a des moules composés de vingt à trente morceaux. L'innovation est possible mais cela demande de l'expérience, de la part du potier ;
  • L'estampage : les moules en plâtre doivent être remplis minutieusement avec de la terre. En effet, le moindre espace vide entre le moule et le plâtre fragiliserait l'épi. Chaque moule est composé au minimum de deux pièces qui, une fois estampées, sont assemblées ;
  • Le séchage : l'épi doit ensuite sécher. Selon le modèle, le temps de séchage peut varier de quelques heures à plusieurs jours ;
  • Le démoulage : le démoulage n'est possible, qu'une fois les objets suffisamment secs ;
  • La finition : la forme de l'épi doit être épurée et toutes traces éventuelles de terre, présentes dans le moule, doivent être effacées. Cela peut durer de quelques minutes à quelques heures ;
  • L'engobage : cette étape consiste à recouvrir l'objet moulé d'une terre blanche, pour pouvoir, par la suite, l'émailler et lui donner un aspect permettant d'obtenir des couleurs aussi réalistes que possible ;
  • La cuisson : elle a lieu toutes les quatre semaines, environ. Elle n'est possible qu'à partir du moment où le four est plein. Il faut un jour à un jour et demi pour le remplir. Une fois rempli, le four est mis en route pour 34 heures de cuisson : les premières 24 heures, la température monte de 20 °C à l'heure. Les dix heures suivantes, la température monte de 70 °C à l'heure. Le four atteint donc une température maximale de 1 180 °C. À la fin de la cuisson, les pièces sont maintenues à l'intérieur, le temps de refroidir. Le four ne doit en aucun cas être ouvert brusquement sous peine de provoquer un choc thermique et la cassure des pièces ;
  • L'émaillage : ce travail est réalisé au pinceau et à la louche, parfois au pistolet. La couleur se révélant seulement après cuisson, il est donc nécessaire de la prévoir lors de la phase de création de la pièce ;
  • La cuisson des pièces émaillées : l'émail est une poudre de verre qui se vitrifie lors de la cuisson et devient brillante, assurant l'étanchéité de la réalisation. La cuisson des pièces émaillées a lieu une fois par semaine, à une température d'environ 980 °C
  • Terre : la poterie dispose d’un fournisseur en Allemagne, qui leur fournit un produit correspondant à leurs attentes pour ses qualités techniques, et sa résistance au gel.
  • Yeux : un fournisseur du Sud de la France.
  • Emaux : la poterie dispose d’une palette d’environ 250 couleurs. 
  • Outillage : gabarits pour le potier et petit outillage pour les estampeuses.
  • Moules : l’entreprise dispose de plus de 1500 moules en plâtre, de nouveaux moules peuvent être fabriqués selon le besoin de l’entreprise. 
  • Planches cotées représentant les pièces d’épis de faîtage : Ces planches sont dessinées et cotées afin de permettre au potier de tourner les pièces constituant un épi.
  • Machines : Tour à poterie, four à biscuit, four à émail.
  • Épis de faîtage pour décorations intérieures et extérieures.
  • Tuiles, très rarement, à la demande. (Fourchette de prix des produits réalisés: de 36 euros à 1400 euros pour des épis de faîtage de grosse taille)

La poterie du Mesnil de Bavent est installée sur un terrain de 15000m2, sur la route de Caen à Cabourg. L’entreprise est constituée d’un ensemble de constructions datant de 1842, date de création de la première entreprise installée sur ce site. Cet ensemble est construit dans le plus pur style traditionnel, ce qui est au quotidien un outil de travail, reflet vivant du catalogue de la poterie, montrant un savoir-faire vieux de 164 ans que l’entreprise peut toujours reproduire:
« Entrer dans la Poterie du Mesnil de Bavent c’est rentrer dans le monde des potiers comme il existait des siècles auparavant, un lieu magique propice à la promenade et à la découverte historique. Les bâtiments de plus d’un siècle et demi abritent des artisans dont les méthodes de travail sont toujours les mêmes »

  • La formation pour la poterie est impossible car ils n’en ont pas les moyens. Dans 10 ans ils n’auront plus de main d’œuvre et ils seront obligés de fermer.  
  • A l’estampage il n’y a pas de formation en France et le métier du modeleur est très difficile à maîtriser. Ainsi, la formation et la transmission des savoir-faire est un problème grave pour la poterie, mais pour lequel ils n’ont pas encore trouvé une solution appropriée. 

L’Épi de faîtage peut être vu dans de nombreuses régions de France, mais en Normandie pratiquement chaque maison en possède un ou deux.
C’est un élément décoratif qui n’a d’autre signification que de montrer le goût du propriétaire. Au Moyen-âge, l’épi de faîtage sur les bâtiments modestes faisait office d’enseigne publicitaire.  
L’histoire de l’épi de faîtage remonte au XIe siècle. Jusqu’au XVe siècle, l’épi de faîtage en plomb, présent dans toute l’Europe, est l’emblème de la noblesse, au même titre que les armoiries : c’est une sorte de totem, un signe de ralliement qui va de pair avec la girouette qui le surmonte.
Au siècle de la Renaissance, les épis de faîtage vont céder le pas, au moins dans les Pays d’Auge, à des épis en terre cuite vernissée, puis à des épis émaillés et polychromés développant ainsi des formes plus élancées et des conceptions plus originales. Cette évolution est rendue possible par le développement des manufactures du Pré d’Auge, qui produisent des céramiques de toute nature. Les épis de faîtage servent à protéger et à décorer les angles des toits charpentés.   Pendant une longue période, il y eut jusqu’à 32 poteries en Basse Normandie.
Aujourd’hui il ne reste qu’une dizaine de poteries qui perpétuent cette tradition. La poterie du Mesnil de Bavent est la seule à réaliser des épis de faîtage en faïence.  La poterie est issue de la Tuilerie Normande, entreprise créée en 1842, qui avait relancé la production d’épis de faîtage au XIXe siècle. La Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans l’activité de l’entreprise qui se met à faire, en parallèle, la fabrication de tuiles et de briques en terre cuite.

Vers les années 70, l’activité artistique de la Tuilerie Normande est laissée de coté au profit des briques et des tuiles. En 1987, la Tuilerie Normande est vendue à une entreprise qui s’intéresse uniquement à la fabrication de tuiles et briques.
Dominique Kai-Mouat, formée dans les ateliers poterie de la Tuilerie Normande, crée à ce moment la poterie du Mesnil de Bavent pour perpétuer la production d’épis et d’animaux en terre cuite.

La poterie travaille en collaboration avec d’autres potiers céramistes et leurs fournisseurs d’émail dans le but de pouvoir améliorer leurs couleurs, obtenir les effets souhaités et trouver de nouveaux produits respectant les normes sur la toxicité. L’entreprise fait aussi des essais de porosité sur les terres utilisées pour en améliorer la non gélivité. Il y a un travail de recherche qui est fait régulièrement pour faire évoluer les produits en fonction des attentes des clients.

  • Boutique – vente directe des pièces dans l’entreprise
  • Site internet
  • Plaquette avec l’histoire de l’entreprise
  • Visites guidées de l’entreprise (entre 10.000 et 15.000 visiteurs par an)

La Poterie est dépositaire d’une grande collection de moules, rachetée aux potiers de la région  lors de leur cessation d’activités.
Quelques ouvrages y sont donc consacrés :

  • 15 octobre 2006 – 30 juin 1987 : "Recherche historique et patrimoniale sur les tuileries et les briqueteries du Calvados, association Histoire et Patrimoine Industriels en Basse-Normandie", Caen. Dans le cadre de cette étude générale, un dossier monographique sur la poterie du Mesnil de Bavent a été réalisé. 
  • 1er novembre 1990 – janvier 1991 : "Inventaire des éléments architecturaux fabriqués à la poterie de Bavent, association Histoire et Patrimoine Industriels en Basse-Normandie", Caen. 
  • 16 septembre – 15 décembre 1991 : "Inventaire des éléments architecturaux fabriqués à la poterie de Bavent (suite de l’opération d’inventaire), association Histoire et Patrimoine Industriels en Basse-Normandie", Caen. 
  • 1er mai – 20 juillet 1993 et 21 août – 30 septembre 1993 : "Étude sur les épis de faîtage bas-normands (XVIe - XXe siècles)", association Histoire et Patrimoine Industriels en Basse-Normandie, Caen.

Personne(s) rencontrée(s)

-Dominique Kay-Mouat,gérante de la Poterie du Mesnil de Bavent.

Localisation (région, département, municipalité)

-Normandie, Calvados, Bavent

Coordonnées de l'entreprise

Adresse : Le Mesnil
Ville : Bavent
Code postal : 14860
Téléphone : 02 31 84 82 41
Fax : 02 31 78 89 63 
Adresse de courriel : poterie@poterie-bavent.com
Site Web : www.poterie-bavent.com

 

Dates et lieu(x) de l’enquête : 12 décembre 2008.
Date de la fiche d’inventaire : 12 décembre 2008.
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Francesca Cominelli.
Nom du rédacteur de la fiche : Francesca Cominelli.

N° d'inventaire Ministère Culture : 2008_67717_INV_PCI_FRANCE_00005
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2nq

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/epi_de_faitage

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