Patronne du Mexique et de l’Amérique latine, la vierge de Guadalupe a été considérée comme une "représentation collective" de la société mexicaine.

Cette célébration commémore l’apparition de la vierge à Saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin, en 1531 au Mexique. Patronne du Mexique et de l’Amérique latine, la vierge de Guadalupe a été considérée comme une "représentation collective" de la société mexicaine (WOLF Eric R., 1958. "The Virgin of Guadalupe: A Mexican National Symbol", in The Journal of American Folklore, vol. 71, n° 279, Jan. - Mar. 1958 : 34-39). Elle a été l’emblème des troupes mexicaines dans la guerre d’Indépendance contre l’Espagne ainsi que des zapatistes durant la Révolution. Au Mexique, ainsi que dans la diaspora mexicaine en France, son image jouit d’une énorme popularité : elle se trouve dans les maisons privées, dans les églises, les commerces, les restaurants, les taxis et transports en commun.
Le 12 décembre (ou un jour proche selon les disponibilités de la cathédrale de Notre-Dame), lorsque près de deux millions de personnes se rendent en pèlerinage à la basilique de Guadalupe sur la colline du Tepeyac au Mexique, des groupes des fidèles de la vierge de Guadalupe issus de la diaspora mexicaine en France se ressemblent à Notre-Dame de Paris.
La célébration dans la cathédrale Notre-Dame réunit de nombreux membres non seulement de la communauté mexicaine mais plus largement latino-américaine. Pour cette occasion ils arrivent non seulement de l’Ile-de-France mais aussi des autres pays européens (Belgique, Suisse, Allemagne, Hollande). Ils peuvent demander que la mémoire de leurs parents récemment décédés soit évoquée en considérant que c’est une façon de partager leur deuil avec les autres membres de la diaspora mexicaine et latino-américaine de Paris. Les participants à cette cérémonie ne sont pas uniquement mexicains ou latino-américains mais aussi français ainsi que d’autres nationalités (Suédois, Américains, etc.) attirées non seulement par la dimension proprement religieuse de la cérémonie mais aussi par l’atmosphère de la fête.

La messe, célébrée en français et en espagnol, est normalement présidée par le recteur de Notre-Dame et par un religieux mexicain. Sandra Lupercio contacte tous les ans des pères mexicains pour concélébrer la messe avec le recteur de Notre-Dame. Des religieux d’origine latino-américaine ainsi que des prêtres français qui ont vécu au Mexique sont également invités à participer à la cérémonie. Cette présence est censée "garder la dimension identitaire de l’événement" tout en assurant une "ouverture universelle" garantie par la présence des religieux français et des participants internationaux.
Un ensemble des musiciens mexicains (mariachi) intervient à quelques moments de la célébration ; la plupart de ces musiciens résident en région parisienne mais ils peuvent parfois venir de Belgique ou de Suisse pour compléter le groupe. L’hymne à la vierge de Guadalupe (La Guadalupana) est chanté à plusieurs reprises :

"Desde el cielo, una hermosa mañana,
desde el cielo, una hermosa mañana,
la Guadalupana, la Guadalupana,
la Guadalupana, bajó al Tepeyac.

Suplicante juntaba sus manos,
suplicante juntaba sus manos,
y eran mexicanos, y eran mexicanos,
y eran mexicanos, su traje y su faz.

Su llegada llenó de alegría,
su llegada llenó de alegría,
de luz y armonía, de luz y armonía,
de luz y armonía, todo el Anáhuac.

Junto al monte pasaba Juan Diego,
junto al monte pasaba Juan Diego,
y acercóse luego, y acercose luego,
y acercose luego, al oír cantar.

A Juan Diego la Virgen le dijo,
a Juan Diego la Virgen le dijo,
este cerro elijo, este cerro elijo,
este cerro elijo, para hacer mi altar.

Y en la tilma entre rosas pintada,
y en la tilma entre rosas pintada,
su imagen amada, su imagen amada,
su imagen amada, se dignó dejar.

Desde entonces para el mexicano,
desde entonces para el mexicano,
ser guadalupano, ser gudalupano,
ser guadalupano, es algo esencial.

En sus penas se postra de hinojos,
en sus penas se postra de hinojos,
y eleva sus ojos, y eleva sus ojos,
y eleva sus ojos, hacia el Tepeyac."

À l’issue de la cérémonie, les musiciens et les fidèles se rassemblent devant la chapelle de Notre-Dame de Guadalupe. Une bénédiction est alors donnée aux participants et le mariachi accompagne quelques chants : la Guadalupana ainsi que d’autres chants populaires mexicains (Cielito lindo, Virgen ranchera, Las Mañanitas). À l’extérieur de la cathédrale, sur le parvis de Notre-Dame, les musiciens et les participants à la messe continuent à chanter des chants populaires mexicains pendant une vingtaine de minutes (Mexico Lindo y Querido, El Rey, El Son de la Negra). Des tamales préparées à la maison sont vendus par des femmes qui s’organisent de façon spontanée reproduisant ainsi l’atmosphère du Mexique, où l’on trouve des vendeurs ambulants de tamales à l’extérieur des églises.
Pour les participants à cette célébration, la composante strictement religieuse de cet événement n’est pas son aspect le plus important. Considérée par les acteurs mêmes de la fête comme "très liée à l’inconscient collectif des Mexicains", la vierge de Guadalupe est surtout un symbole identitaire. La fête de Nuestra Señora de Guadalupe est alors regardée surtout comme "une vitrine des traditions et de la culture très profonde du Mexique". On assiste donc à la messe surtout pour affirmer son identité mexicaine ou latino-américaine.

La Chapelle de Notre-Dame de Guadalupe est située dans le bas-côté nord de Notre-Dame de Paris. Sur le mur, une mosaïque représente la vierge de Guadalupe. Des bougies sont allumées par les fidèles. Un drapeau mexicain est mis à côté de l’autel. Aucun panneau explicatif ne donne d’informations sur les raisons pour lesquelles une chapelle dans Notre-Dame de Paris est consacrée à la vierge de Guadalupe. Selon les informations collectées par Sandra Lupercio la présence de l’image de la Guadalupana à Notre-Dame remonterait aux années 1930 lorsque la communauté mexicaine de Paris aurait offert le tableau avec l’image de la vierge. Des représentants de la communauté mexicaine de Paris auraient ensuite demandé qu’une chapelle de la cathédrale soit affectée à des célébrations à l’intention de Notre-Dame de Guadalupe.

La fête de la vierge de Guadalupe est un contexte de production d’identité par la mise en évidence, de façon exceptionnelle et collective, des symboles mexicains : l’image de la vierge, le drapeau mexicain, le mariachi, les chants populaires mexicains, la vente ambulante et la consommation des tamales. Tout comme la fête de l’indépendance du Mexique, le 15 septembre, cette manifestation permet de partager et de mettre collectivement en valeur son appartenance identitaire. Les enfants sont non seulement amenés à observer et à s’intégrer à une communauté qui prend une cohésion particulière dans ces occasions mais ils participent directement à renforcer et exhiber l’identité mexicaine : ils peuvent en effet, être habillés en costume mexicain ou porter des chemises avec l’image de la vierge de Guadalupe. Le rôle spécial joué par les enfants dans cette manifestation en fait par conséquent l’une des principales occasions non seulement de production mais aussi de transmission des symboles identitaires.

Selon la légende, en 1531, dix ans après la conquête espagnole de Tenochtitlan, la vierge Marie serait apparue à Juan Diego, un Indien converti au catholicisme. Elle se serait adressée à lui en langue nahuatl et lui aurait demandé de faire bâtir une basilique sur le lieu de l’apparition, la colline du Tepeyac.
L’apparition miraculeuse de l’image de la vierge dans la cape de Juan Diego convainquit l’évêque auquel il s’était adressé d’ériger un sanctuaire sur le lieu de l’apparition. Après plusieurs reconstructions, le sanctuaire originaire est aujourd’hui devenu une basilique qui accueille un flux constant de pèlerins.
Dans la période préhispanique, le site de ce pèlerinage était déjà un lieu de culte de la déesse Tonantzin, déesse de la terre et de la fertilité, dont la vierge de Guadalupe aurait hérité les attributs. La plupart des anthropologues et des historiens ont insisté sur la dimension syncrétique de ce culte et sur son rôle dans la révolte envers le régime colonial. L’image de la vierge de Guadalupe aurait en effet joué un rôle central dans la définition de la conscience nationale mexicaine et ce culte aurait posé les bases spirituelles du mouvement indépendantiste du XIXe siècle (WOLF Eric R., 1958. "The Virgin of Guadalupe: A Mexican National Symbol", in The Journal of American Folklore, vol. 71, n° 279, Jan. - Mar., 1958 : 34-39. / LAFAYE Jacques, 1974. Quetzalcolatl et Guadalupe. La formation de la conscience nationale au Mexique, Gallimard, Paris.).

La forme actuelle de la célébration de la vierge de Guadalupe à Paris est relativement récente. Il y a juste 20 ans, le 12 décembre, la fête de la vierge de Guadalupe était caractérisée par un rassemblement spontané devant la chapelle qui lui est consacrée dans la cathédrale de Notre-Dame. Petit à petit, à l’initiative de Sandra Lupercio, des chaises ont été réservées pour les fidèles, des images de la vierge, au début de simples photocopies, ensuite des images pieuses qu’on a fait venir du Mexique, ont été distribuées aux fidèles. Dans les années suivantes des cartons d’invitation ont été envoyés aux organismes institutionnels et associatifs liés au monde latino-américain à Paris et des musiciens ont été invités à se produire près de la chapelle, où un curé donne une bénédiction aux fidèles. Les recteurs de la cathédrale ont été sensibilisés et ils ont progressivement pris conscience de l’importance de l’évènement pour la communauté mexicaine et latino-américaine. En 2000, pour la première fois, le recteur a donné son accord pour célébrer la messe à l’autel principal et intégrer cette célébration dans la programmation des activités de la cathédrale, comme on peut le constater sur le site internet de Notre-Dame. Suite à la diffusion de l’évènement (invitations, affiches, communiqué de presse) les participants sont progressivement passés d’à peu près 80 à environ 800.

Actions de valorisation :
La célébration de la vierge de Guadalupe à Notre-Dame est candidate à l’obtention du label "2011 Mexique en France" de la part du Commissariat général français de l'Année du Mexique, pour être ainsi incluse dans les manifestations de la programmation à laquelle elle donne lieu.

Diffusion :
À l’origine de la valorisation de cette manifestation est Sandra Lupercio, qui, il y a vingt ans, a commencé à faire la communication et la diffusion de l’événement. Aujourd’hui, de nombreux médias, surtout mexicains mais aussi français, suivent cette célébration : des articles sont publiés dans la presse et des reportages sont réalisés pour la radio ou à la télévision.
Les communiqués de presse ainsi que les informations relatives à cette célébration sont publiés sur le site .

- LAFAYE Jacques, 1974. Quetzalcolatl et Guadalupe. La formation de la conscience nationale au Mexique, Gallimard, Paris.

- TAYLOR William B., 1987. "The Virgin of Guadalupe in New Spain: An Inquiry into the Social History of Marian Devotion in American Ethnologist", in Frontiers of Christian Evangelism, vol. 14, n° 1, Feb., 1987 : 9-33.

- WOLF Eric R., 1958. "The Virgin of Guadalupe: A Mexican National Symbol", in The Journal of American Folklore, vol. 71, n° 279, Jan. - Mar., 1958 : 34-39.

Aucune mesure de sauvegarde n’est prévue. Pour les entreprises privées ou les associations contactées par Sandra Lupercio, la dimension religieuse de la fête rendrait difficile leur soutien à l’organisation de la manifestation.

Personne(s) rencontrée(s)

Sandra Lupercio, d’origine mexicaine, vit à Paris depuis 22 ans. Professionnelle dans le domaine de la communication, depuis 20 ans elle met bénévolement ses compétences au service de l’organisation de la cérémonie en honneur de la vierge de Guadalupe.

Localisation (région, département, municipalité)

Paris, Cathédrale Notre-Dame de Paris

Adresse : 6 Parvis Notre-Dame - Place Jean-Paul II
Ville : Paris
Code postal : 75004

Téléphone : +33 (0)1 42 34 56 10

Adresse de courriel : slupercio@notredamedeguadalupe.org
Sites Web : Notre Dame de Guadalupe / Notre Dame de Paris

Indexation : 1934 (pratique religieuse)

Dates et lieu(x) de l’enquête : Paris, 2007-2010
Date de la fiche d’inventaire : 7 décembre 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Chiara Bortolotto
Nom du rédacteur de la fiche : Chiara Bortolotto

Supports vidéo
Fête de Notre Dame de Guadalupe à Notre Dame de Paris 8' 54''

Photographies
Trois

Commentaires
La fiche a été validée par la "personne rencontrée".

N° d'inventaire Ministère Culture : 2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00081
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk21w

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_de_Guadalupe

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