Procession des "soufflaculs" à travers la ville, jugement et crémation de Carnaval.

Rituel de circulation des souffles pour faire venir le printemps.

Ce carnaval mêle des éléments de carnaval classique avec son défilé, la déambulation des personnages et de l’effigie de Bufador (le souffleur en occitan) qui sera ensuite jugé et brûlé sur la place du foirail.

Ce carnaval mêle des éléments de carnaval classique avec son défilé, la déambulation des personnages et de l’effigie de Bufador (le souffleur en occitan) qui sera ensuite jugé et brûlé sur la place du foirail. Ce Bufador s’appelait "Petaçon" (Pétassou), comme ailleurs en Périgord, jusque dans les années 1990. Parmi les personnages récurrents on trouve : un faux curé ; des faux mariés ; des vieilles ; la Vieille Barreta (la vieille bouchée, personnage mythique représenté dans la chanson des Soufflaculs et par une sculpture géante sur l’une des places de la ville) ; des travestis ; des fous (voir plus loin) ; le roi fainéant sur son char appelé Dagobert 1er ; deux gendarmes encadrant Bufador et le guidant jusqu’à son jugement ; l’avocat ; le procureur ; de faux pompiers ; un soufflet–char qui souffle des confettis ; des bébés ; des moines ; des bandas ; des fanfares…

Sur cette trame se greffé le rituel des Soufflaculs, habillés – comme dans d’autres régions – en blanc (bonnet blanc, chemise et caleçons), le visage blanchi par de la farine ou du maquillage. Ils portent chacun un soufflet. Un personnage en frac et chapeau haut de forme (depuis le début du XXe siècle), en noir, guide le rituel et le devance avec un sifflet. L’évolution des Soufflaculs s’exécute en huit mouvements : 1) s’accroupir 2) souffler au cul de celui qui précède 3) se relever 4) se retourner en faisant tourner le soufflet au niveau du visage 5) s’accroupir 6) souffler au cul de celui qui suit 7) se relever 8) reprendre la marche.

Dès qu’ils le peuvent, les Soufflaculs s’échappent du cortège et vont souffler sous les jupes des femmes. Bufador passe son temps à s’échapper des mains des gendarmes pour embrasser toutes les femmes. Le chant de ralliement est répété à plusieurs endroits : "nous sommes tous enfants de la même famille, notre père était fabricant de soufflet, etc" (voir documentation écrite).
Le samedi en fin de journée, les Fous, qui existent depuis peu (à partir de 2000 environ), avec des masques à grand nez pointu, rouges, et vêtus de blanc comme les Soufflaculs, une religieuse, des moines, se promènent dans la ville et commettent des farces ; ils s’introduisent chez les habitants et
se font servir à boire. Ils tiennent une grande échelle qu’ils utilisent pour monter aux fenêtres et utilisent un système de montée et de descente du vin avec une perche. Cette confrérie informelle des Fous a parfois maille à partir avec les pouvoirs publics du fait de leurs interventions burlesques qui ne sont pas forcément comprises. Le samedi soir, à la salle des fêtes, un grand banquet est organisé, avec un orchestre (chansons françaises, anglo-saxonnes) et des jeux collectifs, l’élection de miss Soufflacul, un bal. Le menu est carnavalesque et la cuisine est préparée et servie par les membres et les sympathisants des Soufflaculs.

Le lendemain, tout le monde se réunit à la salle des fêtes à 14 heures : le cortège et tous les participants s’ébranlent et déambulent dans les rues principales avec des arrêts sur les places pour une présentation du rituel et des personnages du thème choisi. Sur la place de la mairie, les Soufflaculs s’installent sur les marches devant le public et a lieu l’intronisation des élus comme membres de la Confrérie de la Sardine Valeureuse (une série de sardines séchées et puantes qui sont suspendues sur un cercle décoré). Puis, la dernière étape : le jugement et la crémation de Bufador.
Une chanson , sur l’air d’une buffatière répandue dans le sud de la France, raconte les démêlés d’un Soufflacul avec la Vieille Barreta.

Chars du roi du carnaval et de Buffador ; bandas et fanfares, Soufflaculs, chars divers (les pompiers, un soufflet géant qui crache des confettis, masques, banquet salle des fêtes, bûcher, estrade…

Nontron, la ville, ses rues, ses boulevards, ses places et les lieux privés-publics (cafés-bars).

Par immersion et répétition : sur le tas par imitation du rituel et par initiation des plus anciens, parfois par apprentissage dans les familles.

Carnaval ancien des types de fêtes du sud (Languedoc, Périgord, Provence, Catalogne), la musique des Soufflaculs est la même que celle du tio-tio de Catalogne, connue aussi à Pézenas. Ce rituel existe déjà au Moyen Âge. Perpétué dans la mémoire nontronaise depuis le XIXe siècle. Il a subi une première interruption dans les années cinquante, a été repris en 1969, puis de manière définitive depuis 1979. Évolution stable, avec le choix d’un thème ces dernières années.
Les Soufflaculs du carnaval de Nontron sont l'un des éléments de l'ensemble rituel de Carnaval, s'inscrivant dans la longue tradition européenne identifiée au moins depuis le Moyen Âge, attestée en Périgord sous diverses formes dès le XIVe siècle.
La forme particulière dite des soufflaculs qu'il prend ici, appartient à un ensemble de pratiques autrefois répandues avant 1945 dans 16 départements du territoire métropolitain, présentant une grande densité dans l'extrême sud de la France languedocien et provençal, (cartographié par Van Gennep) ; pratiques résiduelles aujourd'hui dans une trentaine de villages de villages de l'Hérault.
La documentation écrite est rare pour le XIXe siècle. Elle permet toutefois de constater que carnaval et Soufflaculs sont déjà très anciens à Nontron en 1850. Elle souligne par ailleurs une certaine variabilité de la densité de la pratique collective.

Ce carnaval, tombé en désuétude dans les années cinquante, fut relancé en 1979 (après une première tentative avortée en 1968) sous l’impulsion notamment de Michel Meyleu, qui l’avait connu dans son enfance. Depuis, il ne s’est interrompu que trois années pour diverses raisons. La date a été déplacée de la période carnavalesque traditionnelle (Mardi Gras/Mercredi des Cendres) au premier dimanche d’avril. D’autre part, l’accent a été mis sur un groupe, celui des Soufflaculs, qui, au début du siècle, n’était qu’un élément parmi d’autres du carnaval et qui ne sortait que le dernier jour, le Mercredi des Cendres. Un "historique" officiel a été demandé à deux érudits locaux, Mrs Thibaud et Le Cam, qui marque la spécificité de Nontron et son origine mythique : les Soufflaculs, d’après cet historique qui circule encore aujourd’hui, n’existeraient encore qu’à Nontron et Saint Claude dans le Jura (les Soufflaculs languedociens, provençaux et catalans sont ignorés, même si la reconnaissance d’autres filiations commencent à se dégager ces dernières années). Une autre version dit aussi "historique" fait ramener la tradition des Soufflaculs du Mexique par des soldats de l’expédition de Napoléon III. Cette origine exotique présentée comme réelle est toutefois typiquement carnavalesque et se retrouve à Binche avec le groupe des Incas ou à Arles-sur-Tech avec le personnage du "trappeur", chef de la chasse à l’ours qui affirmait dans les années 1930 venir de la "Pampa". Au départ, la renaissance de ce carnaval s’est appuyée comme souvent dans le Sud sur l’équipe de Rugby local. Puis il y a eu la création de la confrérie. Des dissensions ont fait apparaître des différences de conception et d’idéologie du carnaval entre certains membres et la municipalité ; les fous ont interrompu un temps leur rituel. Peu à peu est apparu le thème, qui n’a pas de sens pour le carnaval et qui est hérité d’une conception moderne de la fête. Le respect du rituel s’émousse.

- Publicité sur le plan cantonal et départemental

- Voyages des Soufflaculs dans d’autres villes pour représenter Nontron ou participer à d’autres carnavals

- Action touristique : Inscription des Soufflaculs dans le patrimoine culturel de Nontron, invitation de groupes (musiciens, chanteurs)

- Invitation d’étrangers au carnaval de Nontron

- Films touristiques et ethnographiques

- Nombreuses émissions de télévision, presse écrite

- Films touristiques

- Enquête DDASS / Musée d'Aquitaine Josy Chapoulie, Philippe Gardy, Alberto Puig en 1981

- MAGNE Christian, 1992. Le Carnaval en Périgord, édition PLB.

- Films ethnographiques

Personne(s) rencontrée(s)

Membres et anciens de la compagnie des soufflets de Nontron : Michel Meyleu, refondateur des Soufflaculs de Nontron, ancien président de l'association ; Gérard Baylet (trésorier) de l’association "la compagnie nontronaise des soufflets" ; Jean-Luc Laville, ancien animateur du carnaval ; Jean-Louis Dumontet, actuel président de l’association ; Gilbert Cibert, un des co-fondateurs des Soufflaculs de 1979 ; Patrice Cibert, Soufflacul ; Olivier Lastere, membre de la confrérie des fous des Soufflaculs.

Localisation (région, département, municipalité)

Aquitaine, Dordogne, Nontron

Jean-Louis Dumontet, Compagnie Nontronaise des Soufflaculs, 24300, Nontron
Téléphone : 0553561190

Michel Meyleu, Rue Croisette, 24330, Nontron
Téléphone : 0553561078

Indexation : 112417

Dates et lieu(x) de l’enquête : Nontron les 26-27 avril 2008 ; 07 janvier 2009 ; 17-18 avril 2010
Date de la fiche d’inventaire : 5 juillet 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Marie Hirigoyen, Christine Escarmant-Pauvert
Nom du rédacteur de la fiche : Christine Escarmant-Pauvert – Mission Institut Occitan 2008-2010

N° d'inventaire Ministère Culture :  2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00094
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk21c

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Soufflaculs_de_Nontron

Generated from Wikidata